Entretien avec… Marco Simone : « Le PSG est sur une autre planète »

Par Khaled Karouri
7 min.
Marco Simone dévoile son onze de rêve @Maxppp

Depuis novembre, Marco Simone est en Suisse, lui qui a pris place sur le banc de touche de Lausanne. Comment vit-il son aventure helvète, et quel regard porte-t-il sur ses deux anciens clubs, le PSG et l'AS Monaco ? Pour Foot Mercato, le technicien transalpin se livre.

**Foot Mercato : Marco, vous êtes arrivé sur le banc de touche de Lausanne en novembre dernier. Qu’est-ce qui vous a convaincu dans ce défi ?

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Marco Simone :** L'envie de reprendre une équipe. Après mon expérience à Monaco, et une saison sans avoir eu de véritables propositions intéressantes, j'ai eu cette opportunité. C'est ce qui m'a fait venir à Lausanne. Je suis dans la construction de ma carrière, je n'ai donc pas forcément regardé la situation du club, je ne me suis pas posé de questions, et j'ai choisi de venir à Lausanne.

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**FM : Depuis votre arrivée à Lausanne, quel bilan faîtes-vous ?

MS :** À mon avis, c'est positif, dans la mesure où depuis qu'on a repris l'équipe en main, il y a eu une grande progression dans les domaines tactique, technique, physique et mental. Au mois de novembre, avec 4 points en 14 matches, l'équipe peinait à marquer, à tenir un match entier. Aujourd'hui, la donne a changé, au-delà des résultats, qui ne sont pas gratifiants vu le travail effectué. Mais l'équipe a progressé, devient difficile à affronter, et peut gagner sur tous les terrains. Il y a eu une progression de ce côté, même si les résultats ne sont pas au rendez-vous, on aurait mérité d'avoir plus de points.

**FM : Dans quel état psychologique avez-vous trouvé cette équipe, qui n’avait pris que 4 petits points en 14 journées, et qu'avez-vous fait pour permettre aux joueurs de repartir de l'avant ?

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MS :** Quand on arrive dans un tel contexte, la partie mentale, psychologique, est la plus atteinte. L'équipe a souffert durant de nombreux mois, c'est donc un secteur dans lequel je suis intervenu de manière plus importante. Il a fallu redonner confiance au groupe, en donnant d'autres outils à l'équipe, une façon différente de se motiver, de s'entraîner. On ne peut pas inventer beaucoup de choses différentes, mais apporter une touche différente quand même. Je n'ai pas trop eu à intervenir sur leur comportement, car les joueurs m'ont toujours suivi.

*FM : Yannis Tafer nous disait il y a peu : « Il est franc avec les joueurs, son discours passe bien. Il a appliqué ses idées, on adhère à son système, avec lui on a le goût de l’effort »*. Un bel hommage non ?

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MS :** Quand mariage il y a, il faut que les deux parties soient en accord. J'ai dû leur faire comprendre que, pour avoir des résultats, il fallait faire des efforts, mentaux déjà, puis physiques. Le message est bien passé, tout le monde l'a bien compris. On a pris des coups psychologiques, mais l'équipe sait maintenant réagir, repartir du bon pied. Le mérite revient aussi au groupe, qui a su se mettre dans les meilleures dispositions.

**FM : Le club était dans le dur et, en dépit de bons résultats depuis votre arrivée, la situation parait fort compliquée. Le maintien est-il encore possible, alors que le club compte 6 points de retard sur le neuvième, Sion ?

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MS :** Bien sûr ! Je suis convaincu qu'il y a la place pour se maintenir. Il reste 30 points à prendre, donc on doit avoir la certitude que le maintien est possible. Je suis convaincu qu'on peut se maintenir.

**FM : Quid de votre avenir ? En cas de descente, pourriez-vous poursuivre l’aventure ?

MS :** Les discussions avec le président se sont, depuis quelques semaines, intensifiées. Je laisse la porte ouverte à Lausanne. Bien sûr, l'idéal serait de pouvoir rester en D1, et profiter du travail fait avec ce groupe jeune en y ajoutant 5-6 joueurs d'expérience. Mais ça ne me dérangerait pas de rester en D2 à Lausanne. S'il y a du positif dans le projet, le fait d'être en D1 ou en D2 m'importe peu. Ce serait dommage de ne pas profiter du travail déjà fait ici, donc pourquoi pas, la porte est ouverte.

