Lazio : comment Ciro Immobile s'est relancé après ses échecs en Allemagne et en Espagne

Par Alexis Pereira - Constant Wicherek
5 min.
Lazio Ciro Immobile @Maxppp

Auteur de 19 buts en 18 matches officiels cette saison, Ciro Immobile est l'homme clé de la Lazio Rome. Une récompense après un parcours jonché d'obstacles, notamment lors de ses expériences à l'étranger.

Pescara. Saison 2011/12. Zdenek Zeman étonne l'Italie et la Serie B grâce à trois jeunes talents locaux : Lorenzo Insigne, Marco Verratti et Ciro Immobile. Si les deux premiers se sont rapidement imposés comme des valeurs sûres du côté du Paris SG et de Naples, le troisième a connu une progression moins linéaire. Une première année d'adaptation à la Serie A au Genoa (5 buts en 33 matches) d'abord puis des coups d'éclat au Torino (22 réalisations en 33 apparitions) la saison suivante avant un départ pour l'étranger. À l'été 2014, le Napolitain s'envolait pour le Borussia Dortmund de Jürgen Klopp contre un chèque d'environ 20 M€. Pour succéder à un certain Robert Lewandowski, parti rejoindre le Bayern Munich. Un héritage lourd à porter. «Ciro Immobile, aussi, n'est pas Robert Lewandowski. Le Borussia jouait comme s'il avait le même joueur en attaque. Immobile n'avait pas du tout le même profil que Lewandowski mais le BVB n'a pas changé son style offensif», nous a expliqué Georg Kreul, notre confrère allemand de Fussball Transfers, avant de poursuivre.

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«Cela a été, en général, une saison difficile pour Dortmund. Quand il est arrivé en 2014, certains joueurs sont rentrés tardivement à cause de la Coupe du Monde. Pendant la préparation, beaucoup de joueurs étaient blessés et c'était donc difficile d'établir le style de jeu de l'équipe. Il n'a pas eu beaucoup de chance de s'adapter et s'intégrer à la façon de jouer du BVB. Cette saison de Dortmund n'a pas été aussi bonne que prévu. Immobile était d'ailleurs loin d'être le seul problème du club cette année-là. S'il était resté une saison de plus, cela aurait peut-être marché. Mais après la première année, avec tous les problèmes d'intégration, je pense que son cas et son avenir étaient déjà réglés. Klopp l'a dit lui-même, c'était dur pour un attaquant de s'adapter à une équipe qui ne fonctionnait pas», nous a-t-il glissé. Des circonstances atténuantes donc, avec notamment un changement de coach et l'arrivée de Thomas Tuchel.

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Des problèmes d'adaptation et de concurrence à Dortmund et Séville

Mais cela n'explique pas tout. Le Transalpin non plus n'a pas forcément fait tout son possible. «Il s'est plaint que personne dans le vestiaire du BVB ne l'a invité pour un dîner. Le principal problème, c'est probablement qu'il ne comprenait pas l'allemand. Klopp l'avait autorisé à avoir un traducteur donc il pouvait comprendre, mais quand Tuchel est arrivé, cela n'existait plus. Je pense que les problèmes hors terrain se sont répercutés sur le terrain. Quand tu ne parles pas la langue, que tu n'es pas intégré dans l'équipe, c'est difficile de s'adapter à un nouveau pays et un nouveau championnat», nous a confié notre confrère avant d'ajouter. «Il a été très critique envers lui-même disant même dans une interview qu'il aurait pu faire mieux». Des torts partagés en somme pour une romance qui n'a jamais pris dans la Ruhr. Pour se relancer, le goleador décidait de rejoindre l'Espagne et le Séville FC à l'été 2015. Mais sous les ordres d'Unai Emery, il allait là encore rencontrer des difficultés.

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«Ciro Immobile a eu à Séville le même problème qu'un certain Iago Aspas. À l'époque, Unai Emery ne jouait qu'avec un seul attaquant, Carlos Bacca, et n'en laissait qu'un autre, Kevin Gameiro, sur le banc de touche. Ces deux-là marchaient très fort, alors Ciro n'a jamais vraiment eu sa chance», nous a raconté Carlos Pérez, journaliste pour Estadio Deportivo, quotidien sportif andalou. Six petits mois, quinze apparitions toutes compétitions confondues, quatre réalisations... et puis s'en allait en janvier 2016. «Et avant qu'il ne perde de sa valeur marchande, Monchi a décidé de le vendre», nous a indiqué notre confrère. Un prêt de six mois au Torino allait le remettre en selle (5 réalisations en 14 apparitions en Serie A) avant un transfert définitif à la Lazio. L'environnement parfaitement adapté à ses qualités et un entraîneur, Simone Inzaghi, ancien attaquant, qui sait mieux que personne comment le mettre dans les bonnes conditions. Avec 84 buts en 120 matches en Serie A, il s'est définitivement imposé comme une star du championnat d'Italie.

Des stats de folie à la Lazio

Cette saison, l'attaquant est tout simplement intenable. En 18 apparitions, il a ainsi trouvé le chemin des filets à 19 reprises (17 en championnat soit 7 de plus que ses plus proches poursuivants au classement des buteurs, 2 en Ligue Europa). Des performances qui inspirent son équipe, 3e au classement. «Ciro Immobile est dévastateur cette saison, même s'il a raté son premier penalty de la saison contre la Juventus. Il en avait marqué 6 sur 6 jusqu'ici. En tout, il en est à 19 buts en 18 apparitions. La Lazio joue pour lui. Un joueur comme Luis Alberto le connaît par cœur, l'Espagnol est d'ailleurs le meilleur passeur en Europe. Il est incontestablement en lice pour le Soulier d'Or. Immobile est le joueur à avoir atteint le plus rapidement la barre des 100 buts avec la Lazio. 105 buts, 30 assists en 152 matches avec la Lazio. Ce sont des chiffres très importants», nous a résumé Valerio Marcangeli, journaliste pour Citta Celeste, site d'informations dédié à la Lazio. Une plénitude retrouvée.

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«Il a retrouvé son niveau d'il y a deux ans, au cours de laquelle il avait inscrit 29 buts et 41 matches toutes compétitions confondues il y a deux ans. Ses temps de passage actuels laissent présager une autre très grande saison de sa part», nous a expliqué Marcangeli, précisant que les Romains tenaient en très haute estime leur n° 17, sous contrat jusqu'en juin 2023. «Selon ses performances à venir d'ici la fin de saison, la Lazio l'évalue entre 50 et 60 M€». Avec l'Euro 2020 en ligne de mire avec l'Italie, Ciro Immobile espère bien confirmer. «Il est en course pour le poste de n° 9 de la Squadra Azzurra. Seulement, la Nazionale joue en 4-3-3 et pas en 3-5-2 comme la Lazio. Mancini hésite entre Andrea Belotti du Torino et Immobile. Il y aura un face à face jusqu'au bout entre les deux attaquants pour la place de titulaire, même si Immobile part avec la faveur des pronostics pour l'instant». Rennes, adversaire de la Lazio ce jeudi en Europa League, sait à quoi s'en tenir...

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