Info FM : À la découverte de Dorian Salhi, le jeune portier de l’US Torcy tenté par le rêve américain !

Par Mathieu Rault
8 min.
Dorian Salhi @Maxppp

Agile comme un félin, Dorian Salhi a, malgré les embûches, toujours su retomber sur ses pattes. De retour de centre de formation, son explosion cette année à l’US Torcy, à tout juste 18 ans, est la preuve qu’il n’y a pas de parcours type. Gardien de but, comme son frère, il cherche aujourd’hui à se faire une place dans le monde professionnel. Il s’est ouvert à Foot Mercato.

Dorian Salhi est un enfant de Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis. Génération 99, il fêtera ses 19 ans à la fin du printemps, au moment où l’équipe de France s’envolera pour la Russie. Pour retracer les débuts au football de Dorian Salhi il faut suivre le cours de la Marne. Le long de laquelle il tape ses premiers ballon en club, à cinq ans, à Villiers-sur-Marne, où il évolue jusqu’en Benjamins, avant de prendre la direction du Perreux-sur-Marne, jusqu’en U14. C’est une fois ses treize bougies soufflées que Dorian frappe une première fois à la porte de l’US Torcy, fabrique de champions seine-et-marnaise, par laquelle sont passés Paul Pogba, Adrien Hunou, Christopher Jullien ou encore Yohann Pelé.

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Si son affection pour l’Olympique de Marseille, là où une partie de sa famille est installée, pourrait le rapprocher de la doublure de Steve Mandanda, c’est chez un autre portier de Ligue 1 que Dorian Salhi puise son inspiration. Anthony Lopes. Pas immense (1m85), comme son modèle, mais «beaucoup plus rapide qu’un gardien de 2 mètres», il fait partie de cette caste de gardiens dynamiques, explosifs, dotés d’une belle détente. Toujours en mouvement sur sa ligne, prêt à jaillir dans les pieds de l’adversaire, le Torcéen ne connaît pas la timidité et fait de la communication l’un de ses atouts. Son bagout et sa lecture du jeu rassurent sa défense. Des qualités qu'il tente de polir avec l'aide de Thibaut, son coach. «Il me fait progresser sur les points importants. Mes défauts d'il y a deux ans deviennent une facilité pour moi. Mon jeu au pied est presque devenu l'une de mes meilleures qualités,» raconte Dorian, non sans fierté.

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Un destin lié à son frère

Repéré par l’AJ Auxerre à 14 ans, il s’exile dans l’Yonne avec son frère Axel, deux ans de plus que lui, gardien de but lui aussi. Son inspiration. «Tout ce qu’il a fait m’a motivé. C’est vraiment mon modèle. J’ai envie de l'imiter, mais de le faire encore mieux que lui. Il m’a ouvert la voie,» raconte le jeune gardien, qui aime écouter les conseils de son aîné lorsqu’ils débriefent leurs prestations. Un parcours similaire, initié au hasard des blessures des gardiens de leurs équipes respectives. Si Dorian fréquente les catégories U15, U16 et U17 première année à l’AJA, les choses se compliquent lorsque son frère décide de quitter le club pour signer en Suisse, du côté du FC Sion. Le destin des deux frères Salhi étant intimement lié, Dorian doit trouver un nouveau point de chute.

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À l’En Avant de Guingamp, où il a signé pour deux ans, la première partie de saison se passe comme dans un rêve. Invaincus, les Bretons sont premiers à l’intersaison. Mais si l’entame est idéale, le rêve tourne au cauchemar. Dorian se blesse. Indisponible toute la deuxième partie de saison, il assiste impuissant à la signature d’un concurrent, d’un an son aîné, comme stagiaire pro. Mais réagit rapidement. «J'allais manquer de temps de jeu. Plutôt que de ne pas jouer, j’ai décidé d’aller tenter ma chance ailleurs.» En quête de visibilité, le jeune gardien frappe à la porte de Torcy. Un club qu’il connaît bien. Malgré un statut amateur, le club francilien jouit d’une belle réputation sur la scène nationale, dans la catégorie U19.

Dorian Salhi

Pas de cadeau pour son retour au bercail

Si à l'aube de la saison 2016/17, l’US Torcy accueille à bras ouverts l’ancien de la maison, il ne lui fait aucun cadeau. Pour son retour en Seine-et-Marne, Dorian est mis en concurrence avec quatre autres gardiens. Quatre «retours de centres». Des joueurs qui comme lui auront manqué la marche en centre de formation, ou tout simplement vu leur progression contrariée par un pépin physique. Le meilleur jouera. «La concurrence chez les gardiens n’est pas facile. Le premier est là mais doit sans cesse travailler car il sait que le deuxième dans la hiérarchie est tout proche. Il pousse. Mais c’est aussi la concurrence qui te fait progresser. Tant qu’elle est bonne, ça ne me pose pas de problème,» évoque celui qui aura finalement disputé vingt-quatre des vingt-six matches de la saison comme titulaire pour sa première année chez les U19 torcéens.

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Club tremplin d’Ile-de-France, à l’instar du Paris FC, l’US Torcy laisse filer Dorian au Havre en juillet dernier. Un essai en Normandie qui se présente bien puisque le gardien effectue la préparation avec le groupe élite, les meilleurs de la CFA qui vont s’entraîner avec le groupe professionnel du club de Ligue 2. Si le timing n’est pas bon, le club doyen ayant fait signer un 3e gardien rapidement, pour palier le départ d'un autre à la CAN, il garde cependant contact avec le coach des gardiens du HAC, Michel Courel, qui avait notamment eu sous ses ordres un certain Steve Mandanda. Et apprend beaucoup. De retour à Torcy encore plus motivé, il est déterminé à encore progresser et se lance le défi de faire le plus de clean sheet possible pour sa deuxième saison avec les U19 Nationaux.

