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Qui est vraiment Yacine Brahimi ?

Par La Rédaction FM
18 min.
FC Porto Yacine Brahimi @Maxppp

En 2014, Yacine Brahimi marche sur l'eau. Et c'est peu de le dire. L'Algérien a été élu Joueur Africain de l'année par la BBC il y a quelques jours. Un titre qui vient couronner une année exceptionnelle de la part du Fennec. De ses débuts à Montreuil à son arrivée à Porto, en passant par Rennes et l'Algérie, Foot Mercato revient sur le parcours de ce talent en or. Portrait.

«C'est magnifique pour lui. C'est le rêve de tout footballeur de club amateur. Une progression et une carrière comme ça, tout le monde en rêve». À écouter Jérôme Mercier parler de Yacine Brahimi, on sent tout de suite une immense fierté de la part de l'entraîneur de l’Élan Sportif de Montreuil. Il faut dire qu'il a de quoi l'être puisqu'il a vu l'international algérien débuter le football en 1997. Un élément dont il a tout de suite été convaincu du talent. «J'ai entraîné Yacine il y a pratiquement vingt ans. Il était en école de foot et avait entre 6 et 8 ans. Comme tous les enfants, il a commencé en faisant des tests basiques pour savoir comment il se comportait avec un ballon. Par rapport à ses copains, on voyait déjà qu'il avait une aisance balle au pied au-dessus de la moyenne. C'était un garçon très calme, très discret. On ne l'entendait jamais. Mais par contre, sur le terrain c'était un guerrier, un joueur vaillant».

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Des qualités que le natif de Paris a conservé lors de son passage au CO Vincennois et à l'INF Clairefontaine. Un centre de formation où il a continué sa progression sous les ordres de Jean-Claude Lafargue entre 2003 et 2006. «Yacine est un garçon souriant, motivé, intelligent, opiniâtre, nous explique-t-il. C'est quelqu'un qui ne lâche rien. Ce sont des qualités que l'on retrouvait dans son jeu. Mais ce sont surtout des qualités que l'on retrouve au haut niveau (...) Au départ, il avait un bagage offensif étoffé. Ses points forts à l'époque étaient ceux que l'on voit encore aujourd'hui. Il a une capacité à exploser. Il est inarrêtable dans les 30 derniers mètres. Il a des changements de rythme incroyables. Il a un centre de gravité assez bas donc dès qu'il a pu enchaîner son premier dribble il est très dur à arrêter. Il devait travailler l'utilisation de son pied gauche. Ce qu'il utilise de plus en plus. Il était capable d'être un peu plus passeur. À présent il alterne son jeu. Mais sa qualité première, c'est la percussion».

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En parallèle de sa formation à Clairefontaine, Yacine Brahimi a évolué une saison au Paris Saint-Germain en 2005-2006. Une période où il a fait la rencontre de François Gil. Son conseiller actuel a très vite été emballé par son style :«Je le connais depuis Clairefontaine, depuis les 14 ans du PSG. Je l'avais fait signer à Paris pour faire une saison avec nous. La première fois que je l'ai vu, il n'était pas très grand et assez frêle. Par contre, il avait une qualité technique et une gestuelle artistique. Ce qui n'était pas toujours très efficace parce que les dribbleurs dribblent tout le temps en général». Au terme de sa saison au PSG et de ses trois années d'apprentissage à l'INF Clairefontaine, le natif de Paris a atteint l'un des premiers tournants importants de sa carrière en 2006. «Il était à Clairefontaine où il devait faire 3 ans, confie François Gil. La troisième année il devait intégrer Clairefontaine en championnat. C'était obligatoire qu'il quitte le PSG. Mais par contre, il pouvait s'engager sur la formation et c'est là que le joueur et sa famille n'ont pas souhaité répondre à la demande de Paris. Ils ont voulu aller sur Rennes, qui semblait un contexte plus favorable pour son évolution».

