Entretien avec… Benjamin Corgnet : « Il y a eu quelques contacts avec l’OL, mais… »

Par Khaled Karouri
9 min.
Olympique Lyonnais Benjamin Corgnet @Maxppp

Le football est fait de belles histoires, et Benjamin Corgnet fait partie de ces parcours hors du commun. Évoluant dans le monde amateur il y a encore un an et demi de cela, le joueur de 24 ans est l'une des belles révélations de cette saison en Ligue 1. Pour Foot Mercato, le Dijonnais revient sur sa carrière, ses premiers pas en Ligue 1, et sur son mercato.

**Foot Mercato : Tout d'abord Benjamin, comment allez-vous ?

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Benjamin Corgnet :** Et bien écoutez très bien, ça va nickel. Hâte de disputer le gros match qui nous attend.

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**FM : Vous avez un parcours assez atypique pour un footballeur professionnel. Pourriez-vous nous raconter votre histoire ?

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BC :** C'est vrai qu'il y a encore trois ans, je jouais en Division d'Honneur à Millery-Vourles, c'est un petit club vers chez moi dans la région lyonnaise. Je jouais là-bas avec mes potes pour m'amuser, il y avait une très bonne ambiance donc c'était sympa. Et puis, il y a maintenant deux ans, j'ai eu l'opportunité de jouer à Chasselay, au Nord de Lyon, qui était en CFA 2 à l'époque. J'ai joué une année là-bas et, au bout de six mois, j'ai eu la chance de connaître dans ce club Ghislain Anselmini. Il a pu me faire passer des essais en décembre à Dijon, vu qu'il connaissait le coach Patrice Carteron avec qui il avait joué. Au bout de trois jours d'essais qui se sont avérés concluants, le club de Dijon m'a proposé un contrat. Je leur ai dit que je voulais d'abord finir ma scolarité, car j'étais en dernière année de BTS optique. Je voulais d'abord avoir mon diplôme en juin avant de les rejoindre. C'est ce qui s'est passé. J'ai eu mon diplôme et j'ai rejoint Dijon la saison dernière en Ligue 2.

**FM : Un bagage d'universitaire qui est rare, Eric Carrière était par exemple dans ce cas...

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BC :** On m'en parle un peu d'ailleurs. C'est toujours flatteur d'être comparé à Eric Carrière, qui a eu un peu le même parcours que moi. Après, je ne me prends pas trop la tête avec tout ce qui peut se dire. La saison dernière, j'ai joué ma chance à fond, j'ai eu la confiance du coach et j'ai voulu lui rendre la pareille. Cette saison en Ligue 1 c'est pareil, j'essaye de prendre du plaisir depuis cette montée avec Dijon. Je veux prendre un maximum de plaisir et passer de bons moments.

**FM : Le passage du monde amateur au monde professionnel a-t-il été difficile à gérer ?

BC :** Oui, c'était totalement différent. Comme pour tout joueur qui vient du monde inférieur et qui n'a jamais connu ça, c'est un immense bonheur de se dire qu'on allait sûrement être opticien et que, du jour au lendemain, on devient footballeur professionnel. C'est une très belle chose. Au début, l'adaptation était difficile surtout au niveau physique avec les entraînements. Mais ça s'est bien passé dès le début, j'ai été titulaire dès les premiers matches, donc ça m'a permis d'avoir un maximum de confiance et de pouvoir jouer à fond sans me poser de questions.

**FM : D'autant que Dijon vous a laissé terminer vos études, une belle preuve de confiance...

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BC :** Oui, c'est sûr. De toute manière, c'était quelque chose d'essentiel pour moi. J'avais vraiment envie d'avoir un diplôme pour assurer mes arrières, surtout en devenant professionnel, car on ne sait jamais ce qui peut se passer. Le club de Dijon a bien voulu, donc ça m'a conforté dans mon choix d'aller dans ce club qui me plaisait beaucoup.

