Real Madrid : pourquoi Lucas Vazquez est passé du statut de chouchou à tête de turc du Bernabéu

Par Max Franco Sanchez
5 min.
Real Madrid CF Lucas Vázquez Iglesias @Maxppp

Un temps adoré par les supporters du Real Madrid, Lucas Vazquez est devenu l'un des boucs émissaires du public madrilène.

S'il y a quelque chose qu'on ne peut pas reprocher aux supporters du Real Madrid, c'est la passion et le soutien qu'ils montrent à l'égard des jeunes joueurs, qu'ils soient formés au club ou qu'ils viennent d'autres horizons. Et s'ils sont espagnols, c'est encore mieux, forcément. Très exigeants avec les joueurs recrutés à coups de millions, les fans merengues sont en revanche généralement très heureux de voir des petits prodiges faire leurs gammes sous la tunique blanche, et n'hésitent pas à les couver en leur donner du temps. C'est le cas avec Vinicius Junior, souvent encouragé par le Bernabéu lorsqu'il n'est pas dans son match et enchaîne les mauvais choix. Des joueurs comme Isco, Marco Asensio ou Dani Carvajal, en plus du Brésilien cité ci-dessus, ont ainsi connu un traitement de faveur de la part des socios, et occupent encore une place importante dans leur cœur même si leurs prestations n'ont pas toujours été au niveau depuis leur explosion.

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Lucas Vazquez s'était lui aussi un temps mis tout les Madrilènes dans la poche. Revenu à Madrid pour la saison 2015/2016 après un passage d'un an réussi du côté de l'Espanyol, le Galicien s'est rapidement fait une place relativement importante dans l'équipe, en tant que 13e ou 14e homme. Et surtout, contrairement à des joueurs comme Isco ou Asensio, qui ont un talent fou balle au pied et peuvent ainsi parfois sembler nonchalants ou donner l'impression de se regarder jouer, Vazquez a toujours eu ce côté batailleur et travailleur. Moins doué que la plupart des joueurs de l'effectif balle au pied, il a souvent compensé par le travail, l'effort et l'intelligence dans le jeu. Et ça, généralement, ça ne passe pas inaperçu à Madrid.

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Il n'est plus aussi décisif qu'avant

Dans le même temps, son apport ne se limitait évidemment pas qu'à ça, et il montrait de très belles choses sur les séquences offensives, étant devenu un des leaders de cette deuxième escouade du Real Madrid, allant jusqu'à enchaîner bon nombre de rencontres comme titulaire. Il avait même pu goûter aux joies de la sélection espagnole. Des matchs référence, en Europe notamment, en avril 2018 face au Bayern. Mais peu à peu, son statut de chouchou a commencé à laisser place à des critiques, quelques sifflets dans les travées de l'enceinte madrilène et des moqueries sur les réseaux sociaux. Pourquoi ? Qu'on se le dise, les résultats moyens de l'équipe la saison dernière et le jeu pas franchement emballant des hommes de Lopetegui, Solari puis Zidane, y sont pour beaucoup. Quand l'équipe tournait bien, et qu'un joueur comme Cristiano Ronaldo faisait le boulot devant, le Real Madrid pouvait se permettre d'aligner des joueurs un peu moins talentueux devant, et les prestations peut-être insuffisantes de ces derniers passaient donc inaperçues. Maintenant que le Portugais est parti, même si Karim Benzema est devenu le patron de l'attaque, les lacunes et les défauts des autres sont un peu plus exposés à la lumière du jour. Et dans le même temps, les supporters deviennent plus exigeants avec les joueurs en question.

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Le public a aussi envie de voir des nouveaux visages à l'oeuvre, à l'image de Rodrygo, ou de Vinicius Junior, qui ne joue plus beaucoup en ce moment, et Lucas Vazquez leur "ôte" du temps de jeu. Mais le contexte n'explique pas tout. Force est de reconnaître que le numéro 17 madrilène a baissé d'un cran au niveau de ses prestations. Souvent aligné côté droit, on voit ainsi un Lucas Vazquez qui a du mal à faire des différences. On le voit souvent maladroit dans le dernier geste, ratant ses transmissions dans les derniers mètres. Pour caricaturer, quand il reçoit le ballon avancé sur ce flanc droit, l'action est souvent morte dans l’œuf. Les chiffrent ne mentent pas : un but et trois passes décisives pour lui la saison dernière en Liga, alors que les deux années précédentes il avait distillé sept passes décisives et avait fait trembler les filets à plusieurs reprises. On peut cependant souligner qu'il ne lésine toujours pas dans les efforts défensifs.

Vazquez n'est peut-être pas parti au bon moment

Zinedine Zidane compte en tout cas toujours autant sur lui, et continue de faire de lui l'un de ses fidèles soldats. Sur les réseaux sociaux, les supporters madrilènes ironisent souvent en affirmant qu'on connaît toujours le premier mouvement tactique de Zizou en cours de match : entrée de Lucas Vazquez. Comme l'explique El Mundo, les deux hommes sont très proches, et cet été, le Français lui a encore confirmé qu'il comptait sur lui, alors que des clubs étaient intéressés. Et c'est peut-être là que le joueur n'a pas forcément bien géré sa carrière. Généralement, les joueurs de son profil quittent le club après un an ou deux en équipe première, pour occuper un rôle plus important ailleurs. Ce fut le cas de joueurs comme José Callejon, Alvaro Morata, Gonzalo Higuain ou Achraf Hakimi. D'autant plus qu'à une époque, on parlait d'offres colossales en provenance d'Angleterre. Son excellente relation avec son coach, bon nombre de cadres du vestiaire et son professionnalisme reconnu par le staff du club ont peut-être joué.

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En somme, il n'a pas franchi le cap qui aurait dû lui permettre de passer d'espoir à joueur de très haut niveau. Clairement, on parle tout de même là d'un joueur d'élite, qui serait probablement titulaire dans au moins 16 ou 17 autres équipes de Liga. On constate cependant qu'aujourd'hui, il fait parfois tâche sur le terrain, bien qu'il ne soit pas le seul madrilène à être régulièrement à la ramasse. Lucas Vazquez est devenu un joueur clivant, qui divise, ce qui est généralement assez rare chez les joueurs de son profil. On a plus l'habitude d'être confronté à ce cas-là lorsqu'on a à faire à des joueurs friands de sorties médiatiques remarquées, ou ayant des attitudes parfois un peu contestables sur le terrain. Le Galicien, qui s'approche des 200 apparitions sous la tunique blanche, n'est rien de tout ça. «J'affronte ces sifflets tranquillement », confiait-il récemment. Il faut dire qu'il a la réputation d'avoir un mental à toute épreuve, et que du haut de ses 28 ans, déjà, il en a vu des vertes et des pas mûres dans ce monde du football. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard s'il est surnommé l'homme de fer dans le vestiaire madrilène. À lui de le prouver en montrant qu'il est capable d'inverser la tendance et qu'il ne s'agit que d'une méforme passagère, qui commence tout de même à durer...

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