Sans club, ils sont prêts à rebondir grâce à l’UNFP FC !

Par Matthieu Margueritte
7 min.
L'UNFP FC aide les joueurs au chômage @Maxppp

Créé par le syndicat des joueurs professionnel (UNFP), l'UNFP FC est le dernier né d'une multitudes de programmes destinés à venir en aide aux joueurs sans contrat.

Dans le monde du football, l'été est animé par le mercato. Une période durant laquelle de folles sommes circulent aux quatre coins de la planète entre des clubs désireux de dégraisser et de se renforcer. Pourtant, nombreux sont les joueurs à se retrouver en marge de ce marché. Libres, certains peinent à retrouver une équipe pour poursuivre leur carrière. En France, il existe divers programmes pour venir prêter main-forte à ces joueurs dans l'attente. Et cette année, le syndicat des footballeurs professionnels, l'UNFP, a mis les bouchées doubles avec la création de «son club» : l'UNFP FC. Une structure professionnelle qui accueille ces éléments en quête de club dans des conditions exceptionnelles. Du 22 au 26 juin, c'est dans l'antre des Bleus à Clairefontaine que l'UNFP leur a donné rendez-vous avant de s'exiler du côté de Lisses, dans l'Essonne, du 27 juin au 08 août.

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Un staff technique bénévole

Rencontré à cette occasion, René Charrier, vice-président de l'UNFP, nous a présenté ce programme d'aide aux joueurs. « C'est le programme d'un club : l'UNFP Football Club. Tout est fait, à la fois dans l'organisation, dans le staff, dans les soins, pour qu'il n'y ait pas de rupture entre le club dans lequel ils étaient et notre club. Il y a à peu près 260 joueurs libres, dont certains trouvent rapidement. Pour les autres, on leur propose de s'inscrire. Les premiers arrivés sont souvent les premiers servis. Il y a quand même des ajustements en fonction des postes parce qu'on ne peut pas prendre 20 défenseurs par exemple. On essaie d’équilibrer tout ça. Ce que l'on souhaite à ces joueurs c'est de rester très peu de temps dans ce club éphémère. On démarre avec un groupe de 24-25 joueurs. » Les heureux élus se retrouvent ainsi encadrés dans des séances d'entraînement dignes d'une formation professionnelle et dirigées par un staff technique bénévole à l'instar de l'ancien international marocain et ex-défenseur de Caen, Aziz Ben Askar.

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« Depuis près deux ans je passe mes diplômes. L'UNFP m'a fait part de son envie de me voir ici avec la nouvelle structure UNFP FC pour encadrer le stage de présaison. C'est un devoir de venir aider. C'est l'état d'esprit de l'UNFP : d'être là dans les moments difficiles. Ça fait partie du métier. C'est peut-être reculer pour mieux sauter. Il faut donner de soi, donner de son temps. Je n'ai pas pris de vacances pour venir aider, mais je le fais avec plaisir. C'est l'UNFP qui constitue le staff avec ceux qui sont volontaires. Pour participer à ça, il faut être dans cet état d'esprit. Il faut que le staff ait envie d'aider. C'est ce qui m'a animé. (…) Avec le reste du staff, on s'est rencontré dix jours avant la reprise dans les locaux de l'UNFP pour faire une réunion technique. Il y a aussi un préparateur physique qui est là. Il y a un planning, tout est calculé pour que les joueurs soient compétitifs avant les autres afin de se montrer. La première mission qu'on a c'est de créer un groupe, un état d'esprit. Et aussi de construire une équipe, donc avant tout d'être compétitif. Le joueur qui intègre un club, on sait qu'il est prêt. Il peut intégrer un groupe. » Pour décrocher ce précieux sésame, les stagiaires peuvent compter sur les matches amicaux programmés tout a long du stage face à des adversaires de qualité (le 03/07 contre Nancy, le 08/07 contre Clermont et Valenciennes, le 15/07 face au Red Star, le 24/02 contre Dijon, le 29/07 contre Guingamp et le 01/08 face à Strasbourg). Un stage prévu pour durer sept semaines, mais qui fait également du rab pour ceux ne parvenant pas à trouver preneur après cette série de rencontres. « On fera une coupure parce que les championnats vont reprendre. Après on fait quelques séquences d'une semaine parfois jusqu'au mois d'octobre en fonction des amicaux qu'on trouve », précise René Charrier.

