Temps Additionn'Elles : Sarah Bouhaddi, les poings de la victoire

2015, une année exceptionnelle dans la carrière de Sarah Bouhaddi ? Avec l'OL Feminin, la gardienne a réalisé le doublé coupe-championnat. Seule petite ombre au tableau : une élimination précoce en Ligue des Champions face au PSG. Une déception pour la Française âgée de 28 ans qui demeure une vraie compétitrice. «Ça reste quand même une très bonne saison. On a rencontré une bonne équipe parisienne qui nous a éliminé en Champions League. Sur le coup, on a été déçue car notre objectif était de faire le triplé. Mais je pense qu'il n'y a pas beaucoup de clubs qui parviennent à faire un doublé avec 22 victoires sur 22 matches en championnat». Un sans faute qui lui a offert un sixième titre national sous le maillot de l'Olympique Lyonnais. Un club que la native de Cannes a rejoint en 2009. Avant cela, la Française est passée par Toulouse (2005-06) puis par Juvisy (2006-09). C'est là-bas qu'elle a soulevé son premier trophée de Championne de France en 2006. La suite on la connaît. Six titres nationaux dans les cages rhodaniennes, quatre Coupes de France et deux Ligues des Champions. Depuis 2004, Sarah Bouhaddi a aussi enfilé le maillot frappé du coq. Petit à petit, la gardienne qui totalise 86 sélections en Équipe de France Féminine s'est adjugé le fauteuil de numéro un.

Un statut qu'elle gère d'une main de maître grâce à l'aide de ses partenaires. «Il n'y a pas trop de différences. Ça fait quelques années que je suis numéro un. Je prépare mes matches, les uns après les autres. Les gardiennes qui sont avec moi essayent de me mettre dans les meilleures conditions. Avec l'entraîneur des gardiennes, ça se passe bien aussi». Avec Méline Gérard et Céline Deville, la sélection possède des gardiennes aux qualités différentes. Des qualités, Sarah Bouhaddi en a aussi, elle qui demeure titulaire à son poste. «Contrairement aux autres gardiennes, je pense que j'ai une qualité différente. Je sors beaucoup dans les airs. J'ai un jeu au pied qui est intéressant et puis je suis capable de faire des choses à tous moments. Je ne sais pas quelles sont mes autres qualités. Mais je suis assez complète. À moi de le montrer au moment présent». Mais pour en arriver là, l'ancienne joueuse de Juvisy a travaillé d'arrache-pied. Elle s'est aussi inspirée des meilleurs. «Étant jeune, je regardais beaucoup Mickaël Landreau. Ensuite, il y a eu Hugo Lloris que j'ai côtoyé à Lyon. Maintenant, je m'inspire beaucoup de Manuel Neuer qui est le gardien qui fait évoluer le poste parce qu'aujourd'hui ce n'est plus être un simple gardien, être dans son but et arrêter le ballon. C'est participer au jeu de l'équipe. C'est vrai que Manuel Neuer le fait beaucoup. C'est quelqu'un dont je m'inspire beaucoup».

Le Mondial, un rêve d'enfant

Espérons pour Sarah Bouhaddi qu'elle soit aussi décisive que le portier allemand, champion du Monde l'été dernier au Brésil. Son rôle sera primordial pour tenter de remporter le Mondial au Canada. Un véritable rêve pour la jeune femme : «C'est un rêve. Avec mon club, on a tout gagné aujourd'hui avec Lyon. L'objectif principal maintenant c'est cette Coupe du Monde. Je pense que c'est un rêve pour tout le monde. Un rêve d'enfant. Aujourd'hui, on y va dans l'optique de la remporter (...) On a un groupe, une équipe qui peut remporter cette Coupe du Monde et qui a les qualités. Aujourd'hui, l'objectif est de finir parmi les trois premiers voire de la remporter». Mais avant de toucher du doigt son rêve, la joueuse de l'OL et les Bleues auront un long chemin à faire. Un parcours du combattant qui débutera le 9 juin prochain face à l'Angleterre, sixième au classement FIFA. Un adversaire coriace dont la France devra se méfier. Mais ce ne seront pas les seules... «Si on regarde le classement FIFA, l'Allemagne, les Etats-Unis, le Brésil et le Japon font partis des favoris avec la France. Mais après, tout le monde peut être favoris. Comme je le dis, c'est une Coupe du Monde. Ce sont des conditions complétement différentes. Donc il va falloir se méfier de tout le monde». La demoiselle fait preuve de prudence.

La prudence, c'est justement un réflexe qui a sauvé Sarah Bouhaddi bien des fois sur sa ligne de but. En attendant d'enfiler les gants, la footballeuse de 28 ans se prépare tranquillement avec la sélection. Ce, malgré les attentes que suscitent les Bleues, troisièmes au classement FIFA. «Aujourd'hui, nous n'avons pas trop de pression parce que c'est encore loin. Il est vrai que la France fait partie des nations qui sont favorites. C'est une Coupe du Monde. On est favorite par rapport aux résultats qu'on a fait en matches amicaux. Je pense que la Coupe du Monde sera complétement différente. Il va falloir jouer match après match». Les pieds sur terre, Sarah Bouhaddi sait que la France comptera sur ses poings pour se rapprocher de Vancouver, lieu de la finale du Mondial 2015. Une excellente préparation avant un rendez-vous important dans quatre ans en France. «C'est encore loin. 2019 ce sera sûrement une autre génération. Aujourd'hui, on ne se projette pas encore aussi loin. On sait que la France a remporté cette candidature, mais on se prépare pour le Canada». Agé de 32 ans dans quatre ans, Sarah Bouhaddi pourrait encore participer à cette fête. Mais elle ne se projette pas aussi loin. Il est en est de même lorsqu'elle parle de son avenir à l'OL où son contrat prend fin en 2016. «Je suis bien à Lyon. Je suis dans de bonnes conditions. Je suis dans le meilleur club d'Europe. Mon objectif est de finir à Lyon. Enfin, on verra. Je suis sous contrat. Au moment où je serai en fin de contrat je discuterais avec mes dirigeants pour savoir ce qu'ils comptent faire avec moi». Sarah Bouhaddi se concentre sur son avenir à court terme à savoir la Coupe du Monde 2015. Une compétition dont elle espère sortir le poing levé...