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Un espoir du Stade Rennais

C'est du côté du Stade Rennais que Yacine Brahimi a donc poursuivi son bonhomme de chemin. Une expérience sur laquelle revient François Gil : «Comme dans toutes les formations il y a des hauts et des bas. Mais globalement cela s'est bien passé. Il a obtenu un premier contrat pro assez rapidement dans l'objectif de le conserver mais aussi de lui donner la possibilité d'exercer son métier à Rennes. C'était logique d'y signer». Espoir prometteur du club, ce joueur talentueux a eu la possibilité d'intégrer l'effectif professionnel : «La première année c'était avec Guy Lacombe. Il était dans le groupe pro sans vraiment y être. Il était jeune et il y avait du monde. C'était difficile mais normal en même temps. Voyant qu'il allait faire une saison avec la CFA, on a décidé avec Yacine de prendre la direction d'un club de Ligue 2 où il aurait du temps de jeu, où il pourrait s'aguerrir et où il trouverait un coach qui l'accompagnerait dans sa période de post-formation. À 18-19 ans, c'est une période très importante pour un joueur. Il a eu la chance d'aller à Clermont avec Michel Der Zakarian. Il s'en est vraiment très bien occupé. Il a eu l'approche qu'il faut avoir avec un joueur de cet âge et de ce niveau là. Il a fait une saison très enrichissante au Clermont Foot». Une saison au cours de laquelle il a inscrit 8 buts et délivré trois passes décisives en 32 apparitions.

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Le bonheur était donc dans le prêt pour Yacine Brahimi. Un an plus tard, c'est un joueur confiant et un peu plus expérimenté qui faisait son retour à Rennes. Un come-back qui s'est avéré plus compliqué que prévu au final : «Quand il est revenu à Rennes, on pensait que le plus dur avait été fait. Il avait fait un passage en L2 profitable pour tout le monde. On pensait que les deux années qui allaient venir à Rennes lui permettraient de confirmer. Son contrat a été prolongé pratiquement dans la foulée. Les propos tenus par le club sur Yacine étaient élogieux. On est parti sur une prolongation de contrat avec Antonetti. Mais ça ne s'est pas très bien passé, on ne va pas se raconter d'histoires. Entre les blessures, des choix de coach qu'on respecte, mais qu'on ne comprend pas toujours et peut-être une forme d'impatience de la part de Yacine... Mais le joueur qui n'est pas impatient parce qu'il ne joue pas ce n'est pas un joueur. L'impression que le staff rennais donnait à Yacine n'était pas en relation avec son temps de jeu. Il était flatté, tout le monde disait que c'était un super joueur. Malheureusement, il n'y avait pas de faits. Quand tout repose sur des mots, à un moment la scissure se transforme en fracture. Il y a un manque de confiance des deux parties. Peut-être que lui ne faisait plus les efforts qu'il fallait, eux pensaient peut-être qu'il n'était pas prêt pour ce niveau là. En tout cas on était presque arrivé à une situation de rupture. Il ne jouait plus. Il était en CFA2 et repartait pour une saison en CFA2. Il n'y avait aucun club français sur lui à par Évian qui le voulait en prêt. Donc on s'est posé la question de l'étranger».

Un nouveau départ à Grenade

Sur le chemin le menant au succès, Yacine Brahimi a fait une halte par Grenade en 2012. Une première expérience à l'étranger qui lui a permis de s'épanouir loin de la France pour François Gil : «J'ai trouvé Grenade qui n'était pas forcément la plus belle destination sportive. Mais c'était une destination qui pouvait lui donner un peu d'air et lui permettre de trouver un championnat qui lui corresponde techniquement en sachant qu'on n'avait pas le choix. Il n'y avait pas de contrat à discuter ni de choix avec d'autres clubs. C'était soit Grenade soit rester en CFA 2 à Rennes. Yacine a voulu aller à Grenade. Il me disait : "Si je suis bon, je sortirai de là. J'irai plus haut. Je prends le pari"». Grenade a ainsi constitué un point de chute idéal. C'est en tout cas l'avis d'Alexandre Coeff. Formé à Lens, le Français qui appartient à l'Udinese a été prêté la saison dernière à Grenade : «Je pense que Rennes a laissé passer un bon et futur grand joueur. Ça lui a fait du bien de sortir du contexte de Rennes. En rejoignant Grenade, il a trouvé un jeu et un championnat qui lui correspondait. C'est un club où il n'y a pas forcément beaucoup de pression». L'Algérien a pleinement profité de l'opportunité qui s'offrait à lui en devenant rapidement l'un des éléments moteurs du club ibérique: « C'est le joueur le plus doué techniquement avec lequel j'ai eu la chance de pouvoir jouer, confie Alexandre Coeff. Dans les moments où l'on pouvait être en difficultés, où l'on ne savait pas comment se sortir d'un match qu'on ne maîtrisait pas forcément, lui par un exploit individuel arrivait à débloquer la situation. Tout lui a réussi. On savait qu'il allait partir de Grenade. C'était une évidence».

