Belgique - Algérie : les notes du match

C'était un match attendu. Entre une formation de Belgique faisant office d'outsider dans cette Coupe du Monde et une équipe d'Algérie unique représentante du football maghrébin, le duel se voulait alléchant. Et d'entrée, les Fennecs prenaient le jeu à leur compte. Jouant crânement leur chance, les Verts avaient la maîtrise du ballon, se montrant appliqués à la construction et rigoureux défensivement. Et c'est en tout logique que l'Algérie se créait la première occasion du match, Mahrez (18e) tentant sa chance après un bel enchaînement, sans trouver le cadre. Un avertissement sans frais qui réveillait les Diables Rouges, WItsel (21e) décochant une frappe de loin déviée par M'Bolhi.

Et dans une partie globalement cadenassée, les débats basculaient sur une faute de Vertonghen dans la surface, retenant Feghouli pour l'empêcher de tirer. Pénalty, que ce même Feghouli (24e) transformait, prenant Courtois à contre-pied. 1-0, l'Algérie prenait les devants ! La Belgique essayait de répondre, et c'est ce même Witsel (34e) qui prenait encore ses responsabilités à longue distance, trouvant encore les gants de M'Bolhi. Réduits à frapper de loin, les hommes de Marc Wilmots ne trouvaient aucun décalage, et il fallait attendre la toute fin du premier acte pour que Hazard adresse une belle passe à Chadli (44e) dans la surface, trouvant encore les gants du portier adverse.

Au retour des vestiaires, l'entrée en jeu de Mertens changeait la donne, la vivacité du joueur de Naples faisant des dégâts au sein de l'arrière-garde algérienne. Qu'importe, les Verts ne s'en laissaient pas conter, et une tête de Medjani (57e) flirtait ainsi avec le poteau gauche de Courtois. Wilmots lançait ses forces vives dans la bataille, et Origi (66e) avait une balle de but en or, mais butait sur M'Bolhi dans son face-à-face. C'est finalement un autre remplaçant, Fellaini (70e), qui remettait les pendules à l'heure, égalisant de la tête sur un centre de De Bruyne. Une égalisation, suivie par un contre meurtrier, Hazard fixant la défense avant de décaler Mertens (80e), qui marquait d'un coup de canon.Score final 2-1, la Belgique renverse la vapeur pour s'imposer dans une partie où elle était mal embarquée. Le coaching de Wilmots a fait la différence, puisque les deux buteurs étaient remplaçants au coup d'envoi. La profondeur de banc, peut-être un atout qui manque en revanche à l'Algérie.

L'homme du match : Dries Mertens (7,5) : Wilmots lui avait préféré d'autres éléments, mais il ne l'a pas oublié à la pause au moment d'effectuer le changement qui provoquerait l'électrochoc. Et grand bien lui a pris : le Napolitain a directement amené l'explosivité qui faisait défaut à son prédécesseur Chadli. En l'espace de cinq minutes et après deux débordements, il avait déjà beaucoup plus apporté. Habile sur coups de pied arrêtés et inspiré, il a fini par signer le but de la victoire en fin de match, d'une frappe puissante dans un angle fermé (80e). Gageons que son coach en a pris note.

Belgique :

• Courtois (4,5) : le match frustrant par excellence pour un gardien. Le portier de l'Atlético n'a en effet pas eu à s'interposer dans le jeu - c'est à peine s'il a eu un ballon à toucher. Et pourtant, il a encaissé un but, sur un pénalty où il n'a rien pu faire, lui qui a été pris à contrepied. Frustrant donc, d'autant plus pour un joueur de sa qualité.

• Alderweireld (5,5) : rencontre correcte de la part du défenseur de l'Atlético Madrid. Dès le début de match brouillon de la part des Diables Rouges, le latéral fut l'un des seuls à se démarquer positivement, d'un côté du terrain comme de l'autre. Solide, il n'a que rarement été pris de court. Un match sérieux.

• Van Buyten (5) : l'expérimenté central n'a pas été particulièrement mis à mal par les attaquants adverses. Propre dans les transmissions, il a tenu la baraque sans souffrir, les Fennecs ayant privilégié la défense assez rapidement. Son niveau de jeu sera à juger sur les prochaines rencontres.

