Pologne : la longue descente aux enfers du Wisla Cracovie

Par Constant Wicherek
4 min.
Wisla Cracovie SSA @Maxppp

En Pologne, le championnat a souvent été partagé entre plusieurs dominations. Celle du Wisla Cracovie est la plus récente. Mais tout ne tourne plus rond près de la Vistule. Après un Euro réussi, focus sur une grande équipe du Championnat polonais.

L’Euro français à 24 équipes aura moins permis à des petites nations de se faire un nom. Ce fut le cas de l’Islande, adorée pour son magnifique clapping, ou encore des Irlandais et Nords-Irlandais pour leurs supporters qui auront mis l’ambiance dans tous les stades de l’Hexagone tout l’été. Les amateurs de football de l’est ont pu aussi découvrir une étonnante équipe de Pologne, dont on connaissait quelques noms avant la compétition. Les hommes d’Adam Nawalka ont réussi à parvenir jusqu’aux quarts de finale et ne se sont inclinés que face au Portugal (1-1, 3-5), futur vainqueur de l’Euro.

La suite après cette publicité

Depuis, on a vu débarquer en France et dans les grands clubs de nombreux joueurs polonais. Milik, qui s’est blessé avec la sélection pendant la trêve, est arrivé à Naples plutôt avec réussite, les supporters de Monaco apprennent à découvrir Glik quand Lewczuk est titulaire à Bordeaux. Tous ses joueurs proviennent du championnat polonais plus ou moins directement. Le moment est donc arrivé de mettre un coup de projecteur sur l’Ekstraklasa et plus particulièrement sur une équipe : le Wisla Cracovie.

À lire Bordeaux a tenté le coup Zinédine Zidane

Le rêve sous Tele-Fonika

Le Wisla est un des deux clubs de Cracovie et son histoire récente a basculé deux fois au cours de ces vingt dernières années. En 1997, le club est repris par une entreprise qui s'appelle Tele-Fonika, une des entreprises les plus importantes en Pologne et l'un des leaders européens dans la production de câbles. Puis une seconde fois lorsqu'ils ont cédé le club. Lors des années sous Tele-Fonika, le Wisla Cracovie était très souvent au sommet du championnat polonais comme peut en témoigner le palmarès (champion en 1999, 2001, 2003, 2004, 2005, 2008, 2009 et 2011) sans toutefois parvenir à se qualifier pour la Ligue des Champions ce qui était le rêve du propriétaire Bogusław Cupiał.

La suite après cette publicité

Sous cette période faste en titres, le Wisla Cracovie comptait de nombreux internationaux polonais et, même si aujourd'hui les résultats sont assez décevants au vu du passé récent du club, l'effectif demeure toujours de qualité par rapport au niveau général de la ligue polonaise : « beaucoup d'internationaux ont évolué au Wisla, c'est vrai, mais il faut ajouter qu'à cette époque-là, l'équipe nationale n'avait pas encore l'importance d'aujourd'hui », nous a précisé Remi Poltorak, un journaliste polonais. Toutefois, après le dernier titre en 2011 - c'est là le second tournant de l'histoire récente - le club s'est embourbé et son actuelle situation demeure très floue.

Le poids des ultras et la mauvaise gestion financière

Nous sommes à l'été 2011, juste après son titre national, le Wisla Cracovie s'apprête à tenter de se qualifier pour la Ligue des Champions. Le staff hollandais (le coach Robert Maaskant en tête) de l'époque mise alors sur les étrangers dans l'équipe, souvent très chers, en espérant se qualifier pour la C1 et ainsi financer par là le train de vie assez élevé du club. Sauf que cela ne se passe pas comme prévu. Bien embarqué après une victoire à l'aller à domicile 1-0, le Wisla se déplace pour un retour bouillant à Chypre pour affronter l'Apoel Nicosie. Les locaux mènent 2-1, mais à la 87e minute, Ailton marque le troisième but synonyme de qualification, les rêves s'effondrent.

La suite après cette publicité

Cinq ans plus tard, Tele-Fonika est donc obligé de vendre sous les pressions de certaines banques nationales. Différents investisseurs apparaissaient depuis quelque temps, et finalement, un jeune businessman de 30 ans, Jakub Meresinski, a convaincu les dirigeants de lui céder le club en juillet. Mais, très vite, il s'est avéré peu crédible (problèmes avec la justice, usage de faux, notamment). Le pouvoir est ainsi revenu à Towarzystwo Sportowe Wisła Kraków (l'association sportive, un club omnisport) en août, mais sous une grande influence des ultras. D'où le problème aujourd'hui : « les dirigeants actuels sont en train de chercher les investisseurs, masi cela va etre difficile, car peu de personnes veulent s'engager, compte tenu le poids des ultras dans le club », développe Remi Poltorak.

« On ne sait pas si ils vont trouver des investisseurs capables de financer le club », précise Remi Poltorak. À la fin de la saison - régulière - passée, le Wisla est onzième du championnat et joue les play-offs pour savoir s'il descend ou non en deuxième division. Mais avec ce système, quelques gros clubs sont protégés et ils terminent tranquillement à la meilleure place, la neuvième. Cette saison, le club est neuvième, mais pourra espérer jouer les play-offs du haut de tableau en fin de saison. Mais si des nouveaux investisseurs ne sont pas trouvés, il se pourrait que la Fédération lui refuse sa licence professionnelle et donc, le rétrograde. Une potentielle très mauvaise fin pour un club à la grande histoire.

Plus d'infos sur...

La suite après cette publicité

Fil info

La suite après cette publicité