Liga : Leganés, la nouvelle équipe à la mode en Espagne

Le sud de Madrid est à la fête cette saison. Getafe et Leganés, villes frontalières de banlieue, sont pour la première fois de l'histoire toutes deux en première division. Les premiers sont bien connus des amateurs de Liga, puisqu'avant leur relégation, ils avaient joué pendant de longues saisons dans l'élite du football espagnol. Quant au club de Leganés, promu la saison dernière, il est bien moins connu du grand public. Pourtant, les Pepineros - les vendeurs de concombre, surnom qui leur vient des origines agricoles de la ville, quand les concombres étaient la spécialité de la commune - suscitent les passions au niveau local, et le pittoresque stade de Butarque (11.000 places) est toujours plein. Mais avant de parler de l'aspect purement sportif, Leganés a su se mettre l'Espagne du foot dans la poche pour de nombreuses raisons.

¡Qué maravilla! Cómo luce Butarque horas antes del #LeganésAtleti pic.twitter.com/r1NsmCQCY4

— C.D. Leganés (@CDLeganes) 30 septembre 2017

Une ville populaire qui vibre au rythme de son équipe avec des prix abordables dans une Espagne où les tarifs pour les rencontres sont de plus en plus élevés, mais aussi une stratégie com' très bien pensée, avec une grosse activité sur les réseaux sociaux où le club n'hésite pas à blaguer et interagir avec les supporters et même les autres clubs, rebondissant sur des sujets sociétaux ou d'actualité en Espagne sur le ton de l'humour. Des joueurs emblématiques également, à l'image de Martin Mantovani, le capitaine, qui a eu un parcours assez rocambolesque avant d’atterrir dans le club de la banlieue madrilène en 2013, lorsqu'il était encore en troisième division. Le club est présidé par une femme - fait assez rare en Espagne et dans le monde du football de façon globale - Victoria Pavón, qui gère d'ailleurs le club avec son mari, Felipe Moreno. Tous deux ont d'ailleurs littéralement sauvé le club de la catastrophe, puisqu'en décembre 2008, avant l'arrivée de ce dernier, le club était au bord de la banqueroute, les salaires n'étaient plus payés et les joueurs étaient en grève. Pour l'anecdote, le contrat pour le rachat du club avait été signé le 24 décembre au soir ! Un joli cadeau, avec le recul, même s'il a fallu accomplir un travail immense pour remettre les Pepineros dans le vert. Aujourd'hui, le club a un budget de 45 millions d'euros

Et sur le terrain alors ?

Qu'on soit clair, Leganés n'est pas forcément une équipe qui mise sur le joga bonito. On est bien loin d'un Las Palmas de la première partie de saison dernière par exemple, ou même du Betis de ce début de saison, tous deux menés par Quique Setién. Asier Garitano, qui entraîne le club depuis 2013 et qui l'avait directement fait monter en deuxième division, mise avant tout sur des bases solides derrière. Principalement en 4-2-3-1, parfois en 4-4-2, l'équipe s'appuie sur un équilibre défensif à toute épreuve, et les dix joueurs de terrains participent aux efforts défensifs. Et ça marche, puisque les Pepineros sont la deuxième meilleure défense du championnat espagnol, derrière le Barça, avec seulement cinq buts encaissés en 10 rencontres disputées jusqu'ici. Devant, le club a en revanche du mal à se procurer des occasions, et tourne à moins d'un but inscrit par match en moyenne. Une équipe qui lutte avec ses armes, mais qui a tout de même quelques éléments qui valent le détour.

Parmi les meilleurs joueurs du club de la banlieue de Madrid, on retrouve l'ancien de la Juve Gabriel Pires, le milieu de terrain axial brésilien d'une polyvalence incroyable, particulièrement utile sur les séquences défensives mais aussi terriblement efficace en attaque, lui qui est capable d'apporter devant et de faire trembler les filets, avec 5 buts la saison dernière et déjà 2 cette saison. L'ailier argentin Alexander Szymanowski est l'autre joueur majeur du club, doté d'une qualité technique incroyable et d'une grosse capacité à faire des différences balle au pied dans les derniers mètres. Beaucoup de fans s'attendaient à les voir partir cet été, eux qui ont une belle cote sur le marché, mais Leganés avait finalement pu les retenir. Autres éléments intéressants : le Français Claudio Beauvue forcément, prêté par le Celta et qui fait déjà l'unanimité chez les fans, après son véritable golazo face à l'Athletic il y a deux semaines, et roc grec Dimitrios Siovas, véritable patron dans la charnière centrale pepinera.

Où s'arrêtera Leganés ?

Forcément, il est compliqué de voir les troupes d'Asier Garitano terminer la saison à une position européenne, et ce même si on appelle déjà le club l'EuroLeganés en Espagne. La concurrence sera rude dans le haut de tableau, et que d'autres clubs ont plus de talent individuel. En revanche, une place en première partie de tableau serait déjà un véritable exploit. Garitano et ses joueurs restent de toutes manières très prudents. « Notre objectif depuis le début reste le maintien. Maintenant on est bien, mais on sait que c'est long et que des mauvaises séries peuvent arriver », prévenait le latéral gauche Diego Rico il y a peu. Les supporters eux, peuvent continuer de rêver...