• Kompany (5) : le capitaine de la sélection a été mis en difficulté sur le début de match, souffrant du pressing imposé par les attaquants algériens. Il s'est par la suite ressaisi... et n'a plus rien eu à faire. Logique, l'adversaire ayant instantanément reculé après son but pour ne plus attaquer.

• Vertonghen (3) : central de métier, le joueur de Tottenham assure l'intérim dans le couloir gauche en sélection. Seulement voilà, il affiche un déficit de vitesse indéniable, ce qui est apparu aujourd'hui face à un élément explosif de la qualité de Feghouli. C'est lui, qui a provoqué le pénalty qui a coûté cher, en retenant ce même Feghouli dans la surface (24e). Le point faible de l'arrière-garde.

• Witsel (6,5) : le milieu du Zenit fut longtemps parmi les tout meilleurs belges sur la pelouse. Très propre, il a bien assuré les transmissions et a surtout été le seul à se montrer dangereux dans la mauvaise période des Diables Rouges, avec deux belles frappes des 25 mètres qui ont poussé le portier à la parade (21e, 34e). Déterminant dans les bons comme les mauvais passages de son équipe, il est le seul à avoir affiché un niveau linéaire.

• Dembélé (4,5) : irréprochable dans l'implication et très actif à la récupération, le milieu de terrain a néanmoins été imprécis, que ce soit dans les contrôles ou les passes. Remplacé par Fellaini (65e). Coaching gagnant, dans le sens où le milieu de Manchester United s'est directement signalé aux avants postes, sa présence posant souci à l'arrière-garde algérienne. C'est lui qui a fini par faire plier M'Bolhi, de la tête (70e). Il aurait pu s'offrir le doublé dans le même registre, le gardien s'interposant sur cette occasion (84e).

• Chadli (3,5) : à l'instar de l'ensemble des éléments offensifs belges, le joueur de Tottenham, Marocain d'origine, n'a pas été transcendant. Ballons perdus, incapacité à faire la différence et à se démarquer... Il aura au moins eu le mérite de tenter sa chance, par trois fois (35e, 42e, 44e), sans pour autant que cela n'inquiète le portier. Remplacé à la pause par Mertens (7,5) (voir ci-dessus).

• De Bruyne (3,5) : positionné en numéro 10 sur la feuille de match, l'ancien de Chelsea n'a pas pesé. Pire, il est apparu gauche, comme en ont témoigné ses nombreuses transmissions ratées, y compris... sur coups de pied arrêtés ! Pas du tout dans le tempo, il est pourtant maintenu sur la pelouse par coach Wilmots. Visionnaire. Sans être meilleur dans le second acte, le joueur de Wolfsburg a fini par être l'auteur d'un excellent centre, l'assist parfait pour Fellaini, qui signait alors l'égalisation (70e). Une passe qui a le mérite de sauver sa copie.

• Hazard (4) : le talent de Chelsea était forcément très attendu pour ce premier match, dans la mesure où il est la tête d'affiche de cette sélection belge annoncée en outsider. Cependant, le leader technique est resté muet. Pris en tenaille dès le début de match, il n'a effectué sa première percée qu'à la 44e minute. Le signe qu'il n'y était pas vraiment. À l'instar de De Bruyne finalement, il a sauvé sa copie par une fin de match plus convaincante, et un assist pour Mertens (80e). Décevant tout de même.

• Lukaku (3,5) : son gabarit est un avantage dans la conservation du ballon comme dans la présence sur le front de l'attaque. Or, sur cette rencontre, l'attaquant de Chelsea n'a pas brillé dans le jeu dos au but ni créé d'espace. La faute à un certain Bougherra, qui ne lui a pas laissé un centimètre pour s'exprimer. En outre très peu servi, il a traversé la rencontre en fantôme. Remplacé par Origi (58e), lequel s'est illustré en se procurant une occasion en face-à-face, finalement gagné par M'Bolhi (66e). A beaucoup apporté par sa vitesse.

Algérie :

• M’Bolhi (7,5) : il n'est pas l'élément le plus connu de cette sélection algérienne, mais le dernier rempart a été très en vue dans sa cage. Que ce soit dans les airs ou sur sa ligne, celui qui évolue au CSKA Sofia a écœuré les attaquants belges, qui ont très certainement longtemps cru ne jamais pouvoir prendre le dessus sur lui. De beaux arrêts sur des frappes lointaines (21e, 34e), ou sur un face-à-face parfaitement négocié devant Ovigi (66e), et un arrêt sur une tête de Fellaini (84e). Il s'est finalement incliné sur un but de ce même Fellaini (70e), et un autre de Mertens (80e).

