Etienne Didot : « faire la passerelle entre le football sud-américain et la Ligue 1 est quelque chose qui m’intéresse»

Par Sébastien DENIS
10 min.
Étienne Didot @Maxppp

En pleine reconversion au sortir d'une carrière rondement menée, avec plus 460 matches de Ligue 1 au compteur, Etienne Didot a évoqué avec nous ses projets. L'ancien milieu de terrain de Rennes, Toulouse et Guingamp a un plan bien ficelé en tête. Il veut devenir agent de joueurs et faire la liaison entre l'Amérique du Sud et les clubs français. Tout un programme.

En mai dernier, Etienne Didot a raccroché les crampons après une riche carrière entamée en 2001, laissant derrière lui dix-huit années de haut niveau et 460 matches de Ligue 1 à Rennes, Toulouse et Guingamp. Milieu de terrain travailleur, il fait aujourd'hui partie du top 50 des joueurs les plus capés de l'histoire du championnat de France (46e). Viscéralement attaché à la Ligue 1, il prépare sa reconversion. Et à l’heure où la plupart se reconvertissent en consultants ou intègrent un staff technique, le natif de Paimpol a lui choisi d'endosser le rôle d’agent et de naviguer entre la France et l’Amérique du Sud, région du globe dont est originaire sa femme. De passage à Paris, où il suivait une formation à l'École des Agents de Joueurs de Football (EAJF), l’ancien international espoir tricolore nous a expliqué les raisons qui l’ont poussé à suivre cette voie peu banale.

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Foot Mercato : vous venez de raccrocher les crampons et vous voilà déjà de retour dans le monde du football. Un après-carrière loin des terrains était-il inenvisageable ?

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Etienne Didot : si, c’était envisageable. Il y aura toujours des à-cotés du foot. Mais j’ai toujours baigné dans le foot depuis ma naissance, donc je ne vois pas pourquoi j’en serais sorti parce que je raccrochais les crampons. Ça fait quelques années que je prépare l’après-carrière et les différentes éventualités. C’est pour ça que je me dirige plutôt dans la direction non pas des terrains mais plutôt de ce qu’il y a autour.

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FM : certains deviennent consultants, d’autres entraîneurs, d’autres encore optent pour la direction sportive ou le recrutement. Pourquoi partir sur une formation d’agent de joueurs ?

ED : dirigeant, directeur sportif, ce ne sont pas des choses qui me laissent indifférent, loin de là. Ce n’est pas parce que je fais cette formation d’agent que je ne prendrais pas cette direction-là. Le terrain ce n’est sans doute pas fait pour moi, même si j’ai aimé ça durant toute ma carrière. Entraîner, je ne pense pas que ce soit le chemin que je doive emprunter, après je suis en train d'élargir au maximum le champ des possibles par rapport à mes choix de vie personnelle. La formation d’agent me permet d’acquérir des notions que ne j’ai pas au niveau du droit général et du droit du sport aussi, c’est pour ça que c’était intéressant de la faire.

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FM : est-ce plus facile pour un ancien joueur de se reconvertir en tant qu'agent ou au contraire plus compliqué que pour un anonyme ?

ED : je pense que c’est plus difficile de l’obtenir en tant que joueur. Pour le droit pur et dur, pour certaines personnes c’est peut-être plus facile que pour moi. C’est vraiment du droit assez poussé dans tous les domaines que ce soit fiscal, des assurances, ou de la sécurité sociale, il y a beaucoup d’informations à digérer, mais c’est intéressant parce que c’est ça que j’étais venu chercher que ce soit pour ce travail d’agent ou pour travailler pour un club plus tard. Ce sont des notions que je n’avais pas, donc cela me permet d’acquérir beaucoup de choses.

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FM : vous avez dû entendre, voir ou même vivre de sacrées histoires avec des agents. Qu'est-ce qui vous différenciera de vos rencontres passées ? Et quelles sont les erreurs que vous ne voulez pas commettre ?

