Real Madrid : les grands chantiers d'un été 2013 qui s'annonce très chaud

Par Matthieu Margueritte
6 min.
Real Madrid CF José Mario Felix dos Santos Mourinho @Maxppp

L'exercice 2012/2013 marque un tournant au Real Madrid. Entre un José Mourinho plus que jamais critiqué et les futures élections présidentielles, la fin de saison s'annonce passionnante du côté de la avenida Concha Espina. Explications.

Détrôné, chahuté, voire humilié par le Barça entre 2008 et 2011, le Real Madrid a retrouvé sa place de nº 1 d'Espagne en mai dernier. Sacrée en championnat, la Casa Blanca a continué sur sa lancée en décrochant dans la foulée la Supercoupe d’Espagne face à l’ennemi juré, le FC Barcelone. Une nécessité pour une institution incapable de supporter l’idée de voir les Blaugrana être encensés à longueur de temps pour leur football total. Mais très vite, le ciel s’est de nouveau assombri au-dessus du stade Santiago Bernabeu.

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Auteur d’une des plus mauvaises moitiés de saison de son histoire récente, le club merengue pointe aujourd’hui au troisième rang de la Liga, derrière ses deux plus gros rivaux, à savoir à quatre points de l’Atlético Madrid et surtout à treize longueurs du Barça ! Un gouffre. Un fossé qui a permis à certains vieux démons madrilènes de remonter à la surface. Des démons datant du début de l'ère Mourinho. Recruté par le Real en 2010 moyennant tout de même un chèque de plus de 12 M€, le technicien portugais était arrivé en grandes pompes, telle la star capable de mettre un terme à l’hégémonie catalane.

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Une guerre d'usure qui laisse des traces

Mais face à la bande de Lionel Messi, le Special One a très vite déchanté. À partir du 29 novembre 2010 plus précisément lorsque le Barça inflige un cinglant 5-0 aux hommes de Mourinho. Jamais terrassé de la sorte, le Lusitanien va alors entamer une série d’attaques à l’encontre des Blaugrana et siffler le coup d’envoi d’une guerre médiatique entre les deux clubs qui conduira même Mourinho à mettre son doigt dans l’œil de Tito Vilanova, alors adjoint de Pep Guardiola. Obsédé par l’idée de mettre un terme au règne insolant des Catalans, le Special One a alors multiplié les provocations en tout genre au point de susciter des levées de boucliers à Madrid même, chez les garants de l’éthique merengue. Chahuté, Mourinho voit alors les rumeurs de départ se succéder. Sollicité, le président Pérez ne lâche pas son coach pour autant. Une tactique de l’unité qui a porté ses fruits puisque le Real a fini par détrôner le Barça en mai dernier. Mais cette saison, tout est reparti de travers. Très vite distancés, les Madrilènes accumulent les contre-performances. En réaction, Mourinho refuse de plaider coupable. Pire, il commence à critiquer publiquement certains de ses joueurs, notamment après des deux déplacements à Séville (les 15/09 et 24/11) ponctués par deux défaites. Des attaques répétées face auxquelles des cadres tels qu’Iker Casillas et Sergio Ramos ont mal réagi. Une division au sein du vestiaire madrilène est alors à nouveau évoquée. Marca viendra même à faire sa une sur un vestiaire rebaptisé « la poudrière ». Devenu usant pour son groupe, Mourinho agace également la presse et sa dernière sortie de route (il a déclaré à un journaliste de Radio Marca : « Dans le monde du football, je suis au top. Dans le monde du journalisme, tu n’es qu’une merde ») n’a rien arrangé.

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Cible de toutes les attaques, Mourinho se voit aussi reprocher, outre son attitude jugée trop provocatrice, ses pleins pouvoirs au sein du club, notamment en termes de recrutement. Des pouvoirs qu’aucun coach du Real Madrid n’avait eu jusqu’à présent. Entre un Jorge Valdano écarté sans ménagement, des renforts engagés à des prix élevés (et gérés par son agent Jorge Mendes) tels que Coentrão et l’affaire Di Maria/Silva dans laquelle Mourinho a préféré recruter l’Argentin alors que Florentino Pérez souhaitait “espagnoliser” l’effectif avec l’ex-Valencian, le Special One accumule les rancœurs. Dès lors, avec ce sentiment ambiant de défiance permanente, comment imaginer l’ancien coach de l’Inter Milan rempiler pour une quatrième saison ? Le 3 décembre dernier, Marca annonçait d’ailleurs « Divorce en vue » entre Mou et son club. Pire, les dernières rumeurs en provenance de la capitale espagnole faisaient même état de négociations entre l’entraîneur et son président portant sur une séparation à l’amiable. Une distance grandissante entre le technicien et son président qui a pu être ressentie lorsque Pérez a publiquement reproché (de manière implicite certes) à son entraîneur d’avoir reconnu que la lutte pour le titre en Liga était déjà perdue. « Au Real, on ne doit jamais rendre les armes. »

La succession de Pérez, l'autre inconnue de taille

Mais si Mourinho semble s’éloigner des Merengues, le Portugais ne sera pas le seul acteur principal de la prochaine saga estivale madrilène. En effet, trois ans après son retour aux affaires, Florentino Pérez devra quant à lui faire face aux élections présidentielles. Et si la chaîne espagnole TV3 a évoqué l’hypothèse d’un départ du dirigeant merengue, Pérez reste néanmoins le grand favori pour sa succession. Car ce dernier a quelque peu préparé le terrain. Ainsi, l’Assemblée générale des socios a validé sa proposition selon laquelle seuls les socios possédant au moins vingt ans d’ancienneté pourront se porter candidats à la présidence (avant c’était 10 ans). De plus, ces candidats doivent également justifier un aval bancaire prouvant qu’ils disposent d’au moins 75 M€ de fonds personnels. En clair, deux mesures pour limiter les candidatures, et surtout empêcher les pétrodollars de prendre le contrôle du Real Madrid. En attendant l’officialisation de sa candidature (Manuel Sanchis, Villar Mir ou Eugenio Martinez Blanco sont annoncés comme de possibles rivaux), quel programme Pérez peut-il promettre à ses socios ?

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Pour le moment, si “l’espagnolisation” de l’effectif a été un peu mise de côté, Pérez s’attèle surtout à accomplir les tâches dont il devait s’acquitter, à savoir la pose d’un toit pour le Santiago Bernabeu. Mais après ? À l’heure actuelle, deux chantiers se profilent. Le premier c’est bien sûr le cas Mourinho. Si le Portugais plie bagage, qui pour le remplacer ? Alors que les noms de Rafa Benitez ou de Carlo Ancelotti ont circulé, le milieu madrilène évoque des pistes plus ancrées dans l’histoire merengue et même celle menant à… Zinedine Zidane qui passe actuellement son diplôme d’entraîneur et qui a l’avantage de connaître le club et surtout les jeunes. Enfin, l’autre défi se nomme Cristiano Ronaldo. Toujours en négociations avec ses dirigeants pour la prolongation de son contrat, CR7 est une tête d’affiche incontestable pour la Casa Blanca, aussi bien sportivement (126 buts inscrits en 117 matches de Liga) que commercialement parlant. Annoncé dans le viseur du PSG, l’ancien Red Devil aurait forcé le Real à réagir. Comment ? En renvoyant les Franciliens à la clause libératoire de 1 000 M€ du joueur. Dissuasif, même pour les pétrodollars parisiens. Bref, une chose est sûre : il va y avoir de l’action l’été prochain du côté de la avenida Concha Espina.

Avec la participation de notre correspondant à Madrid, Ivan Vargas.

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