Barça : comment Luis Enrique a retourné l'opinion

Janvier 2015. Le FC Barcelone est bord de l’implosion. Un homme est pointé du doigt : Luis Enrique. Arrivé durant l’été 2014, le technicien ibérique devait insuffler un nouvel élan aux Catalans. Mais la mayonnaise a eu du mal à prendre. Outre son conflit avec Lionel Messi, l’ancien coach du Celta Vigo était contesté suite à de mauvais résultats. À tel point qu’on évoquait même un retour éventuel de Frank Rijkaard, soutenu en coulisses par La Pulga. Cinq mois plus tard, Luis Enrique a mis tout le monde d’accord. Il faut dire que les Blaugranas sont en lice pour réaliser le triplé Liga-Coupe du Roi-Ligue des Champions. Un triplé qui tend les bras aux Catalans, revenus à leur meilleur niveau.

Ces résultats lui valent les louanges de la presse ibérique avec laquelle il se montre d’ailleurs plutôt distant. Journaliste pour le média catalan Sport, Miki Soria fait l’éloge de Luis Enrique. « Peu importe le nombre de titres remportés cette saison, la saison de Luis Enrique à la tête du Barça est très positive. L’équipe a atteint la fin de saison en pleine forme et reste en lice sur tous les tableaux ». Un avis que partage notre correspondant espagnol Ivan Vargas, journaliste pour Fichajes.com. « Sa saison est sensationnelle. Il a beaucoup de mérite. Il peut remporter le triplé dès sa première année au FC Barcelone. Ce n’est pas à la portée de tous».

Anoeta, le déclic

Sur la sellette il y a quelques mois, comment Luis Enrique a-t-il finalement retourné l’opinion en sa faveur ? Tout d’abord, il a réussi à rassembler et motiver son équipe. « Après des débuts difficiles, il a réussi à convaincre le vestiaire de regarder dans la même direction, nous explique Ivan Vargas. Il a su se protéger de ce que disait la presse avec qui il a été distant et s’est concentré pour obtenir tous les titres durant la saison ». Mais le vrai déclic s’est passé sur le terrain après la défaite 1 à 0 face à la Real Sociedad le 4 janvier 2015. «Depuis la défaite face à la Real Sociedad, le Barça a gagné 27 matches, concédé un nul et une défaite. Les résultats ont été tels que le calme est revenu». Miki Soria est totalement du même avis. « Il est clair qu’il y a eu un avant et un après la défaite à Anoeta. Après avoir perdu à Bernabeu, ils semblaient douter. À partir de la défaite à Anoeta, tout a commencé à aller à la perfection et Luis Enrique a trouvé la bonne clé pour tirer le rendement maximum de Messi et du trident offensif qui est la base de cette équipe ».

Un nouveau Barça et des résultats auxquels Luis Enrique n’est pas étranger. « Évaluer la part qu’a un entraîneur dans une équipe où évolue Lionel Messi est très compliqué, précise notre correspondant. Il n’y a pas de doutes, il a su donner un nouveau style au FC Barcelone. Un style beaucoup plus rapide et direct. Le ballon passe beaucoup moins par le milieu de terrain que lors des saisons antérieures. Il se base sur une solidité défensive et un trident offensif de très haut niveau ». Une attaque que le technicien ibérique a su mettre en valeur : « Luis Enrique a trouvé le système idéal pour que les trois attaquants deviennent le meilleur trident offensif du monde. Le Barça avec son milieu de terrain est devenu un Barça avec son attaque, susceptible de faire mal aussi bien sur jeu placé que sur contre-attaque. Son plan a fonctionné », ajoute Miki Soria.

Un avenir au Barça ?

Contesté et critiqué une bonne partie de la saison, Luis Enrique a finalement su convaincre même les plus réfractaires. Mais va-t-il rester au Barça ? Au moment de la crise de janvier, on avait évoqué un départ. D’autant que sa relation avec Lionel Messi, pièce essentielle du Barça, n’a pas toujours été au beau fixe. « Luis Enrique et Messi ont leurs avantages et leurs inconvénients, indique Miki Soria. Mais la relation professionnelle qu’ils ont tous les deux depuis la défaite à Anoeta a bénéficié à l’équipe. L’entraîneur a donné un rôle principal au meilleur joueur du monde et si Leo Messi est heureux, les choses sont toujours plus faciles ». Une relation qui pourrait être déterminante quant à l’avenir de Luis Enrique, sous contrat jusqu'en juin 2016. Mais cela ne sera pas un problème d’après Ivan Vargas : « Ce n’est pas une relation amicale. Ils ne sont pas proches. Mais ils sont professionnels et il n’y aura pas de problèmes ».

Malgré tout, l’entraîneur ibérique pourrait aussi décider de claquer la porte lui qui n’a pas toujours été soutenu. Son nom a d’ailleurs été évoqué il y a quelques jours du côté de Manchester City qui cherche un successeur à Manuel Pellegrini. Pour Miki Soria, un départ n’est pas à l’ordre du jour. « Ça m’étonnerait beaucoup qu’il change d’air aussi rapidement. Je pense qu’il va rester ». En revanche, pour Ivan Vargas, rien n’est encore acté. « Je crois que ça dépendra des résultats des élections. Le départ d’Andoni Zubizarreta a été un énorme coup dur pour lui parce qu’il a été l’un de ses plus grands défenseurs. Cela dépendra du nouveau président. Nous saurons si Luis Enrique restera ou non. Il faudra attendre ». Nul doute qu’en cas de triplé, Luis Enrique aurait là un sacré argument en sa faveur.