Liga : Granada, le promu aux 60 M€ de budget qui rivalise avec le FC Barcelone et le Real Madrid

Par Max Franco Sanchez
8 min.
Grenade @Maxppp

C'est la sensation du début de saison de l'autre côté des Pyrénées. Après dix journées, le promu andalou côtoie les sommets du championnat. Tube du début de saison ou équipe capable de rester dans le haut du panier jusqu'à la fin ?

Lorsque l'on jette un coup d’œil sur le classement du championnat espagnol, on s'attend la plupart du temps à voir le Real Madrid, le FC Barcelone ou l'Atlético de Madrid truster les premières marches. De temps en temps, des équipes comme Séville parviennent aussi à s'offrir des débuts de saison canon, avant d'entrer dans le rang peu à peu. Mais rares, voire inexistants, sont les observateurs du championnat espagnol qui auraient pu pronostiquer qu'après dix journées, c'est Granada qui pointerait en tête. Promu en Liga à l'issue de la saison dernière, après deux ans dans l'enfer de la deuxième division, le club andalou est leader, du haut de son budget "rachitique" de 60 millions d'euros. On rappelle que le Barça a dépassé le milliard d'euros cette saison. La formation du sud de l'Espagne est aidée par le report du Clasico il est vrai, qui pourrait permettre aux Barcelonais ou aux Merengues de passer devant, mais ce petit exploit n'en reste pas moins surprenant pour autant. « On avait beau avoir fait une bonne saison en deuxième division, on savait que la Liga et Segunda c'était très différent. [...] Je pense que personne ne s'attendait à être dans la première partie de tableau, et encore moins à être premier », nous confie-t-on du côté de la Peña Granada C.F Francia, groupe de supporters français du club.

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Avant de se lancer dans des considérations tactiques ou de mettre en lumière les meilleurs joueurs de l'effectif nazarí, il convient de se pencher un peu sur ce qui se passe dans les bureaux. Pendant presque dix ans, le club a été contrôlé par la célèbre famille Pozzo, qui a aussi pignon sur rue à Watford et à Granada. Du coup, les trois clubs en question s'échangeaient les joueurs, et l'effectif était constamment en rénovation. L'équipe était même souvent renommée "l'ONU du football" en Espagne à cause des nombreuses nationalités différentes qui composaient l'effectif. Lors d'un match face au Betis en février 2017, juste avant leur relégation, les Andalous avaient démarré la rencontre avec onze joueurs de onze nationalités distinctes. Du jamais vu en Espagne. Un surnom également dû à l'arrivée du groupe chinois Desports comme principal actionnaire du club à la fin de la saison 2015/2016.

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Un effectif cohérent

La fin de la collaboration avec les Pozzo lors de la saison 2017/2018 a cependant bien changé les choses. Stop aux arrivées incessantes de joueurs en prêt, et début d'une vraie politique mercato, peut-être moins alléchante vue de l'extérieur, mais qui se sera montrée efficace. Le club a ainsi construit, pendant ses deux saisons en Segunda, un effectif principalement composé de joueurs espagnols, avec des profils plutôt expérimentés qui ont roulé leur bosse sur les pelouses ibériques, ou des joueurs un temps destinés à une belle carrière en Liga qui avaient besoin de se relancer. Un mélange efficace qui a permis au club de monter, et la plupart d'entre eux ont parfaitement négocié ce passage en première division. Alvaro Vadillo (25 ans), un temps considéré comme un des plus grands espoirs espagnols lorsqu'il jouait au Betis, en est un bel exemple, tout comme le milieu de terrain Angel Montoro (31 ans), qui compte plus de 200 matchs à son actif en D2.

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Difficile aussi de ne pas évoquer le cas du capitaine Antonio Puertas, l'ailier qui a lui tout connu avec Granada, des divisions régionales à la première division ! Le club de la ville de l'Alhambra n'a d'ailleurs pas fait de folies - et n'aurait pas pu même s'il l'avait voulu - pendant le mercato estival. Les arrivées de l'ailier vénézuélien Darwin Machís (3 M€) ou de Domingos Duarte (3 M€), tous deux auteurs de grosses saisons en D2 l'an dernier, ont été les principaux "caprices" des Andalous, avec l'arrivée libre du vétéran Roberto Soldado. Quelques joueurs intéressants sont venus se joindre en prêt à un effectif déjà solide, comme Yangel Herrera (Manchester City), Carlos Fernandez (Séville) ou Maxime Gonalons (AS Roma). Nos amis granadinistas tiennent également à mettre en avant Rui Silva, le gardien : « exemplaire la saison dernière, celui qui n'était que la doublure de Javi Varas s'est imposé comme une référence en Liga cette saison. À un poste où, mis à part le Memo Ochoa, aucun gardien n'avait comblé le vide laissé par Roberto (Roberto Fernandez, gardien de Granada entre 2010 et 2015, NDLR), légende du club et héros de la montée précédente. Un futur international portugais, c'est certain ! »

