Zlatan Ibrahimovic, le super-héros de la Suède

Par La Rédaction FM
7 min.
PSG Zlatan Ibrahimović @Maxppp

La Suède ne disputera pas la prochaine Coupe du monde. Un coup dur pour les amoureux de gestes époustouflants, puisque le Mondial se fera sans Zlatan Ibrahimovic. La compétition sera donc privée d'un élément de poids, capitaine emblématique de la formation scandinave. Mais comment l’enfant d’immigrés ayant grandi dans un quartier pauvre de Malmö est-il devenu cette icône nationale ? Décryptage.

Le mercredi 18 juillet 2012, Zlatan Ibrahimovic s’engageait officiellement en faveur du Paris Saint-Germain. 18 mois plus tard, le canonnier a déjà marqué l’histoire du club de la capitale, et du championnat de France. À coup de buts (73), de déclarations chocs, et de gestes de classe : le numéro 10 francilien s’est fait une place de choix dans l’imaginaire commun. Celui dont le charisme ne souffre d’aucune contestation est l’homme fort de la Ligue 1, lui qui dispose de sa propre marionnette aux Guignols, et qui est même entré dans le vocabulaire de tout un chacun avec le verbe « zlataner ». Mais si le goleador est donc en train de faire un tabac dans l’Hexagone, il s’est d’ores et déjà imposé comme une légende en Suède. Capitaine de l’équipe scandinave, comment l’avant-centre aux 48 buts en 97 capes en sélection nationale est-il entré au Panthéon du football local ? Enquête.

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Un héros national

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L’histoire commence le 31 janvier 2001. Lors d’un match face aux Îles Féroé (0-0), l’attaquant alors âgé de 19 ans fait ses premiers pas sous le maillot de la formation suédoise, aux côtés de l’ancien latéral gauche Erik Edman. Ce dernier, contacté par nos soins, se souvient : « On a fait nos débuts ensemble, dans le même match, face aux Îles Féroé. Il était déjà impressionnant, avec une vraie présence athlétique. C’est un coéquipier qui en demande beaucoup, il réclame à ses partenaires de se mettre à son niveau d’exigence. Il veut gagner coûte-que-coûte. Je pense que, avec l’âge, il est devenu un grand leader. Il a conscience du fait que, pour gagner encore et encore, il a besoin d’impliquer ses coéquipiers, même moins talentueux, pour que l’équipe franchisse un palier ».

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Les paliers, Zlatan les a franchis un à un pour rentrer dans le cœur des Suédois. Et si l’ancien buteur Henrik Larsson a longtemps eu les faveurs du grand public au pays, Ibra a su mettre tout le monde d’accord, Edman le premier : « Parmi les joueurs avec qui j’ai évolué, j’ai longtemps placé Henrik Larsson au-dessus de Zlatan, même chose pour mon coéquipier à Tottenham Ledley King. Mais en voyant ce qu’il fait ces dernières années, je dois avouer qu’il est à un niveau avec lequel seuls Messi et Cristiano Ronaldo peuvent rivaliser. Dans toute l’histoire du football suédois, je pense que personne ne lui arrive à la cheville en termes de popularité. Plus il a pris de l’âge, plus il est devenu populaire en Suède. Il est, sans contestation possible, la personne la plus populaire du pays. Je dirais que le Roi ou le premier ministre ne sont même pas à son niveau ».

Disposant même de son propre timbre, chose très rare pour un athlète (la légende du hockey sur glace, Peter Forsberg, a été le dernier sportif à avoir son propre timbre après son pénalty décisif en finale des Jeux Olympiques de Lillehammer en 1994, Ndlr), Ibra est une véritable icône. Pourtant, au vu de son caractère bien trempé, la bataille était au départ loin d’être gagnée. C’est en tout cas l’avis de Kristopher Karlsson, journaliste à Aftonbladet : « C’est clair que, à ses débuts, il était perçu comme une personne égocentrique au pays. Mais, avec le temps, le public a fini par comprendre que c’était quelqu’un de marrant, quelqu’un de bien, qui use de son arrogance pour divertir les gens. Sa popularité n’a jamais été aussi grande en Suède, il est notre plus grand symbole national. Il n’entre pas dans le stéréotype du Suédois, et du coup certains trouvent qu’il parle trop. Par exemple, il a essuyé de nombreuses critiques suite à ses déclarations sur le football féminin. Ses déclarations étaient stupides, mais la polémique s’est déjà estompée, notamment du fait de sa récente pub avec Volvo, très appréciée ici. Avec le temps, Zlatan est en train de remporter la bataille face à ses détracteurs ».

