Il y a trois semaines, le mercato estival a refermé ses portes. Un mercato record qui a vu les cinq principaux championnats européens (Angleterre, Allemagne, Espagne, Italie et France) dépenser 2,4 milliards d’euros sur le marché des transferts rapporte le CIES (Centre International d’Étude du Sport). Un montant en augmentation de plus de 200 M€ et qui correspond à un record absolu en la matière. Preuve qu’il s’agit d’un montant stratosphérique, le montant total des dépenses du top 5 sur le marché des transferts en 2012 ne représentait « que » 1,6 milliard d’euros et n’était que de 1,3 milliard en 2010.

Comment expliquer une telle augmentation ? Il suffit d’aller observer la très riche Premier League et ses droits TV à un milliard d’euros. Les clubs anglais ont dicté leur loi sur le marché des transferts en Europe et ont totalisé 44,7 % du montant total dépensé par les clubs du top 5 européen, soit plus d'un milliard d’euros. Un pourcentage très important en hausse de 10 % par rapport à l’année précédente. Rien d’étonnant à voir 7 des plus gros transferts de l’été sur 10 concerner un club anglais. Seul le PSG avec David Luiz, le Real Madrid avec James Rodriguez et le Barça avec Luis Suarez sont parvenus à endiguer la toute-puissance des clubs anglais.

Les clubs anglais tout puissants, les clubs français en dedans

D’ailleurs, l’écart entre la Premier League et les autres championnats ne cesse d’augmenter puisque les clubs de Liga ont dépensé "seulement" 482 M€, ceux de Serie A 345 M€, 284 M€ pour la Bundesliga et seulement 120 M€ pour la Ligue 1. Les clubs français ont fait preuve de frilosité, et moins investi que le seul Manchester United, roi de la dépense avec 191,9 M€ ! Paradoxalement, les clubs anglais, s’ils sont très actifs pour recruter des joueurs, savent également bien vendre. C’est Southampton qui trône à la première place des clubs ayant le mieux vendu cet été avec 121 M€ de revenus. Viennent ensuite le Real Madrid (112 M€), Chelsea (102 M€), Liverpool (100 M€) et l’AS Monaco (95 M€). Mais le CIES met en avant d’autres records : les dix clubs les plus actifs (6 clubs anglais, 3 espagnols, 1 italien) sur le marché des transferts représentent à eux seuls 49% du montant total dépensé par l’intégralité des clubs du top 5 européen. Preuve que le fair-play financier n’a rien arrangé et que le fossé entre les clubs les plus riches et les autres ne cesse de se creuser.

Sous l’impulsion de la Premier League, la masse globale des dépenses sur le marché des transferts en Europe augmente d'année en année. Grâce aux droits TV hors normes négociés par les clubs anglais, associés à un merchandising surpuissant et à une billetterie toujours plus lucrative, cela n’est pas prêt de s’arranger. Pour les clubs français, qui observent et qui envient leurs proches voisins européens, la donne n’est pas prête de s’inverser et des heures sombres sont encore à prévoir. Entre la taxe à 75 %, la suppression du DIC, leur faible rendement sur la scène européenne, un manque d’investisseurs d’envergure, une DNCG toujours plus intransigeante, sans oublier un fair-play financier pas vraiment favorable au PSG ou à l’AS Monaco, les signaux inquiétants ne manquent pas. Et le pillage risque bien de se reproduire sur les prochains mercatos…