Des performances qui ont contribué à donner un nouvel élan à sa carrière. Mais rien d'étonnant à écouter son conseiller François Gil : «Les joueurs ont besoin d'un contexte pour s'épanouir. Je pars du principe que pour Yacine, hormis à Clermont, en France il n'a pas eu l'amour qu'on doit apporter à ses joueurs pour lui permettre de s'épanouir. Ça ne veut pas dire qu'on doit tout lui laisser passer mais il faut que le joueur sente qu'on a confiance en lui. Après le joueur va corriger et être à l'écoute. Ce climat là on ne l'a pas senti. À Grenade, c'était un peu plus facile parce qu'il a été transféré l'année dernière. Ils l'ont acheté donc ce n'était pas pour faire beau. Ils l'ont entouré et donné les moyens de s'exprimer. Si on regarde ses stats, on voit que sa première année à Grenade il a joué trente matches. Donc c'était la première fois de sa carrière qu'il jouait autant de matches. L'année dernière, il a fait une saison pleine. Un footballeur s'il ne joue pas, c'est difficile de voir sa progression. Cette année, après Grenade est arrivé Porto». Un choix judicieux de l'avis de tous et notamment d'après Alexandre Coeff : «Je pense qu'il aurait même pu aller dans un club plus huppé, même si Porto reste un grand club. Il a fait le bon choix. Il n'a pas cherché à aller dans le club où il allait prendre le plus d'argent ou qui potentiellement pouvait aller plus loin dans les grandes compétitions. Il a été malin. Il a été dans le club qui lui permettait de jouer un maximum et de continuer à progresser».

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La nouvelle star de Porto

Malgré quelques touches cet été 2014, l'Algérien a donc choisi de poursuivre sa carrière à Porto. Un club où il a vite pris une nouvelle dimension. Les Lusitaniens ont eu de nouveau le nez creux et ont vite compris à quel talent il avait à faire en fixant sa clause libératoire à 50 millions d'euros. Inutile de dire que son arrivée était très attendue comme nous le raconte Vitor Alvarenga, journaliste pour le site portugais Maisfutebol et spécialiste du FC Porto. «Je ne suis pas surpris par Yacine Brahimi. Il était très attendu à Porto. Je crois qu'il s'est surtout sublimé dans sa capacité à marquer des buts ou à délivrer des passes décisives. À Grenade, Brahimi n'était pas un buteur, il créait surtout des déséquilibres. À Porto, il montre une autre facette de son talent. Il a beaucoup progressé. On le voit extrêmement motivé. Il est pour l'heure l'atout numéro 1 du FC Porto cette saison (..) Il y avait grande attente autour de lui en raison de ses prestations lors de la Coupe du Monde avec l'Algérie. Il a enchanté le public et les observateurs durant ce tournoi. Cet été, de très bons joueurs sont arrivés au FC Porto, mais Brahimi était spécialement attendu, parce qu'il s'agit d'un joueur créatif. On attendait de lui qu'il serve Jackson Martinez et forme un duo de choc avec Ricardo Quaresma. Aujourd'hui, il s'est imposé à gauche. Cela pousse Cristian Tello ou Ricardo Quaresma sur la droite».

Brahimi s'est imposé comme l'un des meilleurs joueurs de Liga Sagres. À peine arrivé, il a été adopté par les supporters : «Ça été une bonne surprise pour les supporters de le voir tenir aussi bien, de voir qu'il est capable à tout moment dans un match de déborder un ou deux adversaires. Ce n'est pas facile de convaincre les supporters du FC Porto. Mais jusqu'à aujourd'hui, il a été le meilleur joueur du club cette saison. Le public est conquis. Il y a évidemment des comparaisons avec Madjer. Il a les qualités pour marquer une ère au FC Porto, pour rester dans l'histoire du club». Toutes les conditions sont donc réunies pour que le jeune homme continue d'évoluer à un niveau qui enthousiasme tous les observateurs .«À Porto, il y a tout pour qu'il réussisse, indique François Gil. Le coach le voulait donc il l'a mis dans les bonnes conditions pour jouer. C'est une équipe où il y a de bons joueurs autour de lui. Quand l'équipe est très bonne, que se passe-t-il ? Le ballon est plus souvent dans le camp adverse et du coup Yacine est plus devant (...). À 24 ans, Yacine arrive à une maturité. L'environnement de Porto lui va bien. Pour moi il n'y pas de déclic. C'est la continuité. Je ne suis pas surpris. Je suis plutôt surpris que les gens soient surpris. Yacine Brahimi a toujours été comme ça. Après peut-être qu'il n'avait pas la constance, la régularité. Mais qui lui a donné la possibilité d'être constant et régulier ? Tout au long de sa carrière, on a souvent eu en face de nous des personnes qui voyaient le négatif. Ce que Yacine ne faisait pas ou faisait mal. Mais pas le positif. Aujourd'hui, tout ce qu'il fait de bien est ce qu'il faisait de positif avant. Même si bien sûr il a corrigé des choses. Aujourd'hui à Porto, il a concrétisé tout ce dont il avait envie. Maintenant il va falloir qu'il confirme».

