Rencontre avec ces Français du bout du monde : Brice Desjardins

Par Khaled Karouri
7 min.
Thierry Henry n'est pas le seul français à New York @Maxppp

À l'heure où bien des joueurs décident de plier bagage direction la Grèce ou la Turquie, d'autres footballeurs n'hésitent pas à filer encore plus loin dans le but d'exercer leur métier et de découvrir de nouvelles cultures. Rencontre avec ces Français partis aux quatre coins du globe.

Qui dit football français et New York dit bien évidemment Thierry Henry. Mais d'autres représentants tricolores croquent Big Apple, à l'image de Brice Desjardins, président du New York Stars Athletic Club, centre de formation dirigé par des Français. Contacté par nos soins, l'ancien éducateur du Red Star 93 vous explique ce projet : « Le New York Stars Athletic Club est un centre de formation pour les 12-20 ans. Nous évoluerons la saison prochaine dans la meilleure ligue de jeunes des USA. Notre but est de mieux former les joueurs et les entraîneurs afin d'apporter un football différent. Ici, la pratique du football y est très anglo-saxonne avec son style de jeu (Kick and Run) et des joueurs très forts physiquement. C'est logique : pendant des années le seul championnat de soccer diffusé à la télévision américaine était la Première League Anglaise. Nous avons opté pour autre chose, nous apportons une autre culture du football, plus technique axée sur le beau jeu. Par ailleurs, notre grande différence est la qualité des diplômes de notre club : nous sommes par l'intermédiaire de notre directeur technique diplômés du D.E.F. de la Fédération Française de Football. Rares sont les clubs amateurs ayant des entraîneurs de ce niveau et de cette expérience ».

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Un projet ambitieux donc, mais comment a-t-il germé ? « J'étais un joueur et un éducateur du Red Star 93 lors de la saison 2008-2009 lorsque l'on m'a proposé de signer dans un club de New York en 2ème division. Lors de cette saison j'ai pu visiter les centres de formation des franchises américaines dans certaines villes des USA et ce que j'y ai vu était très surprenant. Des méthodes d'entraînement peu adaptées, des entraîneurs peu ou pas diplômés. Nous le voyons dans quelques détails assez déroutants, j'ai vu des entraîneurs apprendre à des jeunes pousses à faire des roulettes ou des passements de jambes alors qu'ils n'étaient déjà pas capables de faire de passes simples à quelques mètres, ou encore un entraîneur féliciter son joueur d'avoir effectué un centre de l'extérieur du pied sans lui apprendre qu'au football nous avons deux pieds ». Et ce centre de formation progresse peu à peu :

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« Nous avons la même structure juridique qu'un club professionnel, nous avons une marque et bientôt des produits dérivés. Nous sommes encore jeunes donc peu de personnalités du football nous connaissent, seules quelques personnalités nous ont adressé des petits mots d'encouragement pour la suite : Jean Luc Arribart, Didier Roustan, Renald Pedros, Younès Kaboul ou encore Jérémie Janot. Mais pas encore de soutien officiel. Il y a bien sûr quelques joueurs particulièrement doués, mais pas sur les mêmes critères qu'en Europe, nous n'avons pas encore de bons techniciens mais ici nous avons des garçons très athlétiques, mieux coordonnés et surtout beaucoup plus rigoureux dans leur implication, c'est typique de la mentalité américaine, ce sont des gagneurs et des travailleurs, c'est un grand plaisir de travailler avec ces garçons. Les parents eux sont très contents, d'abord ils reconnaissent le professionnalisme et enfin ils ont un club formateur proche de chez eux : leurs enfants rentreront moins tard des entraînements, ils auront plus de temps pour leur devoirs. Nous leurs expliquons que seuls quelques-uns de nos joueurs passeront le cap professionnel, mais nous les rassurons en imposant une ouverture sur d'autres métiers et d'autres passions ».

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Et, non content d'avoir mené à bien cette initiative, le but est maintenant pour Brice Desjardins de créer un Peformance Center : « C'est le sujet le plus compliqué que nous avons eu à traiter à NYC. Pour bien comprendre, il faut savoir que NYC a une politique très business de la gestion de terrain de sport, il ne concède pas de bail long-terme sur leurs terrains mais seulement des locations à l'heure... Ensuite la plupart des terrains sont multi-sports, vous y trouverez les marquages de football américain sur les côtés et des bases de Baseball au niveau des poteaux de corners... Le plus incroyable pour nous c'est que la plupart de ces terrains sont dépourvus de sanitaires ! Les jeunes viennent au stade et repartent sans passer par la douche ! Vous comprendrez que cette gestion est incompatible avec l'éducation du footballeur de haut niveau que nous souhaitons mettre en place. Alors nous avons choisi de créer notre propre terrain, nous ne parlons pas de stade pour recevoir du public, mais un terrain à taille réglementaire FIFA avec un Club-House, des vestiaires et un espace culturel. Ayant une bonne expérience de l'immobilier, métier que j'ai pratiqué 10 ans conjointement avec ma carrière de footballeur, j'ai pu imaginer la faisabilité d'un performance center complètement et uniquement dédié au soccer. Nous espérons être un exemple à suivre et montrer à la ville de New York que la formation de bons footballeurs passe aussi par des structures adaptées ». Être un exemple à suivre, tel est donc le but. C'est tout le mal qu'on lui souhaite.

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