Equipe de France : Kingsley Coman, plus qu’un joker ?

Par Alexis Pereira
6 min.
France Kingsley Coman @Maxppp

Habituel remplaçant en équipe de France, Kingsley Coman a prouvé, contre le Cameroun (3-2) et plus largement avec le Bayern Munich cette saison, qu’il pouvait assumer le rôle de titulaire. De là à démarrer l’Euro ?

Tout le monde a encore en tête l’entrée en jeu de Kingsley Coman lors du huitième de finale de Ligue des Champions, avec le Bayern Munich, contre la Juventus Turin (4-2, a. p.). L’attaquant était sorti du banc pour offrir un centre décisif à Thomas Müller puis enfoncer le clou en fin de rencontre avec un but somptueux au bout d’un contre en solitaire. Didier Deschamps lui aussi se souvient sans doute de cette partie. D’ailleurs, le sélectionneur de l’équipe de France lui avait offert ses quatre premières sélections en le lançant en cours de match. Face à la Russie (4-2), il avait d’ailleurs livré un récital d’accélérations balle au pied, ponctué par un but superbe après s’être joué du gardien adverse. De quoi le cantonner au rôle de supersub ? Pas du tout. Lundi, contre le Cameroun (3-2, amical), à Nantes, l’ancien Parisien a connu sa première titularisation en Bleu. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas manqué cette occasion de briller. Le Bavarois a usé la défense des Lions Indomptables, à coup de crochets courts, de changements de rythme et autres tours de passe-passe dont il a le secret. C’est d’ailleurs sur l’un de ses rushes qu’il a servi Blaise Matuidi pour l’ouverture du score. Une prestation réussie conclue à la 76e minute après une alerte suite à un coup reçu. Plus que prometteur, malgré quelques temps faibles. DD a apprécié. « Kingsley a confirmé tout son potentiel, dans son registre, avec beaucoup de percussion, de vitesse. Il est capable de dribbler, d’éliminer, à droite, à gauche. Il peut entrer en jeu, démarrer. Je ne vais pas me plaindre d’avoir dans mon secteur offensif des joueurs qui peuvent faire mal à l’adversaire d’entrée ou amener quelque chose en cours de match pour booster ce potentiel offensif », a-t-il confié depuis l’Autriche ce mardi.

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Séduit, le technicien sait qu’il possède là un atout majeur pour bousculer les défenses adverses et obtenir notamment de nombreux coups de pieds arrêtés, armes redoutables, puisqu’il tient en Dimitri Payet, Antoine Griezmann voire Paul Pogba de formidables artificiers. Polyvalent, le jeune homme, qui dégage une sérénité et une maturité folle du haut de ses 19 ans, peut donc ambitionner de jouer un rôle important durant l’Euro. Même s’il préfère la jouer collectif. «L’ambition première, c’est qu’on gagne l’Euro, qu’on aille le plus loin possible. (…) Après, si je peux aider l’équipe à gagner l’Euro, je serai le plus heureux», a-t-il confié depuis l’Autriche. Et si Antoine Griezmann et Olivier Giroud semblent partir avec une longueur d’avance, il reste une place à prendre dans le trio offensif. Anthony Martial avait la faveur des pronostics pour occuper le couloir gauche. Seulement, sa première saison pleine avec Manchester United a visiblement laissé des traces physiques. L’ex-Monégasque, qui a suivi quelques séances à la carte depuis son arrivée dans le groupe, à Clairefontaine, le 24 mai, afin de se ménager, pourrait ne pas être immédiatement opérationnel. Et on se souvient que, face aux Camerounais, c’est depuis l’aile gauche que Coman a été décisif, offrant, du gauche, le premier but de la rencontre à Matuidi… Matthias Rudolph, notre confrère allemand de Fussball Transfers, a pu mesurer sa progression toute la saison en Bundesliga (4 buts, 6 passes décisives en 23 apparitions) et en Ligue des Champions (2 réalisations, 5 offrandes en 8 matches). Et pour lui, il une vraie carte à jouer en vue de l’Euro. «Coman est un joueur du Bayern (il est prêté jusqu’en juin 2017 avec option d’achat fixée à 21 M€), alors les Allemands ne seraient pas surpris de le voir titulaire à l’Euro», nous a-t-il expliqué avant de poursuivre.