Un nouveau statut avec les Fennecs

En parallèle, Yacine Brahimi a vécu une ascension fulgurante en sélection nationale. Une sélection qu'il a rejoint en 2013 après avoir joué en Équipe de France plus jeune. L'été dernier, il a vécu sa première grande compétition avec les Fennecs en jouant la Coupe du Monde au Brésil. Un Mondial durant lequel il a amené son talent et sa fraîcheur. «Il n'était pas titulaire lors du premier match contre la Belgique, confie son coéquipier en sélection Aissa Mandi. Il a apporté toute sa qualité sur le reste des rencontres notamment lors du match face à la Corée du Sud où il marque son but exceptionnel après son une-deux avec Feghouli. Il nous a apporté de la confiance. On sentait qu'avec lui on était plus fort. Il nous a aidés à passer ce premier tour et à atteindre les huitièmes de finale». En plus de ses bonnes performances en club, l'Algérien a profité du changement de sélectionneur pour faire évoluer son statut comme nous l'explique Bilel Ghazi, journaliste à L'Équipe et spécialiste du football algérien. «Avec Vahid, c'était plus un joker. Il n'était pas un titulaire indiscutable, loin de là. Il rentrait sur des bouts de matches pour pouvoir faire éventuellement la différence ou conserver le ballon. Concrètement, sous les ordres de Gourcuff, il est devenu LE joueur clé de l'équipe d'Algérie. Gourcuff mise sur son 4-4-2 dont il ne déroge jamais. Il a pris le pari d'avoir Brahimi comme second attaquant juste derrière Slimani (...). Sous les ordres de Vahid, quand Brahimi entrait c'était principalement sur un côté. Maintenant, il a un rôle axial avec pas mal de liberté de mouvement. Ça contribue à le libérer, à le faire gagner en influence sur le jeu de la sélection».

Passé de joker de luxe à titulaire en force en quelques mois, Yacine Brahimi est désormais l'un des leaders techniques de l'Algérie : «À l'image de son début de saison, il démontre toutes ses qualités en sélection, déclare Aissa Mandi. Il est difficile maintenant de le mettre sur le banc. Après c'est un choix de coach. Avec ce qu'il montre en club et en Équipe d'Algérie, il mérite sa place de titulaire en sélection. C'est l'un de nos leaders. Ce genre de joueur, à chaque fois qu'il touche le ballon, on a l'impression qu'il peut se passer quelque chose. Pour moi, ça c'est la marque des grands joueurs. On va se reposer sur lui, sur ses qualités, pour essayer d'aller le plus loin possible dans cette CAN». Une Coupe d'Afrique des Nations où il sera attendu, à l'image de l'Algérie, qui figure dans un groupe relevé. En plus de la pression des rencontres, le jeune homme devra gérer son changement de statut : «Durant le Mondial, il avait un rôle plus discret. Il y avait moins d'attente vu qu'il débutait souvent sur le banc, précise Bilel Ghazi. Là, son rôle a changé. Ce sera l'une des deux-trois principales attractions, pas de l'équipe d'Algérie, mais de la CAN. Ce n'est pas du uniquement à ses performances en sélection. Mais aussi à ses prestations avec Porto notamment en Ligue des Champions. Ce sera intéressant de voir comment il va gérer la pression médiatique, l'attente qu'il suscite auprès des supporters et des observateurs. Je pense que ça peut être un révélateur par rapport à l'aspect mental plus que sportif. Les qualités sportives on sait qu'il les a. Mais est-il capable de se muer en leader à proprement parler? Je ne sais pas. Je ne pense pas que ce soit un leader de groupe. Mais leader dans le jeu il a prouvé qu'il pouvait l'être. C'est pour cela qu'il sera attendu en Guinée Équatoriale».