Diego Martinez à la baguette

Un effectif intéressant, mais modeste, boosté par les talents de Diego Martinez, l'entraîneur. Lui aussi a eu un parcours pour le moins particulier, notamment parce qu'il n'a jamais évolué au niveau pro et a mis un terme à sa carrière dès ses 20 ans pour se consacrer au métier d'entraîneur. Après avoir entraîné des équipes de jeunes puis des équipes amateurs, c'est en 2009 que sa carrière change, alors qu'il n'avait même pas trente ans. Il arrive à Séville pour travailler dans les bureaux, avant de se voir confier les commandes de l'équipe C. Récompensé de son bon travail, il intègre le staff de l'équipe première très rapidement, et côtoie Marcelino ou Unai Emery, avant de se voir confier les clés de l'équipe B en 2014, qu'il mène jusqu'à la deuxième division ! Après un passage moyen à Osasuna lors de l'exercice 2017/2018, il arrive à Granada l'été dernier. La suite, on la connaît... Qu'on se le dise, dans son 4-2-3-1, Diego Martinez n'est clairement pas à la recherche de l'esthétisme à tout prix. Si beaucoup de coaches de la nouvelle génération espagnole ont Pep Guardiola ou Diego Simeone pour modèles, dans des styles diamétralement opposés, mais qui font la richesse de la Liga, lui est plutôt entre les deux.

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« C’est une équipe qui a su profiter de chaque occasion qui se présente pour marquer, une solidité défensive, avec un très bon gardien, et une capacité à garder le ballon et pas forcément le lancer en attaque directement sans savoir quoi en faire. En plus, il y a une très bonne gestion des matchs lorsque l’équipe mène au score. Une gestion défensive, mais aussi en attaque pour faire pression sur l'équipe adverse même à la 90e minute. La patte Martinez l'an dernier : une équipe bien en place, qui aime contrôler le ballon et lancer ses flèches sur les côtés grâce un 9 en pivot. Pas toujours spectaculaire la saison dernière, avec, quasiment pas de victoire par plus d'un but d'écart, mais terriblement efficace avec cette seconde place méritée ! Cette saison, la grosse différence, c'est que mis à part au Bernabéu, cette équipe est très solide, mais en même temps se crée beaucoup d'occasions et marque pas mal ! 17 buts inscrits, 10 encaissés (dont 8 contre Villarreal et le Real Madrid) et 6 victoires sans prendre de but ! », nous explique-t-on depuis la Peña Granada C.F Francia. Les coups de pied arrêtés sont également une arme redoutable sur laquelle mise beaucoup le Galicien.

Jusqu'où peut aller Granada ?

« Une équipe caméléon, capable de s'adapter à tout type de match », expliquait Martinez lui-même lundi soir dans un entretien accordé à la Cadena SER. Une interview dans laquelle il a tenu des propos assez intéressants, concernant la gestion du côté psychologique dans un effectif, confiant aussi diffuser des reportages dans le vestiaire pour motiver ses troupes : « pour motiver les joueurs, on utilise différentes options. L'élément le plus important du foot, c'est le joueur, et notre objectif c'est qu'il puisse croire en nous. Ça va au-delà du côté technico-tactique. Le côté psychologique va avec le sportif, le football marche à la confiance, que le joueur croie en lui et en ce qu'il fait c'est le plus important ».

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Le club andalou est-il un candidat au titre ou même aux places européennes ? C'est une question qu'on se pose forcément. Il est clair que Granada ne devrait a priori pas être au coude à coude avec les cadors du pays pour le titre final, mais une place en Europa League par exemple semble tout à fait envisageable, à l'image de ce qu'a fait Getafe la saison dernière, ou même l'Espanyol, deux clubs qui n'étaient certes pas promus, mais qui n'étaient pas attendus aussi haut. « On est à 1/4 de la saison, il suffit qu'on ait quelques bons joueurs blessés pour commencer une mauvaise série parce qu'on a un effectif un peu juste. Mais si la chance est de notre côté, être en première partie de tableau serait bien pour gagner de la confiance pour les prochaines saisons, et arriver en Europa League serait incroyable. Finir dans la première partie de tableau serait un authentique exploit ! Une place dans les 6, une chose à laquelle les supporters n'osent rêver... Mais impossible n'est pas nazarí, nos joueurs se battront toujours pour la gagne comme le dit le slogan brodé sur nos maillots : "Eterna Lucha" (lutte éternelle, NDLR) », concluent les fans français du club. C'est tout le mal qu'on leur souhaite !

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