Entretien avec… Lionel Charbonnier : « Un club formateur mais ambitieux pourrait m’intéresser »

Par Khaled Karouri
5 min.
Lionel Charbonnier rêve d'un club ambitieux @Maxppp

Champion du monde 1998, Lionel Charbonnier a fait partie des 22 Bleus sacrés champions du monde. Ayant raccroché les crampons, le joueur n'en demeure pas moins proche du terrain. Pour Foot Mercato, l'ancien gardien de but revient sur l'actualité des Bleus, son parcours et sa carrière d'entraîneur.

Foot Mercato : Tout d'abord, comment allez-vous ?

Lionel Charbonnier : Je vais bien, On est rentrés de Tahiti donc tout va bien.

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FM : Vous avez connu l'équipe de France. Que pensez-vous de la liste des 30 mise en place par Raymond Domenech ?

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LC : Je trouve cette liste très cohérente. J'ai trouvé Raymond Domenech très bon dans l'exercice. C'est de bon augure pour la suite. C'est un bon démarrage en vue du Mondial.

FM : Patrick Vieira et Karim Benzema ont été écartés. Quel regard portez-vous sur cette décision ?

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LC : Ce sont ces choix et je ne pense pas que les joueurs doivent les commenter. À un moment donné, le sélectionneur doit trancher. C'est comme ça, c'est le football. Ce sont des grands joueurs qui doivent accepter cette décision. Je suis persuadé qu'ils l'accepteront et qu'ils en sortiront grandis. Ils seront, je pense, les premiers supporters de l'équipe de France.

FM : Vous avez été troisième gardien durant la Coupe du Monde 1998. Quelles sont les qualités nécessaires pour ce poste ?

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LC : Il faut beaucoup de qualités. Ce poste n'est pas une récompense. C'est vraiment un poste à part entière dans les 23. Il faut beaucoup d'abnégation, d'humilité, de professionnalisme et de compétences. Il faut avoir une âme de coach parce que le troisième gardien va aider son staff et peut servir de relais parfois. Il faut être un leader dans l'âme.

FM : Comment aviez-vous appréhendé ce rôle ?

LC : Naturellement. Je ne me suis pas pris la tête et je suis resté moi-même. Si on m'avait pris, c'est qu'on avait décelé en moi certaines de ses qualités. À partir de là, il faut rester soi-même et jouer les coups à fond à chaque fois.

FM : Qui de Cédric Carrasso ou Mickaël Landreau vous semble plus à même d'assumer ce statut ?

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LC : L'écart est minime entre les deux. Mickaël Landreau a de l'expérience et a déjà connu des déconvenues puisqu'il a dû prendre l'hélicoptère en 2008. La bonne fin de saison de Lille plaide pour lui. Et Carrasso a connu quelques blessures en cette fin de saison. Sans compter la fin de saison en queue de poisson de Bordeaux.

Une carrière évidemment marquée par France 98

FM : Vous avez participé à la belle épopée de 1998. Quel souvenir en gardez-vous ?

LC : Beaucoup de joie. Il y a eu une communion que je n'ai jamais pu retrouver avec le peuple français. C'était une aventure humaine extraordinaire. Mon plus grand souvenir, ça restera la descente sur les Champs-Elysées. Je me suis redécouvert et ça m'a permis de trouver ma philosophie de la vie.

FM : Vous parliez de communion et d'aventure humaine. C'est justement ce qui semble manquer à l'équipe de France...

LC : Oui, complètement. Mais le regroupement à Tignes est fait pour ça. J'espère que tout sera mis en œuvre par le staff technique pour créer cette aventure humaine. Mais il faut dire que nous avions des monstres à notre époque, des joueurs qui étaient les meilleurs à leurs postes. Cette année, je ne pense pas que cette équipe soit composée des meilleurs joueurs des différents championnats. Et même si on avait ces joueurs, on a gagné la Coupe du Monde parce qu'on avait un véritable groupe. Cette équipe devra être plus unie, que ce soit sur le terrain ou en dehors.

FM : Votre carrière en club a également été riche. Quels souvenirs en gardez-vous ?

LC : Je suis fier de ce que j'ai fait. Si je devais refaire ma carrière, je ne changerais rien. Je suis fier d'avoir rencontré tant de personnes. Ça m'a aidé à être la personne que je suis. C'est quelque chose d'extraordinaire. Je souhaite à tous les joueurs de foot de connaître au moins ma carrière.

FM : Vous parlez de philosophie, d'aventures humaines, plus que de titres...

LC : Toutes les médailles que j'ai pu recevoir, je ne les garde pas chez moi. Je n'ai absolument plus rien. Tout ça est chez ma famille. C'est à mes parents que ça appartient car c'est eux qui m'ont construit. J'ai juste essayé de les rendre heureux grâce à ma carrière. J'ai eu la chance d'avoir des parents et des éducateurs qui ont su veiller sur mon étoile.

Une carrière d'entraîneur toute tracée

FM : Comment avez-vous géré votre après-carrière ? On sait que ce passage est difficile pour de nombreux footballeurs.

LC : J'ai passé mes diplômes d'entraîneur tout de suite après. La FFF m'a inscrit, en compagnie de Laurent Blanc et Alain Boghossian, pour qu'on montre l'exemple. On a donc passé nos diplômes d'entraîneur. Ça fait maintenant 10 ans que j'entraîne, j'ai tout gagné dans le monde amateur. J'ai rempli tous les objectifs. Donc maintenant, en toute humilité, j'aspire à avoir un club d'élite ambitieux.

FM : Et où en êtes-vous aujourd'hui ?

LC : Je ne recherche pas plus que ça. Si des dirigeants sont intéressés, ils savent où me contacter. On m'a déjà dit que je n'avais pas suffisamment d'expérience en tant qu'entraîneur pour prendre un club de National. Ça me fait franchement rigoler. J'ai quand même qualifié Tahiti, qui est 198ème mondial, pour la Coupe du monde des moins de 20 ans. Je suis fier de ces joueurs et de mon staff qui ont su se mobiliser. Je suis fier du peuple tahitien. Je n'oublie pas non plus les joueurs que j'ai eu à mes débuts en tant qu'entraîneur. De l'expérience, j'en ai. J'ai eu aussi des groupes difficiles à gérer. Je me suis adapté au monde amateur. Maintenant, je connais quand même mieux le monde professionnel puisque j'ai eu une carrière de 18 ans.

FM : Avez-vous une préférence entre Ligue 1, Ligue 2 ou National ?

LC : Non, je n'ai pas de préférences. Je ne me prends pas pour un autre non plus. Je sais aussi qu'on vit dans un monde d'images et que mon image n'est pas celle de Laurent Blanc ou de Didier Deschamps. Je colle plus à l'image d'un club formateur puisque je suis resté 15 ans à Auxerre. Un club formateur mais ambitieux pourrait m'intéresser. Ce qui compte, c'est l'aventure humaine. C'est pour vivre et faire vivre des émotions fortes que j'ai voulu faire entraîneur.

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