Temps Additionn’Elles : Mélody Donchet, championne du Monde de freestyle

Par Quentin Siebman - Dahbia Hattabi
6 min.
Mélody Donchet, une footballeuse pas comme les autres @Maxppp

Footballeuse et artiste à la fois, Mélody Donchet manie le ballon comme peu de femmes. À 24 ans, cette freestyleuse a été élue championne du Monde de sa discipline en 2014. Une belle revanche pour cette Nordiste passée par des moments beaucoup plus délicats il y a quelques années. Portrait d'une jeune femme à la technique et au talent incroyables...

"Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort". Une phrase qui résume à elle seule l'état d'esprit de Mélody Donchet. Un nom qui ne vous dit peut-être rien. Pourtant cette jeune femme âgée de 24 ans a été sacrée championne du Monde de football freestyle en 2014. Comme un symbole, c'est au Brésil, à Salvador de Bahia, qu'elle a décroché ce titre devant un jury composé de Raï ou du célèbre freestyleur Séan Garnier. Une belle victoire pour cette femme à la rage de vaincre incroyable. Pourtant, son destin aurait pu être tout autre. Initiée par son frère au football, cette Nordiste a très vite tâté le cuir. «J'ai commencé en club à l'âge de 5 ans. Je jouais avec des garçons jusqu'à 15 ans. Puis j'ai dû jouer avec des filles et j'ai intégré un club féminin. J'ai joué jusqu'en DH (...) Déjà plus jeune, l'entraîneur de l'Équipe de France des moins de 17 ans me suivait. À 16 ans, j'ai fait partie des sept meilleures joueuses de la région Nord-Pas-de-Calais. J'ai participé à la coupe nationale avec les meilleures joueuses. Il y avait des sélections pour entrer en Équipe de France ou jouer avec un club de D1. Je devais faire des essais pour jouer avec un club de D1 et je n'ai pas pu car je me suis cassée le genou». Une vraie malchance pour la jeune femme âgée de 18 ans à l'époque : «Comme mon club féminin était loin, je m'entraînais la semaine avec les moins de 20 ans d'un club près de chez moi. C'était le dernier entraînement de la saison avec les garçons. Je me suis fait ça toute seule. J'ai voulu frapper. Mon pied est resté planté au sol et mon genou est parti...»

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Ses espoirs de devenir footballeuse professionnelle se sont aussi envolés à ce moment précis. «Mon médecin m'a dit que mon genou était bien abimé et qu'il fallait arrêter le football. Je n'étais vraiment pas bien du tout. Je voulais vraiment être joueuse professionnelle». Une fois le coup encaissé, Mélody Donchet a découvert par hasard le freestyle, discipline dérivée du football : «Je me suis faite opérée début septembre 2008. J'ai juste fait la rentrée des classes, mais je ne suis pas allée à l'école pendant deux mois. Comme le médecin avait peur qu'il y ait des complications, je n'avais pas le droit de sortir de chez moi. Je m'ennuyais. En rangeant ma chambre, je trouve par hasard un DVD sur le freestyle que l'on m'avait offert quand je jouais encore. Je ne l'avais jamais regardé parce que je voulais devenir footballeuse professionnelle. Le freestyle ne m'intéressait pas. Mais j'ai quand même regardé ce DVD». Surprise dans le bon sens, la jeune femme en pleine convalescence a commencé à vivre le football différemment. «J'ai commencé à m'entraîner le haut du corps et les mains. J'avais encore les jambes dans l'attelle. J'ai trouvé ça facile. Puis j'ai retiré l'attelle et j'ai eu une attelle articulée. J'ai commencé à faire des jongles dans mon jardin, à imiter des gestes. C'est venu comme ça».

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Footballeuse et artiste

Après avoir attrapé le virus, Mélody Donchet s'est donc lancée dans le freestyle en 2009. Une discipline pratiquée par 80 femmes dans le monde. Douée, elle attire vite l'attention. Ses vidéos font le tour du web. L'une d'entre elles postée en 2010 a fait 700 000 vues. Elle se fait aussi un nom dans le milieu du freestyle en rejoignant le S3 Society : «En 2009, il y avait un meeting de freestyleurs à Paris. J'y suis allée et j'ai participé au concours alors que je n'avais pas le niveau. J'ai fait un petit truc et l'équipe a vu que j'avais du potentiel. J'ai fait quelques shows avec eux et j'ai intégré la team S3 en 2010 C'est une équipe qui n'est composée que de freestyleurs professionnels. On est tous titrés. C'est l'équipe la plus titrée au monde. On fait des shows ensemble». Depuis, la freestyleuse voyage beaucoup et vit pleinement de sa passion : «Ça fait six ans que je vis du freestyle. J'en vis bien. Je fais des shows un peu partout dans le monde pour des marques, des pubs, des évènements, des clips musicaux, des matches de foot ou des évènements sportifs. C'est du sport et de l'art en même temps». Une discipline qui demande néanmoins un investissement et un travail quotidien. «Je m'entraîne seule. J'essaye de m'entraîner un peu tous les jours. Ca va généralement de deux heures à six ou sept heures par jour». Des sacrifices que n'a pas hésité à faire Mélody Donchet. Outre son talent, c'est certainement ce qui lui a permis d'être sélectionnée pour le Red Bull Street Style en novembre dernier. «Il y a la compétition des hommes et celle des femmes. Pour les filles, on a fait une vidéo de qualification l'été dernier. Une vidéo de 1 minute 30 sans montage et où on ne fait pas tomber la balle. Ils ont sélectionné les 8 meilleures qui se rencontrent lors des championnats du monde. Ça se passe sous forme de battle de 3 minutes».

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La Nordiste a finalement été auréolée du titre de championne du Monde de foot freestyle au Brésil. Une vraie fierté pour elle: «Je n'y croyais pas. Comme le championnat du Monde se passait au Brésil, je voulais y aller pour découvrir ce pays que je ne connaissais pas. Mon but c'était juste d'être dans le top 4. Gagner, je n'y pensais même pas. J'avais perdu les années précédentes. Le fait d'y être allée sans pression m'a aidé à remporter ce titre». Finaliste lors des deux éditions précédentes, elle a appris de ses échecs. «Cette année j'ai réussi à gérer le stress. Le niveau, d'après les autres freestyleurs, je l'avais pour gagner. Je me suis plus préparée mentalement». Si elle a atteint son but en devenant la reine de la discipline, Mélody Donchet aura fort à faire pour garder sa couronne. «Ma prochaine grande compétition ce sont les championnats du monde Red Bull. Je vais essayer de conserver mon titre. Après, j'ai atteint mon objectif. Il y a beaucoup de filles avec un bon niveau qui commencent à arriver. J'aimerais gagner. Mais ce n'est pas mon but». En attendant, la freestyleuse continue de voyager aux quatre coins du monde pour se produire lors de shows exceptionnels. Elle est également présente lorsque le célèbre freestyleur français Séan Garnier défie des joueurs comme Neymar. Une chose que Mélody Donchet aimerait bien tenter elle aussi. La jeune femme a d'ailleurs sa petite idée sur le footballeur qu'elle souhaiterait défier : «Zlatan (sourire). Il avait comparé le foot féminin au foot masculin et il avait dit que les filles n'avaient rien à faire sur un terrain. J'aimerai lui montrer le contraire». Reste à savoir si Ibrahimovic sera sensible à cet appel du pied...

Rendez-vous sur la page Facebook officielle de Mélody Donchet pour la voir dans ses œuvres : https://m.facebook.com/melofficialS3?ref=bookmark

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