Son regard sur le PSG et Monaco

**FM : Vous restez un observateur avisé du football en général, et de la Ligue 1. Que pensez-vous du PSG cette saison ? Le titre est-il déjà joué ?

MS :** Le titre n'est pas encore acquis tant que ce n'est pas fait mathématiquement (rires). Mais j'ai du mal à voir cette équipe être en difficulté en championnat, car elle a des ressources techniques impressionnantes. Il y a un tel écart avec les autres, même si Monaco a une bonne équipe, et même si Lille fait une bonne saison. On peut dire que le PSG est sur une autre planète. Le titre est promis au PSG, je pense qu'ils le gagneront.

**FM : Pensez-vous le PSG capable de remporter la Ligue des Champions ?

MS :** Avec ce qui a été fait la saison précédente sous Carlo Ancelotti, le PSG a acquis l'expérience nécessaire pour aller au bout. Mais je pense que les huit équipes encore en lice ont les qualités pour remporter cette Ligue des Champions. Le PSG a aussi les qualités, ça peut être une bonne année. Je suis convaincu que les joueurs et le club ont conscience de cette possibilité.

**FM : En tant qu’ancien grand attaquant du PSG, que pensez-vous de Zlatan Ibrahimovic ?

MS :** Donner un jugement sur un tel joueur, ce serait entrer dans la banalité. Comme je le dis souvent pour Maradona : Maradona n'est pas un joueur de foot, il est le foot, il représente le foot. Je pense que c'est la même chose pour Ibra, Cristiano et Messi. Ils sont le football. Ibra, c'est le football, ça résume toute ma pensée.

**FM : Qui dit Marco Simone dit aussi Monaco. Que pensez-vous du travail de Ranieri, qui vous a succédé sur le banc monégasque ?

MS :** Quand une équipe marche bien, le mérite revient à l'entraîneur. C'est un coach avec une grande expérience. Avoir l'opportunité de travailler avec un groupe de cette qualité lui rend la tâche plus intéressante, mais je ne dis pas plus facile. Il fait du très, très bon travail, et arrive aux objectifs fixés par le club pour cette saison. L'année prochaine, le but sera sûrement le titre de champion de France.

**FM : Êtes-vous surpris de voir le club déjà deuxième, et seul à pouvoir encore venir titiller le PSG ?

MS :** Oui et non. Oui, parce que c'est toujours difficile de remonter et tout de suite être parmi les premiers, surtout vu les nombreux changements de joueurs. Non, parce que l'ASM et Paris disputent un championnat à part, sans rien enlever au travail du coach, car c'est toujours difficile de gagner.

**FM : Votre départ du club en mai 2012 vous laisse-t-il quelques regrets, vous qui aviez permis à Monaco de terminer huitième de L2 après une première partie de saison difficile ?

MS :** Les regrets que j'ai, c'est notamment d'avoir repris un club en difficulté et de ne pas avoir pu continuer le travail commencé. L'objectif qui m'avait été fixé à mon arrivée était le maintien vu la situation difficile, et le fait d'avoir atteint tranquillement l'objectif me laissait l'espoir de poursuivre la saison suivante. Mais face à la réalité du foot moderne, on sait bien que certains propriétaires préfèrent avoir une visibilité sans rien gagner, plutôt que d'avoir moins de visibilité mais gagner. Chercher un coach avec plus d'expérience et de visibilité que moi était donc presque naturel.

**FM : Que pensez-vous du président Dmitri Rybolovlev ?

MS :** C'est un président avec des moyens illimités, qui fait du bon travail pour Monaco. Il n'est pas forcément connaisseur du football et de ses mécanismes, mais j'ai toujours eu un rapport franc et direct avec lui. Jusqu'au bout, au-delà de la pression que j'ai pu avoir, j'ai eu un rapport président-coach où chacun a su respecter son rôle. J'ai toujours eu la prétention d'être respecté en tant que coach. J'ai toujours avancé avec mes idées, dans un rapport sincère. Je pense que le président peut garder un souvenir clean de mon fonctionnement à Monaco.

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