L’étonnante résurrection de Boubacar Sanogo

« Les dirigeants de l’ASSE m’ont mis au placard comme un malpropre. (...) Ils m’ont fait passer pour un profiteur, un indésirable, comme quelqu’un qui volait le club. À un moment, ça suffit ! C’est inacceptable pour ma famille. Je veux faire respecter mes droits de salarié. Un employeur ne peut pas tout se permettre, ni tout dire sous prétexte que je suis footballeur. Je suis un être humain qui vit dans un État de droit. (...) Ils ont fait de moi un intrus au club. On m’a privé de maillot et d’équipements. On m’a interdit de m’entraîner avec les pros, de venir petit-déjeuner avec eux. On m’a retiré ma place sur le parking des joueurs et mes billets de match. On m’a interdit de figurer sur la photo officielle. On m’a imposé d’effectuer six heures de bus avec la CFA pour aller à Tarbes, où je n’ai pas joué. Si ce n’était pas du harcèlement moral, c’est quoi ? J’ai eu la sensation d’être une machine qui, comme elle ne produisait plus, était mise à la casse. Mais c’était encore pire. Car une machine, on ne la blesse pas à travers des mots ou des actes. Un homme oui. (...) On m’a traité de tout. On m’a humilié. Je suis devenu le salarié d’une entreprise qui ne m’a jamais défendu ».

Interrogé le 19 octobre dernier dans les colonnes de L’Équipe, Boubacar Sanogo n'y allait pas par quatre chemins au moment d'évoquer sa situation lorsqu'il évoluait du côté de l'AS Saint-Étienne. Il faut dire que, et il ne faudrait peut-être pas l'oublier, l'attaquant réclame aujourd’hui 7,7 M€ de dommages et intérêts aux Verts devant le conseil des prud’hommes de Saint-Étienne. Faisant partie, avec entre autres Sylvain Monsoreau, du luxueux loft des Verts, l'international ivoirien n'a jamais eu la partie facile dans le Forez, se faisant selon ses dires malmener par sa direction, qui lui a visiblement fait subir un calvaire en bonne et due forme. Arrivé à Geoffroy-Guichard lors de la saison 2009-2010, l'ancien du Werder Brême a dû attendre le 3 mars dernier pour être officiellement licencié.

Et s'il garde donc une dent contre l'ASSE, l'avant-centre peut toutefois se réjouir d'avoir su rebondir de la meilleure des manières. Car oui, le 4 juillet dernier, l’Energie Cottbus officialisait l'arrivée du natif de Dimbokro. Décidé à repartir de l'avant malgré le litige qui l'oppose encore à l'actuel troisième de la Ligue 1, Sanogo réalise une saison de très belle facture en D2 allemande. Loin de son statut de lofteur, le voilà redevenu buteur providentiel, lui qui a fait trembler les filets outre-Rhin à 9 reprises en l'espace de 15 matches, faisant de lui le co-meilleur buteur du championnat en compagnie de Mohamodou Idrissou. Encore embarqué dans une bagarre juridique avec les Verts, Sanogo retrouve donc le sourire sur les rectangles également verts d'Allemagne. Si le sportif peut prendre le dessus sur le reste, c'est bien là le principal.