L’adieu du génie incompris Juan Roman Riquelme

Par Alexandre Pauwels
3 min.
Argentinos Juniors @Maxppp

Ce lundi, Juan Roman Riquelme a annoncé qu’il raccrochait les crampons. Souvent présenté comme le dernier des numéros 10, l’Argentin laisse derrière lui l’image d’un footballeur fantastique, mais aussi celle d’une carrière inaboutie.

« C'est un jour important car j'ai pris la décision d'arrêter le football. J'ai adoré jouer au football. J'espère que ceux qui l'ont fait à côté de moi, aussi. J'ai essayé de passer un maximum de bons moments, de tout donner pour les supporters de Boca, de l'Argentine, de Villarreal et du Barça. J'ai profité de chaque instant où j'ai pu jouer au foot. Jouer au ballon est la plus belle chose qui soit. » C’est par ses mots, que Juan Roman Riquelme a aujourd’hui annoncé sa retraite. À 36 ans et après deux décennies de football professionnel, le milieu offensif argentin laisse une drôle d’impression à l’amateur de ballon rond : l’image d’un joueur fantastique, mais aussi celle d’une carrière en deçà de ses capacités. Génie incompris, alors ? Il y a de cela.

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Incompréhension, ou plutôt paradoxe. Riquelme était de ceux qui faisaient le jeu de leurs équipes, mais qui dans le même temps, pouvait être décrit comme individualiste. Parce que Riquelme était un numéro 10. Pas question de flocage, non, mais de cette race de joueur à part, qui dicte le tempo tête haute et distille les caviars, dont il vient peut-être d’officialiser l’extinction. Riquelme était un intermittent du spectacle, sans doute la raison pour laquelle il n’a pas eu la carrière, ou tout du moins la reconnaissance mondiale résultant d’un passage convaincant sur le Vieux continent, que son talent méritait.

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Le meilleur... avec la balle

Parce que s’il est considéré comme une légende à Boca, avec lequel il a joué son meilleur football et glané 9 titres en trois passages, et qu’il a bouclé la boucle en offrant une promotion à son premier et dernier club Argentinos Juniors, le milieu a échoué en Europe. Surtout au Barça, où il avait débarqué contre son gré – les dirigeants xeneize l’avaient vendu pour renflouer leurs caisses – en 2002. « van Gaal m’a dit que j’étais le meilleur du monde quand on avait la balle mais qu’on jouait à 10 quand on ne l’avait plus », synthétisera le joueur, qui, d’un naturel nonchalant, n’était pas du genre à satisfaire les requêtes défensives du coach batave alors en place. Ou ne seraient-ce les efforts réclamés par un football en voie de modernisation.

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Alors certes, Riquelme fut plus convaincant dans son deuxième club espagnol Villarreal. Mais l’idylle au sous-marin jaune fut marquée par ce pénalty lamentablement manqué lors d’une demie retour de Ligue des Champions contre Arsenal en 2006. Aurait-il trouvé la réussite européenne s’il avait rallié Manchester United, selon son souhait, la saison suivante ? Difficile de le croire. Mais qu’importe, pourrait-il répondre lui-même. Son rôle de numéro 10 intermittent, toucher le cuir, voilà tout ce qui importait Juan Roman Riquelme. « Numéro 10, c’est une responsabilité magnifique. Parce que c'est ce que les gens viennent voir. Si tu prends place dans la file des gens qui achètent leur ticket au stade et que tu leur demandes qui ils viennent voir jouer, ils vont te répondre Zidane, Iniesta, etc. Je n'ai jamais vu un hincha payer pour voir un gardien ou un défenseur central » avait-il déclaré il y a peu à So Foot. Si certains pensent que le football n'a pas compris Riquelme, on ne peut douter du contraire...

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