ED : ça va être des choses banales. C’est un peu comme dans la vie, si on n’est pas droit et honnête on reprend tout ça en pleine tête à un moment. Je pense que les gens qui réussissent dans ce domaine ce sont des gens qui sont droits sur le long terme, c’est ma façon de voir les choses même si c’est un peu bateau. Pour moi, il n’y a pas de secret : le travail, le travail. J’ai réussi à faire carrière dans le foot pas forcément par mon talent et par des exploits, mais plus par mon abnégation et mon envie de tout donner. Mon après-carrière sera à cette image. Si c’est un rôle auprès des clubs, je ferais mon maximum. Si c’est avec les joueurs, je le ferais aussi. Je trouve que l’intermédiation entre les deux c’est quelque chose qui pourrait me plaire. C’est pour ça que j’emmagasine au maximum pour décider dans un futur proche de ce que je vais faire.

FM : vous avez déclaré vouloir partir en Amérique du Sud pour faire la passerelle entre la France et le continent sud-américain. Pouvez-vous nous en dire plus ?

ED : c’est déjà un projet familial puisqu’on va aller s’installer en Amérique du Sud dans quelque temps. Ça fait plus d’une dizaine d’années que je suis par là-bas. J’aime beaucoup le foot et l’atmosphère qu’il y a autour, dans cette région. J’ai des connaissances sur ce football, mais aussi sur le football français. Faire la relation et la passerelle entre les deux ça pourrait être intéressant. Il y a des clubs français qui travaillent un peu avec l’Amérique du Sud, mais pas beaucoup. Et c’est vrai que pour certains clubs avoir un relais là-bas sur place ça peut être intéressant. Il y a le côté relationnel entre les clubs et le côté découverte de talents sud-américains. Exploiter ces deux aspects ici en France est quelque chose qui m'intéresse.

FM : comment comptez-vous aider les clubs français qui semblent vraiment à la traîne à ce niveau-là ?

ED : c’est dur parce qu’il y a une notion de confiance. Et quand on part sur un autre continent, c’est dur pour les clubs français de faire confiance à des gens qu’ils ne connaissent pas forcément. Moi, j’aurais la chance d’être sur place, donc c’est un avantage pour moi. J’ai l’avantage de connaître le milieu du foot, de connaître le championnat de France et ceux d’Amérique du Sud, j’ai beaucoup de notions sur ça et je suis sûr que ça peut m’aider dans le futur.

« La formation pour devenir agent est très très difficile »

FM : parlez-nous un peu de votre formation et des étapes à franchir pour devenir un agent.

ED : la formation pour devenir agent est très très difficile, c’est vraiment dur. Je pense qu’il y a eu des dérives il y a un certain temps et du coup qu'ils ne veulent plus donner la licence à n’importe qui. Et ils ont complètement raison. Moi, toutes les notions que je n’avais pas, je les retrouvais dans cette formation. C’est pour ça que j’ai voulu la faire et que je la suis assidûment. Je suis en train d’apprendre beaucoup de choses qui vont me servir dans le domaine du football, dans le domaine administratif, des contrats, dans tout un tas de domaines. Donc c’est très intéressant pour moi.

FM : quel est le profil des professeurs qui vous donnent les cours ?

ED : il n’y a pas beaucoup d’anciens agents. Ce sont pour la plupart des avocats spécialisés dans chaque domaine. C’est important d’avoir des gens qualifiés, car si j’ai baigné dans le milieu du foot il y a plein de notions que je survolais et qu’on ne comprend pas vraiment en détails. La chance qu’on a d’avoir des profs comme ça c’est qu’ils éclaircissent toutes ces données-là. Pour préparer ensuite des rendez-vous, des contrats, tout devient plus simple.

FM : est-ce que vous vous attendiez à ce que cela soit aussi dur ?

