Entretien avec… Fabien Laurenti : « Je n’ai plus le niveau pour jouer à l’OM, mais… »

Par Fabien Borne
8 min.
Le Pontet @Maxppp

Disparu de la circulation depuis la fin de son contrat avec l'AC Arles-Avignon, l'ancien Marseillais Fabien Laurenti a signé l'été dernier à l'US Pontet, en National, après une saison blanche. De son envie de retrouver le monde professionnel à l'actualité de l'OM, son club formateur, le latéral droit passé également par l'AC Ajaccio et Lens, s'est confié pour Foot Mercato. Rencontre.

Foot Mercato : Bonjour Fabien, tout d’abord, que devenez-vous ?

Fabien Laurenti : Je me suis fait une rupture des ligaments croisés dans ma dernière année de contrat à Arles-Avignon (2011-2012, ndlr). C’était au mois de janvier 2012 et en juin j’étais en fin de contrat. Une blessure ne tombe jamais bien, mais là ça tombait vraiment mal. Ce n’est jamais évident de revenir d’une grosse blessure comme ça quand on n’a pas de structure autour de soi. Il a fallu que je me débrouille tout seul. Ça n’a pas été facile. Malgré tout, je me suis bien remis, mon genou va bien. Je n’ai pas retrouvé de club durant l’été 2012. Je me suis entraîné avec la réserve d’Arles-Avignon jusqu’en janvier 2013 et ensuite, j’ai fait deux essais qui se sont très bien passés, un à Laval et l'autre à Metz, mais on ne s’est pas entendus financièrement parce que ça devient de plus en plus compliqué pour les clubs comme pour les joueurs. J’ai donc passé une année blanche sans jouer. C’est pour ça que je me suis dit que je ne pouvais pas rester dans cette situation-là, car le football me manquait énormément et je me sentais encore très bien. À l’époque, je n’avais que 30 ans. Je me suis donc dit que quoi qu’il arrive, il fallait que je retrouve un nouveau challenge même si cela passait par la case CFA car j’avais vraiment envie de retrouver les terrains. Et en signant au Pontet au mois d’août dernier, j’ai pu justement retrouver ces sensations de groupe, d’entraînements, de matches, qui me manquaient énormément.

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FM : Et avec Arles-Avignon, l’occasion ne s’est pas présentée de poursuivre l’aventure à la fin de votre blessure ?

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FL : Dans le football, les beaux gestes sont rares, donc non. Je n’ai jamais eu de problème dans les clubs où je suis passé. Mais là, j’ai vraiment été déçu, car j’étais prêt à couper mon salaire en trois. Je voulais vraiment rester dans une structure pour ne pas être tout seul et pour pouvoir repartir du bon pied. Mais ça n’a pas été le cas, c’est comme ça, ça fait partie de la vie.

FM : Au Pontet, vous possédez quel type de contrat ?

FL : C’est un contrat fédéral tout simplement. Vu que je touche encore mon chômage, je peux jouer en CFA. En National, ce n’est pas le cas. Les clubs ne peuvent pas engager un joueur au chômage, et un joueur ne peut pas percevoir son chômage et jouer en National. C’est un peu dommage d'ailleurs, car il y a beaucoup d’anciens joueurs de Ligue 1 et de Ligue 2 qui se retrouvent le bec dans l’eau et qui ne peuvent pas jouer en National à cause de cette raison.

FM : Votre président est ambitieux et souhaite faire du Pontet le grand club du Vaucluse. Est-ce que vous souhaitez vous inscrire dans la durée ici ou le Pontet n’est qu’un moyen de retrouver une écurie de Ligue 1 ou de Ligue 2 ?

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FL : J’ai signé deux ans à l’US Pontet. Mon intention est de retrouver des sensations en CFA, mais mon but est surtout de retrouver mon vrai niveau pour pourquoi pas essayer de vivre une dernière expérience en pro. Cela passe donc par de bons matches en CFA et par retrouver ma condition physique. J’espère en tout cas qu’un club me donnera ma chance. Je viens d’avoir 31 ans, mon genou va très bien. Je me sens encore capable d’évoluer, sans prétention, en Ligue 2 où je peux rendre encore service. J’ai une expérience assez importante, j’ai une petite carrière derrière moi. Je me sens de mieux en mieux, le rythme revient bien. Je sens que je suis prêt à évoluer au-dessus. Après, ce n’est pas moi qui décide. Mais je fais tout pour retrouver mes sensations pour mettre un maximum de chances de mon côté et prouver aux clubs que je ne suis pas mort.

FM : Avez-vous eu des contacts avec d’anciens dirigeants ou d'anciens coachs récemment ?

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FL : Pas spécialement. Cet hiver, j’ai eu des contacts avec un club de National, l’Uzès Pont du Gard, mais j’ai refusé leur proposition. Sportivement, c’est compliqué pour eux (lanterne rouge de National, ndlr). Je n’avais pas envie de retomber dans ce truc du maintien féroce, car là ils sont dans une position délicate. Puis financièrement on ne s’est pas entendu. Mais c’est quand même un signe encourageant pour moi qu’un club qui joue au-dessus revienne vers moi. Ça m’encourage à continuer à travailler et à faire un maximum de bons matches pour retrouver le haut niveau.

