Espagne : mais où sont passés les joueurs du Barça et du Real Madrid ?

Par Max Franco Sanchez
6 min.
Espagne @Maxppp

Le onze aligné par Robert Moreno samedi soir face à la Norvège ne comportait qu'un joueur du Real Madrid, un joueur du Barça et un joueur de l'Atlético. C'est même Villarreal qui est le club le plus représenté dans le groupe appelé pour cette trêve. Une situation qui fait parler en Espagne.

Alors que l'Euro 2020 approche à grands pas, l'Espagne se cherche encore un onze de gala. Quelques joueurs ont déjà sécurisé leur place, de par leurs prestations ou leur passé, à l'image de Kepa Arrizabalaga, Sergio Ramos, Jordi Alba ou Sergio Busquets. D'autres, comme Fabian Ruiz ou Rodrigo Moreno, ont aussi de grandes chances d'être titulaires puisqu'ils sont pratiquement dans toutes les compositions de Robert Moreno, alors que Dani Ceballos, Mikel Oyarzabal ou Jesus Navas ont aussi une carte à jouer puisqu'ils sont dans les petits papiers du sélectionneur national. Une équipe en chantier, où il faut trouver, entre autres, un défenseur central pour accompagner Ramos, un trio du milieu de terrain complémentaire et un numéro neuf titulaire. Et le dernier groupe appelé par l'ancien adjoint de Luis Enrique a beaucoup fait parler.

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Et pour cause, il n'y avait que deux joueurs du Real Madrid (Sergio Ramos, Dani Carvajal), un joueur du Barça (Sergio Busquets) et un joueur de l'Atlético (Saúl). À titre de comparaison, Villarreal comptait quatre joueurs dans la liste (Raul Albiol, Pau Torres, Santi Cazorla et Gerard Moreno), et il y avait plus de joueurs du Paris Saint-Germain (Juan Bernat et Pablo Sarabia) que du FC Barcelone ! Du jamais vu pratiquement, puisqu'à une époque, la Roja se nourrissait principalement des joueurs des deux géants ibériques, et sous les ordres de Vicente del Bosque on pouvait retrouver jusqu'à six ou sept joueurs blaugranas et merengues. Face à la Norvège, pour la première fois de l'histoire de l'Espagne, les onze joueurs alignés au coup d'envoi évoluaient dans onze clubs différents !

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Est-ce préoccupant pour l'Espagne ?

En Espagne, cette situation fait réagir, et la statistique citée plus haut a été à la une de tous les journaux. Curieusement, si certains s'inquiètent pour la Roja, la plupart tirent des conclusions assez positives de la fin cette omniprésence catalo-madrilène. On souligne notamment le fait qu'il y ait de plus en plus de talent national dans les autres équipes de Liga, et qu'à une époque, les joueurs en question auraient probablement dû s'en aller à l'étranger ou rejoindre les deux clubs en question à cause des problèmes financiers qu'on connu les clubs espagnols à une époque pas si lointaine. Mikel Oyarzabal, la star de la Real Sociedad, en est le meilleur exemple. À une époque, les gens se plaignaient également que des joueurs comme Marc Bartra, Nacho ou Lucas Vazquez étaient appelés juste parce qu'ils jouaient au Barça ou au Real Madrid, sans toujours avoir un rôle majeur dans leur équipe. Robert Moreno semble lui avant tout miser sur les prestations de chacun plutôt que sur le CV.

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Le fait d'avoir un noyau dur de joueurs qui évoluent dans le même club peut cependant aider au niveau de la cohésion. L'Espagne ou l'Allemagne avec le Bayern en ont été les meilleurs exemples. Mais là aussi, on ne s'inquiète pas plus que ça puisque la plupart des joueurs ont déjà évolué ensemble dans les catégories inférieures de la sélection - Moreno veut notamment s'appuyer sur ce groupe qui a remporté l'Euro Espoirs cet été - et ont connu une formation assez similaire, basée sur un tronc commun qui s'applique un peu partout dans les clubs espagnols. Lorsque l'on regarde les équipes qui ont connu le succès ces dernières années sur la scène internationale, la France en étant le meilleur exemple, on retrouve également un groupe avec des joueurs éparpillés un peu partout en Europe. Le cas du Brésil, champion d'Amérique du Sud, est aussi assez parlant à ce niveau.

Le niveau des joueurs espagnols est-il en baisse?

De l'extérieur, une question peut se poser tout de même. S'il y a moins de bons joueurs espagnols, cela veut-il dire que le niveau des joueurs du pays de Don Quichotte a baissé ? Oui et non. Forcément, le niveau individuel est moins bon qu'à l'époque de la génération dorée d'Iniesta, Xavi, Puyol, David Villa et compagnie. Il faudra attendre longtemps pour que l'Espagne, ou même qu'un autre pays, ne connaisse une nouvelle génération aussi talentueuse. Mais si on se penche sur les joueurs qui composent l'effectif, force est de constater que chacun d'entre eux est un joueur majeur d'une bonne équipe de Liga ou d'un championnat étranger. Un mélange de joueurs d'expérience et de joueurs talentueux qui ont tout pour devenir des références, même s'ils ne sont pas encore vraiment connus en dehors du territoire espagnol.

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D'ailleurs, il convient de souligner qu'à l'époque des titres glanés par les Espagnols, on retrouvait des joueurs au nom pas forcément clinquant dans les équipes. Joan Capdevila, titulaire lors du Mondial 2010 à gauche de la défense, en est un bon exemple. Le banc de touche était également souvent composé de joueurs plusieurs crans en-dessous des titulaires. De plus, il ne faut pas oublier que cette situation est circonstancielle, puisqu'il y a de nombreux joueurs blessés ou en méforme en ce moment qui devraient a priori être des éléments importants de l'équipe ou au moins prétendre à une place dans les listes. On pense à Jordi Alba (FC Barcelone), Koke, Alvaro Morata et Diego Costa (Atlético de Madrid) ou Isco et Marco Asensio (Real Madrid).

Les gros clubs espagnols semblent moins miser sur la formation

Cette absence de joueurs est en revanche symptomatique de la nouvelle ligne directrice empruntée par les géants espagnols. Du côté du FC Barcelone, les jeunes formés à La Masia ont de moins en moins d'opportunités. L'exemple Ansu Fati est l'arbre qui cache la forêt, et des joueurs qu'on a vu avec les équipes de jeunes de la Roja comme Carles Aleñá ou Riqui Puig doivent se contenter des tribunes pour le premier et de l'équipe B pour le deuxième. Chez l'ennemi madrilène, on semble désormais surtout se concentrer sur la captation de talents aux quatre coins du globe, à l'image de Rodrygo Goes, Vinicius Junior, Fede Valverde ou Martin Ødegaard, qui viennent logiquement prendre des places un temps disponibles pour les jeunes du cru.

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Les jeunes Espagnols ont donc moins d'opportunités dans leur club. Certains parviennent à se relancer à dans d'autres équipes, en Espagne ou à l'étranger. Thiago Alcantara en est un bon exemple, tout comme le défenseur Diego Llorente (parti du Real Madrid à la Real Sociedad), Sergio Reguilon (Madrilène prêté à Séville) qui vient d'être appelé pour la première fois ou Dani Ceballos. Mais d'autres peinent à voir leur carrière décoller, étant souvent forcés à faire des choix de carrière un peu forcés. On surveillera donc de près les prochaines listes de Robert Moreno, mais force est de constater que même une fois les blessés revenus, elles auront toujours aussi peu de saveur merengue et blaugrana...

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