Info FM, Selim Benachour : «L’envie de devenir coach est venue à la fin de ma carrière »

Par Dahbia Hattabi
10 min.
Ancien joueur du PSG, Selim Benachour débute une carrière d'entraîneur @Maxppp

Après avoir raccroché les crampons, Selim Benachour a débuté une nouvelle carrière d'entraîneur. D'abord sur le banc des U19 à Martigues, l'ancien joueur du Paris Saint-Germain dirige désormais la formation roumaine du Foresta Suceava qui évolue en troisième division. Pour Foot Mercato, le coach âgé de 37 ans évoque ce nouveau challenge et sa nouvelle vie. Entretien.

**Foot Mercato : La dernière fois que nous nous étions parlés, vous alliez commencer votre aventure en Inde à Mumbai City. Que retenez-vous de votre passage en Indian Super League ?

La suite après cette publicité

Selim Benachour** : En Inde, ça s'est bien passé. J'ai fait six mois avec Nicolas Anelka. C'était une très bonne expérience. Les conditions étaient très bonnes. Le seul problème, c'est que c'était très court. On a eu un mois et demi de préparation puis trois mois de championnat. Ça a duré environ cinq mois en tout. Mais j'ai bien aimé ce challenge qui s'est terminé fin 2015.

À lire Dunkerque dénonce des propos racistes d’un joueur de Bordeaux

**FM : Qu'avez-vous fait depuis ?

S.B** : On a fini au mois de décembre en Inde. Je suis revenu à Marseille, où j'habitais. Je me suis entraîné avec Martigues, qui était en CFA, afin de rester compétitif. J'ai essayé de chercher un club. Mais je n'ai pas réussi à en trouver un. J'avais un deal avec Martigues selon lequel si je ne trouvais pas de club, je viendrais les aider en faisant une dernière pige là-bas. Ce que j'ai fait au final. Donc j'ai joué une année en CFA. À côté de ça, j'ai passé mes diplômes d'entraîneur tout en coachant l'équipe U17 de Martigues. J'ai eu mon DES, l'équivalent de l'UEFA A.

**FM : Qu'avez-vous pensé de votre dernière année en tant que joueur ? En avez-vous profité pleinement ?

La suite après cette publicité

S.B** : C'était bien. Mais je dois avouer que lorsque l'on descend de niveau, c'est un peu plus compliqué. Plus on descend, plus c'est dur. Plus on monte, plus c'est facile car on joue avec de meilleurs joueurs. Des joueurs qui savent mieux se placer et qui comprennent mieux le jeu. J'ai joué une année en CFA. (...) Je savais que derrière c'était terminé pour moi. J'ai savouré, oui. Mais quand on joue sur des terrains difficiles avec des équipes qui pressent, où il n'y a pas d'espaces, je n'ai pas pris énormément de plaisir si je suis honnête. J'ai quand même joué et j'ai rendu service au président comme je lui avais donné ma parole. Mais cette année ne restera pas un grand souvenir pour moi.

**FM : Ça vous a conforté dans l'idée qu'il était temps de raccrocher les crampons.

S.B** : Exactement. Il était temps. Je venais d'avoir 36 ans. Je me suis dit que j'allais arrêter et que j'allais me consacrer rapidement au management et au coaching. J'ai voulu tout de suite apprendre et trouver une équipe à entraîner. Martigues m'a beaucoup aidé lorsque j'ai passé mes diplômes d'entraîneur. Ils m'ont proposé l'équipe 1 en U19, qui évoluait en DH. Je me suis lancé avec eux. Ça s'est bien passé. On a terminé cinquième sur treize équipes. J'ai beaucoup appris. Ça a été très formateur. Ils m'ont mis le pied à l'étrier. Je suis fier aussi d'avoir vu certains de mes U19 faire quelques apparitions en pros au Gazélec d'Ajaccio en Ligue 2 comme Mohamed Medfai, Matteo Pidery et Marvin Kokos.

**FM : Est-ce que jouer vous manque un peu malgré tout ?

S.B** : Franchement, ça ne me manque pas trop. J'ai commencé le foot à l'âge de 5 ans. J'ai arrêté à 36 ans. J'ai joué pendant 30 ans. Donc ça ne me manque pas du tout. Aujourd'hui, j'apprécie le fait d'être passé de l'autre côté de la barrière en étant devenu coach. C'est un monde différent et une nouvelle vie qui commence pour moi. J'apprécie les moments que je suis en train de passer.

