Comment Vahid Halilhodzic a redonné du mordant au FC Nantes

Par Matthieu Margueritte
5 min.
Nantes Vahid Halilhodžić @Maxppp

Pour son deuxième match à la tête du FCN, Vahid Halilhodzic a vécu une soirée magique contre Toulouse. Vainqueurs 4-0, les Canaris ont affiché un visage bien différent qu'à Bordeaux (0-3) lors de la première du technicien bosnien. Et pour cause, ce dernier a profité de la trêve internationale pour faire parler sa méthode.

Officiellement intronisé à la tête du FC Nantes le 2 octobre dernier, Vahid Halilhodzic a endossé son costume de pompier de service. En perdition depuis le début de la saison, le FCN version Miguel Cardoso avait besoin d'un électrochoc selon le président Waldemar Kita. Ce dernier a alors compté sur la réputation d'entraîneur à poigne du Bosnien pour remettre le navire jaune à flot. Malheureusement pour l'ancien coach du PSG, l'effet Halilhodzic ne s'était pas vraiment fait sentir pour son premier match à Bordeaux. Une cinglante défaite 3 buts à 0 qui avait accouché d'un premier coup de gueule de «coach Vahid».

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«On a été dominé sur tous les plans : physiquement, tactiquement, individuellement et collectivement. Le constat est un peu terrible. Il nous reste un travail vraiment énorme. (...) Je connaissais le challenge, qui n’est pas facile. Si d’autres clubs m’avaient proposé ça, je ne serais jamais venu». Depuis, la trêve internationale est passée par là. Et visiblement, ça a fait un bien fou aux joueurs du FCN. Faciles vainqueurs du TFC à la Beaujoire (4-0), les Nantais ne sont pas encore sortis de la zone rouge (18es, à un point d'Amiens), mais ce probant succès a été l'occasion de voir des Canaris métamorphosés. De quoi ravir Halilhodzic.

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Coach Vahid en a fait baver à ses joueurs

«Je suis fier de ce que les joueurs ont fait. Ce n’est pas une transformation après la rencontre à Bordeaux, mais c’est la naissance d’une équipe. (...) Pendant 14 jours, on a vraiment travaillé, on a souffert, et on est récompensé par une très belle victoire. Je pense que cette équipe a montré son vrai visage ce soir. On a mis beaucoup de rythme, de vitesse, dans les transmissions de ballons, il y a eu quelques actions de très haut niveau. C’était beau à voir, c’était vraiment 4 buts dans la construction, pas au hasard», s'est réjoui le Bosnien en conférence de presse, dans des propos relayés par Ouest-France et 20 Minutes. Nantes devra encore batailler pour se sauver, mais comment Halilhodzic a-t-il fait pour transformer des Canaris amorphes à Bordeaux en Nantais conquérants face aux Pitchounes ?

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Alors qu'un rapport récent de la LFP indiquait que le FCN devançait les 19 autres équipes de Ligue 1 en termes de distance en haute intensité, la remise à niveau physique concoctée par Halilhodzic a, semble-t-il, été très appréciée. «On a bossé différemment avec le nouveau coach. Avec l’ancien, à part lors des stages à Annecy et aux Sables-d’Olonne, on n’avait pas fait de séances physiques… Avec le travail fait pendant la trêve qui était très éprouvant, je peux vous assurer qu’on en a bavé. Quand tu vois que ça paie, c’est encourageant», a ainsi déclaré le capitaine Valentin Rongier à 20 Minutes. Une impression confirmée par Enock Kwateng. «Le coach nous a fait beaucoup travailler pendant cette trêve. On était fatigués à chaque séance. Et ce soir (samedi), on était prêts physiquement…» Réputé pour être un entraîneur spécialiste dans ce domaine, Vahid Halilhodzic n'a donc pas fait dans la nouveauté. Mais pas seulement. «Il a aussi pris le temps de voir les joueurs en face-à-face parce qu'il fallait soigner les maux de tête», nous a confié David Phelippeau, journaliste de 20 Minutes et suiveur du FCN.

Un recadrage tactique, un Sala retrouvé

Trois semaines après la prise de fonction du Bosnien, peut-on alors déjà parler d'effet Vahid ? «C'est encore un peu tôt, ils ne veulent pas s'enflammer», indique Phelippeau. Un travail physique payant, sans oublier un recadrage tactique (depuis qu'il a pris les rênes des Canaris, Halilhodzic a opté pour un 4-3-3). «Il y a eu beaucoup de travail de positionnement. Chacun sait le rôle qu'il a à faire. Chacun sait où il doit se placer, dans le repli, à la récupération, dans les sorties de balle. Il a beaucoup insisté dans le repositionnement de chaque joueur. Avec Cardoso, c'était un jeu de possession, où le décalage se faisait principalement avec les latéraux qui montaient énormément, ce qui faisait que sur les contres, il y a d'énormes boulevards. Il y avait une gestion de la profondeur difficile, sachant qu'à Nantes, il n'y a pas forcément des joueurs qui ont une vitesse folle, dont la charnière centrale. Donc il a mis un bloc plus bas pour faciliter la récupération. Il a aussi densifié le milieu de terrain pour éviter que les latéraux fassent des courses usantes», nous a confié Jean-Marcel Boudard, journaliste à Ouest-France. Et des joueurs oubliés relancés. Mis de côté depuis le début de la saison, le milieu récupérateur brésilien Andrei Girotto a ainsi disputé son premier match de championnat. Positionné juste devant la défense, l'ancien pensionnaire de Chapecoense a joué simple et a gratté un grand nombre de ballons. Des consignes claires demandées par un Halilhodzic soucieux de voir ses ouailles s'appliquer sur leurs fonctions premières.

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En tout cas, s'il y en a un qui ne boude pas l'arrivée de l'ex-sélectionneur de l'Algérie et du Japon, c'est bien Emiliano Sala, auteur d'un triplé face au TFC. Sous l'ère Miguel Cardoso, l'Argentin avait fait parler la poudre (4 buts en 7 matches de championnat), mais visiblement, le passé d'ancien attaquant d'Halilhodzic a été un plus pour retrouver le sourire. «On a pas mal discuté avec le coach. C’était un très grand attaquant, je l’écoute attentivement. Il peut me donner beaucoup de conseils. Ça va me servir pour la suite», a déclaré le joueur à l'issue de la rencontre. «Il avait quand même marqué avec Cardoso, mais on a retrouvé le Sala de l'ère Conceição, c'est-à-dire que c'est un chien sur le terrain, il se bat sur tous les ballons, il marque de beaux buts et des buts de raccroc. Il aurait pu en mettre plus samedi dernier s'il avait été plus efficace. On a aussi retrouvé un Sala souriant. Ce n'est pas quelqu'un de très souriant, mais je l'ai trouvé bien dans sa peau. Il nous évitait depuis plusieurs semaines. On a retrouvé le Sala dont Nantes a besoin s'il veut se tirer d'affaire», confirme Phelippeau. «Il participe au pressing, mais il ne le fait pas tout seul. On ne lui demande plus de faire des appels sur les côtés, donc il peut se concentrer sur l'axe. Donc il est plus économe, plus lucide quand il arrive face au but», confirme Boudard. Le chemin vers le maintien est encore long, mais les sourires sont enfin revenus au FC Nantes. Reste à savoir s'ils perdureront.

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