ED : on m’avait prévenu. Avant de me lancer, j’avais discuté avec l'un des responsables de l’EAJF et je m’étais renseigné pour savoir ce que comprenait cette licence et cette formation. Il m’a dit que c’était très très compliqué et j'ai trouvé ça très honnête de sa part, mais j’ai voulu la suivre parce que justement tout ce dont j’ai besoin je suis en train de l’apprendre. Après licence ou pas, là n'est pas l'important pour moi, j’avais surtout vraiment besoin d’apprendre les notions.

« Etre en Ligue 1, en profiter et critiquer, je trouve ça moyen »

FM : parlons un peu de vous. Au-delà de votre carrière de joueur, vous êtes un fervent défenseur de la Ligue 1. Cesc Fabregas ou Eric Cantona l’ont appris à leurs dépens. Est-ce important selon vous de défendre le Championnat de France ?

ED : oui, c’est important. C’est tellement facile de taper sur la Ligue 1. On sait qu’on n’a pas le meilleur championnat, tous les connaisseurs du ballon rond le savent et on sait pourquoi aussi. Financièrement ça ne peut pas suivre les autres championnats. Mais à côté de ça, une fois qu’on y est et qu’on vient manger dans l’assiette du championnat de Ligue 1, c’est qu’on a un intérêt pour y venir. Etre ici, en profiter et critiquer, je trouve ça moyen. Après de dire que ce n’est pas le meilleur championnat, il n’y a aucun souci je suis d’accord avec les gens. Mais ça ne sert à rien d'en rajouter quand on est en train d’en profiter.

FM : il faut donc se réjouir d’avoir un Neymar ou un Mbappé en Ligue 1 ?

ED : je trouve ça magnifique de les avoir. C’est une chance énorme. Après qu’il y ait des critiques, ça fait vivre, ça fait vendre, ça fait un tout. Pour moi c’est exceptionnel d’avoir ce type de joueurs en L1.

« Je n’ai pas connu beaucoup de clubs, mais beaucoup d’entraîneurs »

FM : vous avez connu de nombreux coaches durant votre carrière, lequel vous a le plus marqué ?

ED : je n’ai pas connu beaucoup de clubs, mais beaucoup d’entraîneurs (rires). C’est que ça n’allait pas tout le temps bien. Tous m’ont marqué avec quelque chose de différent. Christian Gourcuff c’était par sa notion tactique, Antoine Kombouaré par sa force de caractère, Alain Casanova c’était son abnégation, un gros travailleur. Il y en a plein, je vais sans doute en oublier. Notamment mon frère, Sylvain, que j’ai eu en coach pendant un match et qui est aujourd'hui l'entraîneur de Guingamp. Je l’ai trouvé tellement serein et tellement bon dans ce qu’il faisait, que j’étais épaté alors que c’était mon propre frère. Chaque entraîneur m’a apporté quelque chose.

FM : votre frère a pris les rênes de Guingamp. Pensez-vous qu’il va redresser le club et lui permettre de retrouver à terme la Ligue 1 ?

ED : pour moi c’était une normalité qu’il y arrive dans le temps. Après, aussi proche et aussi tôt cette saison je ne l’espérais pas parce que je souhaitais que Guingamp tourne mieux. J’imagine que lui non plus n'avait pas prévu de prendre les rênes aussi vite. Après ça c’est fait, ça s’est fait. Qu'il soit capable d'aider le club à retrouver la Ligue ? Je lui fait confiance à 1000 % et je suis tout autant sûr de ce que je dis. Et que ce soit la bonne personne, j'en suis sûr à 200 %.

FM : comment expliquez-vous la chute de l’EAG la saison passée ?

ED : quand il y a une descente, il y a plein d’explications, plein d’arguments. Il faut tourner la page et c'est ça qui est difficile. Ce début de saison, la page a été trop difficile à tourner pour le groupe. Même s’il y a eu beaucoup de départs, qui peuvent expliquer la situation. J’espère qu’elle est enfin tournée. Il faut vraiment que ça reparte sur de nouvelles bases...

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