Devenir entraîneur n'était pas une vocation

**FM : Devenir entraîneur, était-ce déjà dans un coin de votre tête depuis longtemps ou c'est venu beaucoup plus tard ?

La suite après cette publicité

S.B** : Je ne voulais pas être entraîneur justement. Quand j'étais joueur, je n'ai pas pensé à ce que j'allais faire à la fin de ma carrière. Plus les années passaient, plus j'ai connu des entraîneurs et différentes façons de manager. J'ai connu aussi différents football, différentes cultures. Je me suis dit qu'avec toute l'expérience que j'avais, toutes les rencontres que j'ai pu faire, j'allais faire un cocktail de tout ça et m'en servir. Petit à petit, je me suis mis cette idée en tête. L'envie de devenir coach est venue à la fin de ma carrière.

**FM : Vous venez de dire que vous avez connu différents entraîneurs et différentes façons de travailler. Quels coaches vous ont inspiré ?

La suite après cette publicité

S.B** : J'ai eu Antoine Kombouaré à Paris. J'ai bien aimé. C'était quelqu'un de rigoureux, un meneur d'hommes. Il était proche de ses joueurs. Malgré tout ce qu'on peut dire sur lui, j'ai beaucoup apprécié Vahid Halilhodzic. Il était autoritaire, très dur. Il sait faire plaisir aussi à ses joueurs. Ce sont deux entraîneurs qui m'ont marqué. J'essaye de m'en inspirer en donnant à mes joueurs tout en ayant une certaine autorité dans le groupe à un moment. Il faut savoir quand il faut donner, plaisanter mais aussi être sérieux.

**FM : Vous faites donc vraiment attention aux échanges avec vos joueurs, aux causeries d'avant-match.

S.B** : Oui, beaucoup. J'ai toujours dit que le plus important était la communication, le management avec les joueurs. C'est aussi important que l'aspect tactique, les entraînements. Comment parler aux joueurs, être à leur écoute, pouvoir les aider aussi en dehors du foot, tout ça est essentiel. On a un rôle de parent ou de grand frère. Ce n'est pas facile. C'est aussi pour ça que les staffs sont plus étoffés. Mais tout le côté management et coaching me plaît beaucoup. J'espère faire une belle carrière.

**FM : Vous avez lancé votre carrière de coach en Roumanie, à Foresta Suceava (troisième division). Pourquoi ce choix ?

S.B** : Qui ne tente rien n'a rien. J'ai eu cette opportunité-là. Le Club Africain m'avait appelé pour être adjoint. Mais en Roumanie, on m'a offert la possibilité d'être numéro un et d'avoir les pleins pouvoirs. J'ai foncé. Je voulais avoir un poste à haute responsabilité même si ça reste de la troisième division roumaine. Ce projet m'a plu. J'avais un peu peur au niveau des conditions. Donc je suis venu ici une semaine pour voir les conditions de vie et de travail, les terrains. Les discours du président et du vice-président m'ont plu. Ils ont dit que c'était quelque chose de grand d'avoir une personne comme moi au club. J'ai senti leur désir de m'avoir et que le feeling passait très bien. Je suis content. Je ne regrette pas du tout mon choix. Tout se passe très bien. À moi de continuer à travailler et à faire de belles choses pour grandir tranquillement ici.

**FM : Avant ça, aviez-vous eu des propositions pour intégrer des clubs français ?

S.B** : Non. Après mon année avec les U19 de Martigues, j'ai essayé de passer des coups de fil à d'anciens entraîneurs dont Antoine Kombouaré (Guingamp) et Jean-Louis Gasset (ASSE), pour essayer de trouver une place avec une équipe jeune. J'essayais de passer en parallèle le diplôme supérieur et il fallait que j'entraîne une équipe à un niveau un peu plus haut car à Martigues ça allait être compliqué de coacher en DH. J'ai appelé plusieurs personnes, dont Luis Fernandez au PSG, mais je n'ai pas eu de retour. C'était très compliqué. J'ai vu que c'était un peu bouché en France. Donc j'ai tenté l'aventure à l'étranger. Il n'y a pas de soucis. Moi, je n'ai pas peur.

**FM : Entraîner à l'étranger dans un championnat moins exposé, cela vous met peut-être aussi un peu moins de pression qu'en France.