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Une force tranquille, des partenaires conquis

«Coman a été impressionnant cette saison. Son entrée contre la Juventus a marqué les esprits. En Allemagne, il a époustouflé les gens. Quand il est arrivé, il a dit : Je suis un joueur qui fait la différence". Et tout le monde s’est dit, "Mais tu n’as que 19 ans…" Mais il a prouvé qu’il avait raison, que ce soit à gauche ou à droite, titulaire ou remplaçant. Personne ne s’attendait à ça», nous a-t-il expliqué. Ses partenaires en Bleu aussi sont sous le charme, à l’image d’André-Pierre Gignac. « C’est une fusée ! Il a fait une très belle saison avec le Bayern. Il a joué quelques fois titulaires, il a fait des entrées spectaculaires, en étant décisif quelque fois. Il a été choisi par Guardiola, ce qui n’est pas rien… Il a une très grande marge de progression et je lui souhaite d’atteindre les sommets parce qu’il a des qualités extraordinaires», lançait-il récemment en conférence de presse, à Biarritz. Le constat est le même pour Blaise Matuidi qui a assisté de près à l’éclosion du phénomène au Paris SG. «Kingsley, c’est vraiment un très bon joueur, avec un grand talent. Je l’ai connu, moi, plus jeune au PSG et il avait déjà cette faculté à éliminer facilement. C’est vrai que, là, il a étoffé encore plus son jeu. Il a gagné en maturité, pas seulement en dehors mais aussi sur le terrain. C’est vrai que c’est un plus pour nous parce qu’il nous apporte ce qui nous manquait au niveau de la percussion, dans les un contre un. C’est bien d’avoir un joueur comme ça qui est capable d’éliminer et de provoquer sur le côté. On est content. Et pour lui, ça lui fait un grand bien de pouvoir jouer ce genre de compétition. Ça va lui permettre de grandir encore plus à l’avenir. C’est un joueur qui est promis à un super avenir, alors j’espère qu’il va continuer ainsi», a témoigné le milieu parisien face aux médias, à Neustift im Stubaital, en Autriche.

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Le jeune attaquant, lui, ne se pose pas de questions et croque dans cette expérience à pleine dents, sans penser à un quelconque statut. «Je suis quelqu’un qui aime jouer au football, qui veut jouer au football donc le statut de super remplaçant n’est pas celui auquel j’aspire ou que j’envisage le plus. Après, il y a un coach. J’ai déjà la chance d’être ici et si j’ai la chance d’être un super remplaçant ou de rentrer quelques minutes, je donnerai toujours autant. Mon but, c’est d’aider l’équipe au maximum et d’être au maximum sur le terrain pour le faire. En général, je suis plus à l’aise quand je commence les matches. Je pense que c’est pareil pour la plupart des joueurs. Débuter permet de prendre le rythme, de monter en puissance au fil du match. Quand on entre, tout le monde est déjà chaud, c’est compliqué. Après, j’ai un style de jeu qui me permet de pouvoir souvent bien entrer dans les matches. De base, je préfèrerais commencer», a-t-il lancé en conférence de presse, sûr de sa force et de ses qualités. «Après, personnellement, je ne sens pas qu’il y ait de hiérarchie dans le groupe. Je travaille tous les jours pour donner mon maximum, pour faire de mon mieux lors des matches amicaux. Je suis là pour profiter du temps de jeu que j’aurai. Si ne ce sont que quelques minutes, ça me va, et je ferai tout pour aider l’équipe. Si c’est plus, tant mieux», a-t-il assuré, plein de maturité et de confiance, malgré un contexte négatif chargé, entre forfaits en cascade (Varane, Mathieu, Diarra, etc.) et polémiques en tous genres (Benzema, Cantona, etc.). Homme pressé (il l’a prouvé en quittant le Paris SG puis la Juventus Turin pour aller chercher du temps de jeu là où on lui en donnait et les faits lui donnent pour l’instant raison), Kingsley Coman pourrait bien être la surprise du début d’Euro chez les Bleus.

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