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Un modèle pour toute une génération

Et si Zlatan conserve encore quelques farouches détracteurs, l’immense majorité des Suédois lui vouent un culte. Mais c’est aussi et surtout dans les quartiers les plus défavorisés que le redoutable buteur a la cote, considéré dans ces zones comme un véritable héros. Né d’un père bosnien musulman et d’une mère croate catholique ayant tous deux émigré en Suède avant de se rencontrer, Ibrahimovic est bien plus qu’un symbole : « Il est né en Suède, de parents immigrés. Je pense que c’est dans les quartiers de Suède que Zlatan est le plus apprécié, là où certains sont victimes de discrimination. Là-bas, il est plus qu’un symbole, il est un héros. Je dirais que, d’une certaine manière, il contribue à faire évoluer la société suédoise. Pour un héros national, être né de parents immigrés et venir de Rosengård (quartier de Malmö où l’immigration est importante et où le taux de chômage est élevé, Ndlr) n’est pas commun », affirme Kristopher Karlsson.

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Un avis que partage d’ailleurs l’ancien défenseur Erik Edman, qui n’hésite pas à établir un parallèle avec le champion du monde 1998 et monument du football français, Zinedine Zidane : « Le football suédois compte de nombreux joueurs ayant des origines étrangères. Je suis sûr qu’il a été une véritable inspiration pour eux, que son succès les guide pour accomplir leurs rêves. Le nom de Zlatan représente quelque chose de grand pour nous, c’est l’équivalent de Zizou pour vous », s’enflamme-t-il.

Un joueur qui n’a de cesse de se bonifier

Le constat est limpide : celui qui a inscrit un retentissant quadruplé face à l’Angleterre le 14 novembre 2012, avec notamment un retourné d’anthologie, est donc un symbole, un héros, qui transcende les clivages générationnels, géographiques, communautaires, pour faire l’unanimité ou presque. Et forcément, un tel joueur oblige ses nombreux fans à le suivre au plus près. Rien d’étonnant donc à voir la Ligue 1 passer de l’anonymat le plus total à une médiatisation sans précédent en Suède : « Il est clair que la Ligue 1 est aujourd’hui plus regardée. Il existe d’ailleurs un mot pour décrire ceux qui suivent tout ce que fait Zlatan, on les appelle les Zlatanistes. Ils le regardent, peu importe l’équipe où il évolue. Par exemple, la chaîne diffusant le championnat italien a perdu bien des téléspectateurs suite à son départ de la Serie A. Je pense que, s’il allait en MLS, les gens se mettraient à suivre ce championnat », s’amuse Kristopher Karlsson. En attendant, c’est bien en France et au PSG que le buteur de 32 ans fait des ravages, lui qui a le 24 septembre dernier prolongé son contrat jusqu’en 2016, prouvant son attachement au club de la capitale :

« Rejoindre Paris a été une grande décision. Il se plaisait à Milan, au club, à Milanello (le centre d’entraînement, Ndlr). Mais Milan n’avait plus l’ambition qu’est celle du PSG, et Zlatan aime l’ambition. Et puis il est heureux d’avoir l’écoute du président Al-Khelaïfi, en tant que star de l’équipe, ce qui n’était pas le cas à Barcelone par exemple. Je dirais que, sportivement, il est à son meilleur niveau. Généralement, il a toujours un coup de moins bien en février, chose qui n’a pas été le cas cette saison. Il est comme le bon vin, il se bonifie année après année. Il se murmure qu’il pourrait raccrocher les crampons après l’Euro 2016, mais on se dit que ce serait dommage quand on le voit continuer de progresser ainsi », déplore déjà le journaliste Kristopher Karlsson. C’est une certitude, imaginer celui qui a trouvé le chemin des filets à 23 reprises en L1 cette saison mettre un terme à sa carrière d’ici deux ans a de quoi provoquer un petit pincement au cœur. Mais avant de songer à cela, tous les amoureux de beau jeu et tous les Zlatanistes peuvent simplement contempler les performances de leur icône, et se remémorer cette phrase que lance Erik Edman : « Personne n’est meilleur que lui, et personne ne le sera ! »

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