EdF : les confessions d'Escalettes sur la grève et l'épisode du bus

Par Aurélien Léger-Moëc
3 min.
France @Maxppp

Il était l'un des acteurs principaux du psychodrame de Knysna. Ayant foi dans les révélations de L'Équipe, Escalettes a payé très cher sa décision d'exclure Anelka. Aujourd'hui, il revient sur les coulisses de la célèbre grève du bus.

Les semaines passent et de temps à autre, un nouvel éclairage nous parvient sur l’histoire de l’équipe de France à la Coupe du Monde 2010. Forcément, cela ne vient pas des joueurs toujours présents en Bleu sous l’ère Laurent Blanc. La volonté obsessionnelle du nouveau sélectionneur de faire une croix sur le passé empêche toute évocation du désastre de Knysna. Mais pour ceux qui ont depuis quitté leur poste, vider son sac est une activité prisée. Place cette fois-ci à l’ancien président de la Fédération française de football, Jean-Pierre Escalettes. Dans un entretien accordé à France Football, il est revenu sur les coulisses des évènements que tout le monde connaît. À commencer par l’élément déclencheur, les mots de Nicolas Anelka à l’encontre de Raymond Domenech.

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« Quelle que soit la phrase exacte que Nicolas Anelka a prononcée dans le vestiaire, à partir du moment où, devant tout le monde, il a traité son entraîneur d’ « enculé », ce n’était pas admissible. Il n’a pas voulu faire d’excuses publiques, il devait donc être exclu. Apparemment, il l’acceptait. Dans ma gentillesse habituelle, je lui ai indiqué qu’il rentrerait en Europe dans les meilleures conditions, en classe affaires, directement vers Londres, comme il le désirait. Il m’a juste demandé de pouvoir dire au revoir à ses potes. J’ai accepté. Après le repas, ils se sont tous réunis dans une salle de l’hôtel. Cela a duré longtemps, et j’ai pensé que ce n’était pas très bon signe. Mais il y a eu des rires aussi ! (…) Que leur a dit exactement Anelka ? Quand il a quitté l'hôtel (à Knysna), je lui ai juste souhaité ?''good luck !'' Il m'a répondu qu'il ne m'en voulait pas. Je me demande si ce n’est pas un personnage double. Personne, en tout cas, ne m’a pas parlé d’une grève possible », raconte Escalettes.

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Déjà stigmatisé pour le temps de latence entre cet incident et l’exclusion d’Anelka, Escalettes avait rappelé que l’information lui avait été remontée tardivement par Domenech. Et s’il n’a pas vu venir la grève, il n’a pas réussi, comme tous ceux qui ont essayé, à convaincre les joueurs de quitter le fameux bus pour débuter l’entraînement.« Aucun joueur que j'avais face à moi n'a manifesté quelque chose, Il n'y avait pas d'agressivité, mais pas de discussion possible. Ils me regardaient sans moufter, sans baisser les yeux non plus, comme s'ils avaient fait un serment sur la Bible ou le Coran. Jérémy Toulalan m'a simplement dit : "Vous ne nous avez pas soutenus, vous deviez porter plainte contre L'Équipe !". J'ai évoqué la liberté de la presse, mais je crois qu'ils étaient ailleurs. J'ai eu envie de m'adresser directement à Thierry Henry, qui ne disait rien, assis au fond du bus. Mais je ne l'ai pas fait. Un capitaine avait été choisi, Patrice Evra. Il avait été de toutes les discussions et décisions précédentes, je m'appuyais sur lui. En m'adressant à Thierry, je l'aurais fait passer pour un con. Je n'ai pas été bon ». L’autocritique d’Escalettes arrive peut-être un peu tard mais elle a au moins le mérite d’exister.

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Toutefois, après les regrets, Escalettes défend son bilan et sa principale réussite, certes tardive.« La nomination de Blanc, c'est moi aussi (...). D'accord, je sais ce qu'ont dit Nicolas de Tavernost et les Girondins, mais Laurent Blanc est là, les négociations n'ont pas été aussi faciles qu'on veut bien le dire, et je pense que mon choix était le bon, l'avenir le dira...» Malheureusement pour lui, c’est son successeur Fernand Duchaussoy, à qui il apporte tout son soutien dans la conquête définitive de la présidence de la FFF, qui va profiter du travail effectué en amont. Escalettes, lui, aura tout le temps pour ressasser encore et encore ce qui reste comme la plus grande honte du football français.

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