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Grégory Coupet, un parrain impliqué

Véritable bouée d'oxygène, l'UNFP FC peut également compter sur le soutien de son parrain : Grégory Coupet. Rangé des terrains verts, l'ancien gardien de l'Olympique Lyonnais et du Paris Saint-Germain est le trait d'union parfait entre une organisation et les joueurs. Un lien séduit par ce projet, sans volonté d'en tirer profit. « J'ai été élu parrain du club UNFP. Je suis très honoré. J'ai eu la chance de ne pas participer à des stages comme ça quand j'étais en activité. Je ne suis pas là que pour l'image. Je vais leur parler individuellement. Ce sont de vrais pros en même temps. Je ferais le parallèle avec une blessure. Quand tu te blesses, il y a un côté où la lumière s'éteint. C'est là où il faut avoir une force de travail, de conviction. L'UNFP est là pour rattraper ces mecs-là et leur rappeler qu'ils sont tout sauf seuls. S'ils s'investissent, il n'y pas de raison que ça ne marche pas. Aujourd'hui, si je suis là c'est pour montrer la solidarité qui existe entre les footballeurs. L'UNFP met beaucoup de choses en avant. Il suffit de regarder : on est à Clairefontaine, l'antre du football français. Il y a une mise en avant de ces joueurs-là qui sont une période un peu délicate psychologiquement. (…) On leur propose d'appartenir à un club, d'être dans une structure club. On implique tout le monde pour que chacun participe à la vie de groupe. Ça doit leur changer du contexte morose. Ils se prouvent qu'ils sont encore en forme. Il y a des tests physiques. Ce sont des joueurs qui ne lâchent pas. Quand vous appartenez au club UNFP, on est bien regardé, il y a du monde autour. Il y a vraiment des moyens de se faire reconnaître. Ce club doit leur permettre de vite rebondir. »

Une quête de contrat sous le signe du collectif

D'autant qu'en plus des rencontres amicales, ces laissés pour compte peuvent aussi compter des connexions du syndicat pour redonner un second souffle à leur carrière. « L'UNFP a beaucoup de réseaux. Le club UNFP est reconnu. Dans la configuration du football actuel, il y a un vrai marché de la recherche de la bonne occasion. Ces joueurs-là sont plutôt jeunes. Il y a du potentiel, et si en plus ils sont pas chers dans le marché actuel, ça peut intéresser beaucoup de monde », espère Coupet. Cependant, pas question pour autant de faire la fine bouche. « J'ai fait toute ma carrière en France, mais j'arrive à un âge où un challenge à l'étranger serait intéressant. Après, il ne faut pas se voiler la face. On est dans une situation où on prendra les challenges qui se proposeront à nous. Si c'est en France, très bien. Si c'est à l'étranger, il faudra analyser les tenants et les aboutissants », nous a expliqué l'un des participants, l'ancien gardien d'Orléans et de Reims, Arnaud Balijon. Mais une chose est sûre : dans un milieu où décrocher un contrat est souvent synonyme de bataille acharnée, la vingtaine de stagiaires présents mercredi dernier à Clairefontaine préféreront la jouer collectif. « Dans le programme du stage qui va durer sept semaines, on a des amicaux de prévu. On va jouer Nancy, Châteauroux, le Red Star, Guingamp. Forcément durant ces matches il y aura des recruteurs. C'est une belle vitrine. On ne cherche pas à se montrer individuellement, c'est le collectif », nous a expliqué l'ancien Parisien Youness Bengelloun (32 ans) passé la saison dernière au FC Goa en Inde. Un état d'esprit confirmé par Raphaël Romey (34 ans), présent lui aussi en Indian Super League en 2014 (au Kerala Blasters). « Je ne ressens pas trop le fait de joueur sa carte perso. On est tous dans le même bateau. Le football c'est un sport d'équipe. Si un tel ou untel pense à la carte personnelle, ça va forcément jouer sur les résultats et le jeu de l'équipe. Les joueurs ont bien intégré ça. »

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Présent parmi les chercheurs de contrat, Bengelloun fait d'ailleurs partie des quelques noms connus du football français. Ainsi, dans la liste des stagiaires présents communiquée par l'UNFP le 27 juin dernier, on retrouve le gardien Magno Novaes (meilleur gardien de L2 en 2011/2012) ou l'ancien joueur de l'OM Therry Racon. D'autres noms encore plus connus, tels que le défenseur Bernard Mendy, devraient compléter cette liste à partir du 1er juillet, une fois leur contrat terminé et en attendant de rebondir. Un espoir loin d'être vain. Rencontré mercredi dernier, le gardien Arnaud Balijon (32 ans, + de 180 matches de L2) a en effet trouvé preneur quelques jours après notre passage puisqu'il s'est engagé avec le Red Star, promu en L2 cet été.

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