• Mostefa (5) : le joueur de l'AC Ajaccio avait la lourde tâche de s'occuper du cas d'Eden Hazard. Si peu de personnes donnaient cher de sa peau au coup d'envoi de la partie, le latéral droit s'en est bien sorti. Épaulé par un Feghouli venant constamment lui prêter main forte, il a bien contenu le feu follet belge. En revanche porté disparu offensivement. Pris de court sur le deuxième but belge.

• Bougherra (6,5) : il n'est pas le taulier de l'arrière-garde algérienne pour rien. D'une solidité à toute épreuve derrière, le défenseur central a été impressionnant aux abords de sa surface de réparation. Le capitaine des Fennecs a livré un excellent match, faisant passer Romelu Lukaku pour un attaquant d'un niveau modeste. Si son choix de rejoindre le Qatar et Lekhwiya avait été décrié, l'ancien joueur des Glasgow Rangers prouve qu'il n'a rien perdu de ses capacités, bien au contraire.

• Halliche (5,5) : celui qui évolue depuis 2012 au Portugal, à l'Académica Coimbra, s'est bien battu dans cette partie. S'il n'a pas été autant en vue que son compère Bougherra, le défenseur central n'a pas démérité, solide dans ses tacles. L'entrée en jeu d'Origi, et sa vitesse de pointe, lui ont permis de prouver qu'il avait aussi des arguments à faire valoir dans ce secteur.

• Ghoulam (6) : sa première mi-temps fut parfaite ou presque. Costaud derrière, il a comme souvent pris son couloir avec envie, débordant régulièrement, adressant de bons centres, et se montrant actif des deux côtés du terrain. Le second acte fut par contre plus compliqué, lui qui n'a pas eu le même impact, beaucoup moins en vue. A eu du mal face à Mertens, quand celui-ci est venu de son côté.

• Medjani (6) : positionné devant la défense, celui qui n'a pu empêcher la relégation de Valenciennes en Ligue 2 a assuré dans cette partie. La sentinelle du milieu de terrain algérien a bien tenu son rang, brillant à la récupération, et serein à la relance. A même eu une occasion de but (57e), de la tête. Un match rondement mené. Lessivé, il fut remplacé par Ghilas (86e).

• Taïder (5) : le joueur de l'Inter Milan n'a pas eu le rendement escompté. S'il n'a pas déçu non plus, le maître à jouer passé par Bologne a été discret dans ce match, peu en vue dans la construction du jeu, en dépit de quelques passes bien senties prouvant toute l'étendue de son talent.

• Bentaleb (3) : à 19 ans, le milieu relayeur a l'avenir devant lui, c'est une certitude. Mais pour ce qui est du présent, le joueur de Tottenham a encore des paliers à franchir pour briller en Coupe du Monde. En tout cas, sans doute inhibé par l'enjeu d'un début de tournoi, l'ancien Lillois a été transparent, n'ayant aucun impact sur le déroulement de la rencontre. A écopé d'un carton jaune (34e).

• Feghouli (7) : c'est ce qui s'appelle réussir son match. Le maître à jouer du FC Valence, positionné en qualité d'ailier droit dans le 4-3-3 instauré par coach Vahid, a parfaitement mené sa barque. Offensivement en vue, il obtient et transforme le pénalty qui permet à son équipe d'ouvrir la marque (24e). Surtout, il a appliqué les consignes défensives avec détermination, se replaçant pour épauler son latéral Mostefa.

• Mahrez (3,5) : petite surprise, avec la titularisation de Mahrez. L'attaquant passé par le Havre, évoluant aujourd'hui à Leicester, n'a néanmoins pas franchement convaincu dans cette rencontre. Se créant la première occasion des siens (18e), le natif de Sarcelles a ensuite disparu des débats. Pas la meilleure entame de Mondial qui soit. Remplacé par Lacen (72e).

• Soudani (4) : seul en pointe, Soudani avait la lourde tâche de se battre face aux tours de contrôle belges que sont Van Buyten et Kompany. S'il n'a pas démérité dans le combat, l'avant-centre n'a en revanche jamais vraiment su créer le danger dans les rangs de la sélection européenne, n'ayant aucune occasion à son actif. Un match frustrant. Remplacé par Slimani (66e).