Un homme humble

Meilleur dribbleur et footballeur africain de Liga en 2014, il a été élu Joueur Africain de l'année BBC et Meilleur joueur arabe de l'année par El Heddaf . Autant de distinctions qui ne font que souligner l'année exceptionnelle qu'a réalisé l'Algérien. Un talent enfin reconnu au niveau européen et mondial. De quoi susciter l'intérêt des meilleures écuries d'Europe à l'image de City, Naples et du Paris Saint-Germain. Des sollicitations que le joueur et son conseiller accueillent assez sereinement : «En ce qui concerne les transferts, aujourd'hui il y a de l'argent pour les très grands joueurs. Yacine n'était pas encore dans cette catégorie là. Il était identifié comme un potentiel grand joueur. Comme aujourd'hui il est à Porto, on est sûr qu'il a le niveau de Porto. Maintenant quand on parle du Paris Saint-Germain ou d'autres grands clubs, on verra...Si il va à Paris, c'est qu'il a le niveau pour aller à Paris (...) Yacine comme moi on gère au quotidien. L'important c'est Porto. Il a signé là-bas pour 5 ans. L'objectif est d'y gagner le plus de titres possible. Porto lui donne la possibilité de faire un métier fantastique. Pour le reste, on verra. On est au mois de décembre. Aujourd'hui on ne va pas s'enflammer. Il sait très bien qu'il va falloir qu'il travaille et s’il enchaîne les bonnes performances il y aura peut-être des opportunités. Pour l'instant il ne faut pas se mettre ça dans la tête. Il faut jouer au foot».

Et pour cela, on peut dire que Yacine Brahimi est doué. D'ailleurs, sa terrible ascension n'a rien d'étonnant pour Jean-Claude Lafargue : «Je suis régulièrement en contact avec Yacine. On se plaît à se rappeler les choses. Comme je lui ai déjà dit, on ne peut jamais dire jusqu'où les joueurs iront. Mais on peut avoir une petite idée. Quand vous avez quelqu'un qui met autant de mental, de détermination, d'envie et en plus avec une réflexion. Il n'y a pas de grandes surprises. Il le sait il peut encore se bonifier. Il n'est pas au bout de ce qu'il peut faire (...) Je pense que c'est un joueur qui n'accepte pas quelque part "l'échec". Il a eu des passages un peu difficiles en France où il n'a pas toujours joué. Je pense que ça l'a galvanisé». Un état d'esprit que le milieu essaye d'avoir au quotidien nous confie Alexandre Coeff : «J'ai été surpris de l'esprit de compétition qu'il peut avoir que ce soit à l'entraînement ou en match. Il s'énerve assez vite quand son équipe perd ou quand il rate des choses. Il est très exigeant avec lui-même et avec les autres. Je pense que c'est ce qui fait qu'aujourd'hui il progresse vite».

Travail, rigueur et une bonne dose de talent, voici donc la recette du succès de Yacine Brahimi. Si le footballeur a de nombreux atouts en poche, l'homme fait aussi l'unanimité. Un vrai bosseur qui ne manque pas d'humour d'après Alexandre Coeff : «C'est un gros chambreur. Il aime ça. Forcément, quand on le chambre ça va être le premier à répondre avec beaucoup d'humilité et de sympathie. Moi, je me suis assez bien entendu avec lui comme la plupart des joueurs de Grenade. Il a aussi son caractère. Il dit facilement ce qu'il pense donc ça peut être à double tranchant». Malgré les sollicitations et le succès, le jeune homme de 24 ans a aussi su garder la tête sur les épaules. «C'est quelqu'un de très simple et de très humble, nous explique Aissa Mandi. Par rapport à ce qu'il fait depuis le début de saison, il est resté le même. Que ce soit à Grenade ou à Porto où il brille, il est toujours resté la même personne». Un avis que partage forcément son conseiller François Gil qui l'a vu grandir : «Yacine n'a pas beaucoup changé. Il a gagné en maturité. C'est un garçon très bien élevé et éduqué. C'est un vrai professionnel. Il a une bonne hygiène de vie. Compte tenu de son parcours, c'est un garçon qui est humble. Parfois, il est un peu réservé donc ça peut peut-être laisser penser qu'il se la raconte. Mais pas du tout. C'est un garçon très professionnel. Partout où il est passé, il a laissé une bonne image. C'est aussi quelqu'un de rangé. Il est marié et il a une petite fille. Je pense que son parcours l'oblige à garder les pieds sur terre». Totalement épanoui sur et hors du terrain, Yacine Brahimi vit certainement la meilleure année de sa carrière. Mais le footballeur peut encore aller plus loin. Jusqu'où ira-t-il justement ? Seul l'avenir nous le dira...

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