Ernesto Valverde ou Jorge Sampaoli, qui est l’entraîneur idéal pour le FC Barcelone ?

Par Max Franco Sanchez
8 min.
Ernesto Valverde Tejedor @Maxppp

Alors que Luis Enrique va quitter le FC Barcelone en fin de saison, Ernesto Valverde (Athletic) et Jorge Sampaoli (Séville) font office de favoris pour prendre la suite de l'Asturien, même si Juan Carlos Unzué aurait aussi une carte à jouer. Foot Mercato décortique les deux premiers cas.

Style de jeu

C'est peut-être le critère le plus important à évaluer lorsqu'il faut trouver un nouvel entraîneur pour le FC Barcelone. Supporters et dirigeants barcelonais sont particulièrement exigeants quant au jeu déployé par l'équipe. Luis Enrique, malgré un palmarès assez fourni, a ainsi souvent été critiqué à cause de son style de jeu, jugé non compatible avec le fameux "ADN Barça".

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Ernesto Valverde : l'entraîneur de l'Athletic est un coach à deux casquettes. Il est partisan d'un jeu assez direct, mais a un faible pour ces joueurs techniques qui soient capables de relancer le jeu proprement, notamment dans le secteur défensif et dans l'entrejeu. Sous ses ordres, les joueurs basques ont souvent tendance à utiliser les côtés pour créer des différences dans la défense rivale, souvent pour mettre des ballons dans la boîte, à destination de joueurs doués dans le secteur aérien, domaine où les joueurs du club de Bilbao excellent. Les phases de possession existent sous ses ordres, mais elles ne sont qu'une ressource parmi tant d'autres pour essayer de gagner, et non la base d'un système. Une philosophie totalement différente à celle du Barça, où le jeu passe très rarement par les airs. Il semble également compliqué de le voir transposer son 4-2-3-1, qu'il ne change que très rarement, au FC Barcelone. S'il débarque en Catalogne, il devra donc probablement apporter des modifications à son système fétiche.

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Jorge Sampaoli : contrairement aux idées reçues, notamment à cause de sa proximité idéologique avec Marcelo Bielsa, Jorge Sampaoli n'est pas forcément un adepte de ce qu'on a tendance à appeler le football total. S'il peut être considéré comme un esthète du football dans la mesure où il est friand du jeu de position, il est aussi très pragmatique, et n'hésite pas à passer en configuration défensive si le déroulement de la rencontre l'exige, faisant redescendre le bloc et n'hésitant pas à réaliser des remplacements à vocation défensive. Dans ce sens-là, il est parfois bien plus proche d'un Luis Enrique que d'un Marcelo Bielsa ou d'un Pep Guardiola. Mine de rien, lui aussi est friand du jeu aérien, via Iborra notamment, qui sert souvent de plan B à l'ancien de la U. Tactiquement, il possède une palette très variée, capable d'utiliser ses troupes dans un 4-3-3 classique, comme d'aligner des systèmes plus fantaisistes ou du moins historiquement peu utilisés habituellement à Barcelone comme le 4-1-4-1 ou le 3-3-3-1. Quoi qu'il en soit, son style semble un peu plus compatible que celui de Valverde.

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Personnalité

Lorsqu'on est à la tête d'un tel club, il est souvent impératif d'avoir des rapports cordiaux avec les médias. Zinedine Zidane, par exemple, l'a bien compris au Real Madrid, et son attitude avec les médias lui a probablement épargné des critiques qu'il aurait reçues s'il adoptait un comportement similaire à celui de Luis Enrique, souvent arrogant et sec avec les journalistes en conférence de presse. Il faut aussi être capable de tenir un vestiaire logiquement riche en égos...

Ernesto Valverde : le moins que l'on puisse dire c'est que l'Espagnol dégage une sérénité et une tranquillité à toute épreuve. Très calme sur son banc de touche pendant les rencontres, il est également plutôt docile avec ses joueurs sur ce qu'on voit "en public". Ce qui ne l'empêche pas de tenir son vestiaire à merveille. Aux dernières nouvelles, il n'y a jamais eu d'incidents liés au comportement sous ces ordres, ce qui n'est pas forcément évident dans un club assez médiatisé de l'autre côté des Pyrénées et avec une certaine pression populaire. En conférence de presse, il adopte une attitude tout à fait cordiale avec les journalistes et n'hésite pas à détailler ses choix ou justifier ses tactiques.

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Jorge Sampaoli : sur un banc de touche, l'Argentin est presque tout l'inverse de son homologue espagnol. L'ancien sélectionneur chilien est une véritable pile électrique dans sa zone technique et vit la rencontre avec une intensité exceptionnelle, dans la lignée d'un Diego Simeone ou d'un Antonio Conte. Quant à sa gestion d'un groupe, pas de soucis à signaler, au contraire. Il arrive à mobiliser tout son groupe et à garder tous ses soldats motivés, et même les remplaçants sont prêts à partir à la guerre pour lui. Lui aussi est très discret et évite de s'exposer à outrance dans les médias, mais il est plutôt bon client dans ses interviews, qui sont souvent un régal à lire ou à écouter lorsqu'il aborde ses influences et sa vision du football.

Mercato

Du côté de Barcelone, les entraîneurs ont souvent assez de libertés et peuvent régulièrement faire venir des joueurs de leur choix. Ainsi, Luis Enrique a été à l'origine des arrivées de Claudio Bravo, Jeremy Mathieu ou Ivan Rakitic. On peut donc penser que le prochain coach blaugrana aura lui aussi son mot à dire et pourra débarquer en Catalogne avec plusieurs poulains dans les valises.

