Real Madrid : Casillas-Adan, les raisons du pari risqué de José Mourinho

Par Matthieu Margueritte
6 min.
Real Madrid CF Iker Casillas Fernández @Maxppp

La fin d'année 2012 a été marquée à Madrid par la remise en question du statut de titulaire d'Iker Casillas par José Mourinho. Un bouleversement qui fait beaucoup parler dans le microcosme madrilène.

Tout a commencé le 22 décembre dernier. Sans doute frustré par le match nul concédé par le Real Madrid au Santiago Bernabeu contre l’Espanyol Barcelone (2-2), José Mourinho tape du poing sur la table et décide d’asseoir Iker Casillas sur le banc des remplaçants pour la rencontre contre Malaga. Un choc pour les Madridistas. Propulsé sous le feu des projecteurs, Antonio Adan ne pouvait rêver pire scénario pour son premier match de championnat de la saison. Les Merengues sont déjà à treize longueurs du leader blaugrana et une défaite mettrait définitivement un terme aux infimes espoirs de remontée du Real.

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Battus en Andalousie (2-3), les coéquipiers d’Adan rallient la capitale la tête basse avec seize unités de retard du Barça. Les Madrilènes ont failli et Mourinho a perdu son pari. La presse pro Real s’empare alors de l’affaire, la polémique est lancée. En osant toucher à l’une des figures emblématiques de la Casa Blanca, le coach portugais s’attire les foudres des médias. Annoncé plus que jamais partant, Mourinho se voit alors reprocher sa volonté de quitter Madrid en laissant le vestiaire sans dessus dessous et les premières rumeurs font part d’un intérêt du Real Madrid pour des gardiens plus jeunes susceptibles de prendre la succession de Casillas (De Gea, Casilla). Surpris par les choix de son entraîneur, le président Florentino Pérez reste, lui, muré dans le silence.

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Adan, victime collatérale

Scruté de partout, le champion du monde et double champion d’Europe est attendu au tournant par les médias. Leader du vestiaire avec Sergio Ramos, Casillas choisit pourtant de rester fidèle à sa ligne de conduite, c’est-à-dire à celle d’un joueur imperméable à ce genre de remous médiatiques fréquents à Madrid. « Je me sens très bien. Je ne suis pas une machine, je dois m’entraîner tous les jours. Il y aura de meilleurs moments et d’autres moins bons. Ensuite, c’est le staff technique qui décide. J’ai un coéquipier (Antonio Adan, Ndlr) qui est en plus un ami. Il a tout notre soutien et notre confiance. Antonio défend Madrid avec de l’envie. Madrid est au-dessus de Casillas. La décision appartient à l’entraîneur. »

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Lâché par les médias et par les socios merengues, le Special One n’est pas déstabilisé pour autant. La veille du match à domicile contre la Real Sociedad, le technicien portugais ne se démonte pas et persiste. « Être dans une zone de confort en permanence n’est bénéfique pour aucun joueur de football, quel que soit le poste. (…) La confiance est essentielle pour tous les joueurs, pas seulement pour le gardien de but. Mais de la même manière, la compétitivité n’est pas moins un aspect important. » Résultat : Adan est une nouvelle fois titularisé. Mais là encore, le sort s’acharne sur le portier de 25 ans. Si Madrid s’impose dans la douleur (4-3), la doublure de Casillas n’a disputé que six minutes du match, le temps pour lui de se faire expulser et de provoquer un penalty. S’en est trop pour le public du Bernabeu. Sorti sous les sifflets, Adan voit également Mourinho être la cible d’une bronca monumentale lorsque ce dernier fait entrer en jeu Casillas. Un moment choisi par les socios du Real pour manifester leur colère à l’encontre de leur coach et tout leur amour pour leur nº 1 adoré. On ne touche pas comme ça à Casillas. Mais pour Adan, l’expérience a été amère, lui la victime innocente de cette guerre. « On m’a manqué de respect. Ça a été deux semaines durant lesquelles il s’est dit beaucoup de choses. J’étais éloigné de tout ça. Mon travail m’a amené où j’en suis, mes coéquipiers et mon coach m’ont soutenu. Il y a eu des prises de position qui m’ont manqué de respect. Je ne suis qu’un élément de l’effectif et j’ai le droit de jouer. Ça fait 16 ans que je suis ici et certains ne connaissent pas mon parcours et se permettent de juger. »

Mourinho a une idée derrière la tête

Le coup est rude à encaisser, mais très vite, c’est une nouvelle fois Mourinho qui est pointé du doigt. Pour la presse, ce dernier a tout simplement « tué » Adan. Un nouveau mécontentement appuyé par un sondage réalisé par Marca auprès des supporters merengues qui révèle que seulement 54% d’entre eux souhaitent voir le Lusitanien poursuivre l’aventure du côté de l’Avenida Concha Espina. Une chute de popularité évidente puisqu’en 2011, ils étaient derrière Mou à 94%. Et alors que Madrid doit disputer ce soir son match retour de coupe du Roi face au Celta Vigo (défaite 2-1 à l’aller), qui de Casillas ou d’Adan sera aligné ? Assuré de disputer la prochaine rencontre de championnat, Casillas laissera-t-il sa place à son partenaire ? A priori non selon les dernières tendances en provenance de la capitale ibère. Obligé de briller dans l’une des deux dernières compétitions que son équipe peut encore remporter, Mourinho sait qu’Adan reste sur deux sorties désastreuses et devrait donc faire à nouveau confiance à son nº 1 habituel. Mais après ? Une fois la suspension d’Adan purgée (contre Osasuna), le Special One fera-t-il encore tourner ? Même après la révélation du vote de Casillas pour Mourinho pour le vote du meilleur entraîneur de l’année FIFA (devant Vicente Del Bosque !) ? Probablement.

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Pourquoi ? En coulisse, il se murmure que le vote de Casillas pour son coach du Real Madrid serait uniquement diplomatique. En bons termes avec Del Bosque, le Madrilène n’aurait tout simplement pas voulu d’une nouvelle réaction épidermique de Mourinho dans le vestiaire. Enfin, pour ce qui est du manège des gardiens, il faut remonter au début de la saison. À 31 ans, Casillas n’est certes plus tout jeune, mais il reste un cadre difficilement contestable au point de le mettre en préretraite. Impossible donc d’engager un portier dès à présent d’avenir type De Gea ou Casilla qui ne voudraient pas d’un statut de doublure. Le but pour Mourinho est donc de conserver Adan cette saison 2012/2013. Seul problème, son nº 2 est sur le départ. Pour le retenir, le Special One lui aurait donc promis du temps de jeu. La situation du Real Madrid en Liga à la mi-saison aidant, l’ancien Intériste en a donc profité pour tenir sa promesse tout en ayant pour objectif de piquer Casillas. La raison ? Remotiver son gardien pour les futures grandes échéances à venir telles que le 1/8e de finale de Ligue des Champions contre Manchester United et les derniers tours de Coupe du Roi. Car si les Merengues se sortent du piège galicien, c’est un quart de finale face à Valence ainsi qu’une possible demi-finale contre le Barça qui se profilent à l’horizon. Un choix risqué pour Mourinho.

Avec la participation de notre correspondant à Madrid, Ivan Vargas.

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