S.B** : C'est clair. En France c'est compliqué, c'est bouché surtout pour des personnes comme moi. Il n'y a pas beaucoup d'entraîneurs étrangers, c'est-à-dire maghrébins ou africains. Il y a Sabri Lamouchi (Rennes) qui est arrivé l'année dernière et Antoine Kombouaré. Sinon, c'est assez rare. Je savais qu'en France ça allait être difficile donc je n'ai pas hésité à partir. J'espère faire du bon boulot en Roumanie et revenir un jour par la grande porte si j'arrive à percer à l'étranger.

De bons débuts en Roumanie

**FM : Votre équipe a justement plutôt bien commencé la saison puisqu'elle est quatrième de sa poule (3 victoires, un nul et une défaite). Comment jugez-vous vos débuts ? Quels sont vos objectifs cette saison ?

S.B** : C'est un club qui était en deuxième division l'année dernière et qui est descendu. Ils ont eu beaucoup de problèmes l'an dernier. Cette année, le budget est nettement moins important. Donc l'objectif du club est de faire une année de transition en finissant dans les cinq premiers avant de tenter de remonter la saison prochaine. Pour l'instant, tout se passe bien. On est quatrièmes. Mais ce n'est que le début. On est à trois points du leader. Notre équipe est en reconstruction. Mais j'espère qu'on va continuer ainsi et que la mayonnaise va bien prendre pour qu'on joue le haut de tableau. J'essaye d'apporter une nouvelle philosophie de jeu. Les joueurs sont réceptifs. Mais ça met du temps. On fait beaucoup de vidéos, on travaille beaucoup aux entraînements.

**FM : Vous avez évoqué votre philosophie de jeu. Comment la définiriez-vous ?

S.B** : Je suis un ancien numéro 10. Donc j'aime tout ce qui est technique, le jeu de possession, le jeu offensif. C'est un peu ma philosophie. Je veux qu'on harcèle rapidement à la perte du ballon, un peu comme en Espagne. Je veux du mouvement, de la disponibilité, de la communication. J'essaye d'apprendre ça à mes joueurs. C'est ce que j'ai fait avec le U19 à Martigues et c'est ce que je fais à présent en Roumanie. Je suis un entraîneur qui prend des risques. J'aime qu'on reparte de derrière. Ce sont des risques à prendre.

**FM : Vous venez de débuter en tant qu'entraîneur. Mais avez-vous un plan de carrière à l'esprit ?

S.B** : C'est à moi de montrer mes qualités de coach. Je suis novice dans ce métier-là. C'est ma deuxième année. Je dois passer mes diplômes pour pouvoir entraîner au haut niveau et en même temps faire du bon boulot que ce soit en Roumanie ou ailleurs. C'est clair que j'ai envie de percer. C'est comme à mes débuts de joueur lorsque je n'étais pas connu. J'ai du prouver et j'ai percé en jouant à haut niveau. J'ai gagné des titres, j'ai joué une CAN, j'ai participé à une Coupe du Monde, j'ai joué au PSG et à Malaga. Je suis parti de rien et je vais essayer de faire pareil en tant qu'entraîneur. Partir de zéro, aller manger mon pain noir en bas pour montrer mes qualités et arriver en haut.

**FM : Vous êtes un ancien numéro 10 comme Zinedine Zidane qui a connu rapidement le succès au top niveau avec le Real Madrid. Même si vos parcours sont différents, est-ce qu'un exemple comme le sien vous inspire ?

S.B** : C'est clair ! Il a commencé par le Real Madrid Castilla. C'est normal, il n'allait pas débuter en Ligue 2 Roumaine (sourire). Comme j'ai dit, je préfère partir d'en bas. Je suis content d'avoir eu les U17 six mois puis les U19 à Martigues, j'ai vu ce que c'était d'avoir des jeunes. Petit à petit, j'engrange de l'expérience. J'ai une équipe seniors cette saison. J'apprends et peut-être qu'un jour j'arriverais en Ligue 1. C'est mon but. J'espère entraîner un jour en Ligue 1... ou même le Real Madrid (sourire). J'ai beaucoup d'ambition. Mais tout ça va dépendre de mon travail et de mes résultats. Il y a aussi un facteur chance. Je suis content d'avoir vu le monde amateur pendant deux ans à Martigues puis le monde semi-pro en Roumanie. Je veux acquérir de l'expérience pour arriver au top niveau un jour.

Plus d'infos sur...

La suite après cette publicité

Fil info

La suite après cette publicité