L'US Torcy, un club amateur très professionnel

L'été dernier, Dorian a passé son bac. La tête au Havre, il en a oublié de remplir ses vœux pour la suite. Mais il n'a pas abandonné les études pour autant. «J'ai trouvé une place en Fac d'Histoire. Je n’y vais pas tout le temps, car j'ai mis en place un programme d’entraînement personnel, en plus du club. Pour conserver le rythme des clubs pros, avec deux entraînements par jour. Pour rester au niveau. Le matin, je vais à la salle de sport, j'ai un programme qu'on a travaillé avec mon coach des gardiens à Torcy. Le soir je retrouve mes coéquipiers pour m’entraîner au club,» raconte celui qui à 18 ans a déjà un emploi du temps bien chargé. Ce sont ses parents qui financent la salle. Pas de salaire chez les U19, mais des primes lorsqu’on a la chance de jouer avec l’équipe première.

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Une absence de revenu qui n’est pas négligeable pour ces jeunes majeurs qui tentent de faire leur trou aux portes du monde professionnel. Le club seine-et-marnais tente de compenser avec un accompagnement sur-mesure. «Le club nous le rend bien, pour un club amateur. On dort souvent à l’hôtel avant les matches, pour ne pas être fatigués par la route. On mange au restaurant avant le match le week-end. Nous ne sommes pas payés mais le club donne les moyens de réussir.» C’est en TGV que les U19 torcéens se déplacent à Strasbourg, pour disputer une rencontre du Championnat National. Club familial, Torcy compte sur Delphine, «notre maman au club», pour gérer les déplacements. Il y a aussi Rachid, qui cuisine pour les troupes à l’approche des matches. «Du Président à celui qui tient la buvette, ils sont tous importants,» raconte Dorian.

Dorian Salhi

Explosion et rêve d’Amérique

Sixième défense d'un Championnat National U19 qui accueille 55 équipes, réparties dans quatre groupes, meilleure défense amateur, toutes poules confondues, l’US Torcy peut compter sur un gardien aux statistiques impressionnantes. Cette saison, Dorian a réalisé 11 clean sheet en 20 matches. Des chiffres à prendre au sérieux lorsque l’on regarde d’un peu plus près le niveau des équipes affrontées par les Seine-et-Marnais dans la Poule B. Auxerre, Reims, Troyes, Dijon, l’Olympique Lyonnais, Metz ou Sochaux se présentent tour à tour au Stade du Fremoy. Face à l’OL, club de son idole, Dorian stoppe un penalty et conserve le 0-0. Il en arrête trois cette saison. «Si je ne prends pas de but, c'est un match qui n’est pas perdu. C'est donc important pour moi,» raconte le jeune portier, l'obsession du clean sheet en tête. Huitième sur quatorze, à cinq journées de la fin du championnat, juste derrière l’Olympique Lyonnais, l'US Torcy lutte avec les autres équipes amateurs pour conserver sa place dans l’élite.

Si l'objectif affiché par le jeune gardien est aujourd'hui de trouver un club professionnel, il ne serait pas contre l'idée d'aller tenter l'aventure aux Etats-Unis. Il y a quelques semaines, une cinquantaine de coaches d’universités américaines se sont déplacés à Clairefontaine. Une rencontre FFF-USA organisée par Jérôme Meary, l'homme qui a facilité le transfert de Didier Drogba à l'Impact Montréal. Poursuivre ses études à l'université et parfaire sa formation de footballeur avant de faire son trou en MLS, l'idée ne déplairait pas à Dorian. «Là-bas, le championnat commence vraiment à se développer. Je connais des gens qui sont partis là-bas, ils m'ont dit que c'était vraiment le top,» raconte le jeune gardien, qui se verrait bien marcher sur les traces de Clément Diop, ancien portier amiénois parti tenter l'aventure à Los Angeles et qui évolue dorénavant sous les ordres Rémi Garde, à Montreal.

Dorian Salhi

Pour parvenir à ses fins, Dorian peut compter sur une famille très présente. «Mes parents font tout pour moi. Ils viennent me voir tous les week-ends, font les déplacements. Mon père est toujours présent, avec sa caméra. Cela me permet ensuite d’analyser mes matches.» Le sacrifice de parents qui ont vu leurs deux garçons quitter très tôt le domicile familial pour aller tenter d’embrasser une carrière de footballeur aux quatre coins de l’Hexagone. Si son frère a en quelque sorte joué les pionniers et qu’il récolte aujourd’hui les louanges, il ne déplaît pas à Dorian de marcher dans les traces de son aîné. «Je suis un peu dans l'ombre de mon grand frère. Ma famille reconnaît un peu plus mon grand frère, parce qu’il a signé pro. C’est un acquis. Mais pour moi c'est un modèle et cela ne me dérange pas de devoir passer après. Au contraire, cela m’aide à progresser.» De ce côté-ci ou de l'autre côté de l'Atlantique, Dorian Salhi n'a qu'une idée en tête, s'émanciper et réaliser son rêve. Il se pourrait bien qu'il se fasse un prénom.

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