Ajaccio : Adrian Mutu, l’histoire d’un malentendu

Par La Rédaction FM
3 min.
Ajaccio Adrian Mutu @Maxppp

Après seulement un an et demi, Adrian Mutu quitte déjà la Corse. Et ce, dans l’indifférence la plus totale. Arrivé en grande pompe à Ajaccio, l’attaquant n’a pas eu l’impact attendu. Mais pouvait-on en attendre davantage ? Retour sur un parcours en dents de scie qui n’est finalement pas si étonnant.

Le 28 août 2012, c’est l’effervescence à Ajaccio. Un an après le coup Ochoa, l’ACA annonce qu’elle a trouvé un accord avec Adrian Mutu. En Corse comme à travers l’Hexagone, on crie au génie du président Orsoni. La réputation de l’attaquant n’est plus à faire sur les pelouses, son CV avantageux et statistiques en carrière laissent à penser qu’en dépit de son âge avancé, le Roumain en a encore sous la semelle. Le joueur lui-même annonce la couleur à peine débarqué sur l’Île de Beauté, lançant un défi à l’autre arrivant de standing qu’a connu la Ligue 1 durant l’été, un certain Zlatan Ibrahimovic. Un défi pour lequel il est aujourd'hui, un an et demi plus tard, moqué. À juste titre ?

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Bilan statistique honorable et circonstances atténuantes

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Peut-être pas. D’abord parce que Mutu plaisantait à ce sujet. Lui-même savait pertinemment qu’il ne planterait pas autant qu’Ibra. Mais c’est à croire que la France l’a pris au pied de la lettre. Au regard de la carrière du joueur, elle a considéré cette plaisanterie comme une promesse. Inutile de dire qu’un an et demi plus tard, elle a de quoi être déçue : « Il Fenomeno », comme on le surnommait en Italie, n’aura planté que 11 buts en 37 matches de Ligue 1. Mais 11 buts – l’intégralité ayant été inscrits sur la première partie de saison – est-ce finalement un si mauvais bilan ? À creuser en profondeur, la réponse est non. Niveau statistiques, Mutu aura davantage planté sur sa première saison en Corse que sur les trois précédentes en Italie. Pas si mal, compte tenu d'une longue période de remise en forme et d’un autre fait majeur.

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Adrian Mutu n’a jamais évolué à son poste de prédilection à Ajaccio. Car Adi n’est pas une pointe à proprement parler, sinon un 9 et demi. Un homme qui aura joué son meilleur football dans un 4-2-3-1, derrière des attaquants comme Luca Toni ou Alberto Gilardino. Il y a des images qui n’ont pas trompé, durant son séjour en Corse : celle d’un joueur constamment esseulé sur la pelouse, pas souvent servi, mais souvent grognard. Une attitude un brin hautaine à l’encontre de ses coéquipiers, que l’on peut aisément dresser en reproche. Car si Mutu a des circonstances atténuantes, le voir chahuter ses coéquipiers n’avait rien de louable. Tout comme son attitude en interne, entre brouilles successives avec les coaches Dupont et Ravanelli, et un départ pour le moins houleux.

Un parcours à l’image de sa carrière

Mais là encore, ne pouvait-on pas s’y attendre ? Mutu le joueur a un alter-ego à la ville, et c’est une réputation qu’il ne fallait pas omettre. On ne veut pas forcément parler de sa consommation de cocaïne du temps de Chelsea – qui lui vaudra une suspension, une amende de 17 M€ pour rupture abusive de contrat, jusqu’au retrait de son nom dans le jeu vidéo FIFA – celle de subitramine à Florence ou de benzidrine en Roumanie, mais bien de ses écarts de comportement multiples. Ses sorties nocturnes avant les matches, ses brouilles à répétition avec le sélectionneur roumain Victor Piturca – la dernière lui ayant valu un énième bannissement – sont autant d’éléments qui prouvaient qu’avec Mutu et son ego, ça passe, ou ça casse.

En l’occurrence, quelque chose s’est brisé cette saison. C’est ainsi que Mutu a résilié son contrat pour rejoindre à tout juste 35 ans le Petrolul, actuel troisième du championnat roumain. Là-bas aussi, il a été accueilli en grande pompe. Et là aussi, il n’a pas lésiné sur les promesses. « J'ai toujours voulu tout gagner et c'est ce que je veux faire avec le Petrolul, une équipe qui peut encore remporter le titre et la Coupe. Si je veux bien jouer et montrer mes qualités, je pourrais même être à nouveau convoqué en équipe nationale. » Grand joueur sur le déclin, Adrian Mutu est le genre d’homme à ne pas tirer leçon de ses erreurs. Et ça, l'ACA et la France du football ne peuvent aujourd'hui que le constater.

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