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Ernesto Valverde : compte tenu de la politique de recrutement du club basque, qui ne peut donc que recruter des joueurs originaires ou formés dans la région, il est compliqué de juger ses aptitudes à déceler le niveau et le potentiel des joueurs. On peut cependant imaginer que le Pays Basque - région riche en pépites et d'où sont originaires plusieurs grands noms du Barça comme Andoni Zubizarreta, José Maria Bakero ou Julio Salinas - n'a plus de secrets pour lui.

Jorge Sampaoli : lorsqu'il est arrivé en terres sévillanes cet été, l'entraîneur argentin a tenu à ramener un bon contingent de compatriotes. On pense à Franco Vazquez, Gabi Mercado, Luciano Vietto ou Matias Kranevitter, bien qu'on ne puisse pas dire que les quatre joueurs cités soient des transferts particulièrement réussis. Le natif de Casilda a ainsi partagé le travail et même bossé main dans la main avec Monchi, qu'on ne présente plus et qui a finalement été à l'origine des recrues les plus réussies, comme Sarabia ou Nasri. Il est habitué à collaborer avec un "supérieur" donc, qui serait Robert Fernandez à Barcelone. Il faudrait tout de même qu'il ait le nez plus fin du côté de Barcelone.

Opinion publique

Le Barça a une philosophie particulière par rapport aux autres grands clubs, dans la mesure où les Blaugranas n'hésitent pas à confier les clés du camion à des entraîneurs moins expérimentés qu'ailleurs à partir du moment où ils font partie de la maison, ou adoptent une philosophie similaire à celle du Barça. Ceci dit, il y a bien longtemps que les Catalans ne lorgnaient pas sur deux entraîneurs avec une telle cote, Guardiola, Tata Martino ou Luis Enrique par exemple n'ayant pas une popularité aussi importante lorsqu'ils ont été nommés.

Ernesto Valverde : depuis bien longtemps, il est considéré comme l'un des tous meilleurs entraîneurs de Liga. Sa jeunesse et ses expériences réussies à l'Espanyol notamment, avec qui il a atteint la finale de l'Europa League 2007, sa confirmation à l'Olympiakos et à Bilbao et son attitude "cool" et "rock'n'roll" en font probablement l'entraîneur le plus apprécié de la nouvelle école espagnole, aux côtés de coachs comme Marcelino Toral ou Unai Emery. Dès qu'un poste important se libère - comme celui de la sélection espagnole l'été dernier - il est immédiatement annoncé comme candidat potentiel. Mais comme cité plus haut, son style de jeu ne semble pas en adéquation avec la philosophie Barça, et même s'il a évolué au club pendant sa carrière de joueur, les supporters privilégient d'autres pistes comme le prouvent les nombreux sondages réalisés en Catalogne.

Jorge Sampaoli : dans les sondages, Jorge Sampaoli est clairement le favori des supporters culés, à tel point qu'on peut presque parler de fantasme pour beaucoup d'entre eux. Si la cote de Valverde est énorme en Espagne, celle de l'entraîneur sévillan l'est dans le monde entier, et s'il devait quitter Séville pour un autre club que le Barça, nul doute que les plus grosses écuries du monde se jetteraient sur lui. Là encore, sa proximité idéologique avec Bielsa y est pour beaucoup. Les supporters blaugranas veulent un changement radical, et ils estiment que Sampaoli est l'homme idéal pour mener à bien ce processus de rénovation totale.

Et La Masia alors ?

De nombreux supporters du Barça reprochent à Luis Enrique de ne pas s'appuyer suffisamment sur les joueurs issus du centre de formation. L'épisode Grimaldo, parti à Benfica, est particulièrement mal passé à Barcelone, et ceux de Munir et Bartra aussi à un degré moindre, tout comme beaucoup veulent voir des jeunes comme Carles Aleñá régulièrement en équipe première.

Ernesto Valverde : le Barça ne trouvera probablement pas mieux que l'actuel entraîneur de l'Athletic de ce côté là. En raison de la politique menée par son club, Valverde est habitué à faire monter des jeunes et les installer en équipe première sur la durée. Il a ainsi fortement contribué à l'explosion de joueurs comme Aymeric Laporte, et a lancé des jeunes qui sont vite devenus des cadres, comme Iñaki Williams ou le talentueux gardien Kepa Arrizabalaga, entre autres. Sous ses ordres, les jeunes joueurs s'épanouissent à merveille. Et ce n'est pas tout, puisqu'il sait aussi s'occuper et gérer ses joueurs plus expérimentés, Aritz Aduriz en étant le meilleur exemple.

Jorge Sampaoli : l'Argentin n'a pas forcément pour habitude de s'appuyer sur les jeunes. Déjà en sélection, avec le Chili, il misait sur un groupe très expérimenté, avec plusieurs joueurs environnants ou étant au-dessus des 30 ans. A Séville, on remarque que les éléments les plus jeunes comme Kranevitter, Vietto ou Joaquin Correa sont finalement assez peu utilisés, surtout dans les cas des deux premiers, même s'il est vrai qu'ils n'ont pas souvent été au niveau ces derniers. À titre indicatif, il n'y avait que deux joueurs de moins de 25 ans dans son onze titulaire face à Leicester au King Power Stadium, Sergio Rico (23 ans) et Pablo Sarabia (24 ans). On peut imaginer que ses tactiques complexes et ses exigences élevées demandent un certain niveau de maturité et d'expérience que la plupart des jeunes n'ont pas encore. C'est peut-être là que le bât blesse pour l'Argentin.

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