FM : L’OM est à la recherche d’un latéral droit, est-ce que vous avez envoyé votre CV ?

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FL : Non, non, je n’ai pas envoyé mon CV (rires). J’ai eu José Anigo au téléphone pour autre chose, mais non je n’ai pas la prétention d’espérer jouer à l’OM. Je sais que je n’ai plus le niveau, il faut être lucide sur ses capacités. Moi, je sais que je n’ai plus le niveau pour évoluer dans un grand club français comme l’OM. Je resterai et je reste un grand supporter de mon club de cœur, mais je pense que ça s’arrêtera là.

FM : L’OM souhaite s’entourer d’anciens joueurs formés au club pour encadrer les jeunes de l’équipe réserve. Est-ce qu’un challenge en CFA 2 à l’OM pourrait vous intéresser ?

FL : Oui, et c’est pour ça que j’avais appelé José. C’est un truc qui me brancherait pour le futur effectivement, mais après comme me l’a dit José, ce n’est pas d’actualité, car je joue encore. Mais éventuellement dans le futur, oui, c’est un challenge qui me plairait.

FM : Que pensez-vous de son retour à la tête de l’équipe première, vous qui le connaissez bien ?

FL : José, c’est quelqu’un que j’aime beaucoup. Ça a été mon entraîneur en moins de 17 et en CFA. En CFA, on a été champions de France ensemble (en 2002, ndlr). José, c’est quelqu’un que j’apprécie, il a un franc-parler qui me plaît, il te dit ce qu’il pense. Il est très proche de ses joueurs et aime son club. Je trouve que c’est une bonne chose qu’il soit redevenu entraîneur. S’il y a quelqu’un qui connaît bien le club aujourd’hui, c’est lui. Je lui souhaite de réussir cette mission jusqu’à la fin de saison et je pense qu’après il reprendra ses fonctions de directeur sportif. Pour le moment, je pense que le président de l’OM a pris la bonne solution en interne avec lui.

FM : Comme beaucoup de joueurs formés à l’OM, vous avez dû vous exiler pour faire votre bonhomme de chemin en pro. Pensez-vous qu’aujourd’hui, comme à votre époque, l’OM ne fait pas assez confiance à ses jeunes ou plutôt que ces jeunes qui sortent du centre n’ont tout simplement pas le niveau pour s’imposer en équipe première ?

FL : C’est un peu des deux, après c’est sûr que l’OM, comme je l’ai dit, est un grand club français et ambitionne d’être un grand club européen. Quand on sort du centre de formation, il faut donc avoir un rendement très haut. Ceux qui se sont imposés après être sortis du centre de formation se comptent sur les doigts d’une main. Après voilà, l’OM a aussi laissé partir des joueurs qui ont fait une carrière exceptionnelle ailleurs comme Seydou Keita, et il y en a d’autres. L’OM ne s’appuie pas beaucoup sur ses jeunes, c’est un fait. Le pourquoi du comment, je serais incapable de le dire, je ne suis pas dans le club pour le dire, je ne suis pas à la tête du club pour savoir comment ça se passe et ce qu’il se dit. Le bon exemple à suivre, c’est Lyon. Ils ont un centre de formation très performant. En équipe première, il y a 7 ou 8 joueurs qui sortent du centre et qui jouent régulièrement. Quand il y a des problèmes financiers dans les clubs comme actuellement, c’est sur les jeunes qu’il faut s’appuyer, pour pouvoir les former et les vendre à un prix intéressant une fois qu’ils ont fait leur chemin en Ligue 1. Je sais que c’est un souhait à l’OM de le faire, mais c’est compliqué à mettre en place.

FM : Pour finir, vous comptabilisez plus de 250 matches professionnels à votre actif, quel est votre meilleur souvenir ?

FL : J’en ai plein, un peu dans chaque club. Je me souviens de ce dernier match à domicile avec l’OM face à Sedan (20 mai 2003, ndlr). On valide notre billet pour la Ligue des Champions. Le Vélodrome était plein. J’avais joué le match, on gagne 4-2. C’est un souvenir génial. Je me souviens aussi de mes bancs en Ligue des Champions. Même si je n’ai pas joué une minute, ça marque quand même. J’ai été à Madrid, face au grand Real, j’ai vu Ronaldo, Zizou. Après avec Ajaccio, je suis venu gagner ici à Marseille au Vélodrome. J’ai joué un mauvais tour à mon ancien club, mais ça reste un bon souvenir pour moi. Avec Lens, je me souviens de mon titre de champion de France en Ligue 2. Avec Brest, où j’ai joué six mois, on est remonté en Ligue 1, ce sont de bons souvenirs. Il n’y a qu’avec Arles-Avignon où je n’ai pas gardé spécialement de bons souvenirs, on a passé une année très compliquée en Ligue 1 et l’année d’après, en Ligue 2, je me suis blessé.

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