**FM : Pour vos premiers pas en Ligue 1, vous brillez avec 4 buts en 9 matches. Vous attendiez-vous à être à pareille fête ?

BC :** Le fait que je sois monté avec Dijon a joué, je suis dans un club que je connais, donc ça enlève beaucoup de pression. Ça n'aurait peut-être pas été la même chose si j'avais quitté le club, il y aurait peut-être eu d'autres attentes et j'aurais eu du mal à trouver ma place. Là, je suis dans un collectif que je connais, je sais qu'il faut que je gagne ma place chaque week-end. Je me sens vraiment bien, et ça se ressent sur le terrain. Je joue dans une position un peu plus haute depuis quelques matches, et ça me permet d'avoir plus d'occasions. Beaucoup d'occasions me sourient, ce n'était peut-être pas le cas la saison dernière. C'est pour ça que j'en suis déjà à 4 buts. Mais j'ai envie d'être encore plus décisif pour l'équipe.

**FM : Du fait de votre parcours particulier, aviez-vous une certaine pression au moment de découvrir la Ligue 1 ou, au contraire, est-ce que finalement ce n'était pas que du bonus pour vous ?

BC :** Oui, ce n'était vraiment que du plaisir. Il y a un an et demi de cela, je n'aurais jamais pensé jouer en Ligue 1. Déjà, en allant à Chasselay, je n'aurais jamais pensé évoluer en CFA2. Ça s'est fait rapidement, il y a donc eu une petite pression tout de même car on se sait attendu. On a envie de se montrer, toute l'équipe veut faire de bonnes choses pour maintenir le club. Mais d'un point de vue personnel, je ne me mets pas la pression, je me dis que ce que je vis n'est que du bonheur. J'essaye donc de vivre pleinement ces moments, pour l'instant tout va bien. Mais on sait aussi que tout peut aller très vite dans l'autre sens.

**FM : Si pour l'heure tout va bien, quelles sont vos ambitions pour cette saison, que ce soit à titre personnel ou collectif ?

BC :** Personnellement, c'est d'essayer d'être encore plus décisif pour toute mon équipe, d'apporter encore plus, d'être encore plus influent. Après, c'est de jouer le plus de matches possibles, de ne pas me blesser, parce que les blessures empêchent beaucoup de choses. Je veux continuer dans cette optique-là et après, évidemment le plus important c'est, d'un point de vue collectif, de maintenir Dijon en Ligue 1. C'est vraiment l'objectif de cette saison, et on a à cœur de faire cela.

**FM : Ces dernières saisons, les promus avaient tendance à bétonner derrière. Dijon n'hésite de son côté pas à faire le jeu. Pour un joueur à vocation offensive comme vous, cela doit être plaisant...

BC :** Oui, c'est vrai que c'est plaisant pour moi, qui joue à ce poste. Mais on a quand même beaucoup d'efforts à fournir pour faire le travail de défense. On voit qu'on produit beaucoup de jeu, on se crée beaucoup d'occasions, mais on en concède énormément. Ce n'est pas seulement les défenseurs qui doivent s'atteler à cette tâche, c'est aussi à nous les milieux offensifs et les attaquants de revenir. Il ne faut pas blâmer les défenseurs pour les nombreux buts qu'on prend. C'est un double travail, mais je préfère maintenant ce poste où je joue, un peu plus haut, c'est plus agréable avec une équipe qui joue.

**FM : Un mot sur le coach Patrice Carteron, un entraîneur qui n'a pas la langue dans sa poche...

BC :** C'est un coach qui, déjà, laisse leur chance à beaucoup de jeunes. Il a une philosophie qui consiste à dire que ce sont les meilleurs qui joueront. Il n'hésite pas à faire des changements, même quand certains s'attendent à être titulaires. Et puis il nous dit les choses. Ce qu'il dit en conférence de presse, il nous le dit dans le vestiaire, cela ne nous étonne donc pas. C'est agréable d'avoir un entraîneur qui fait confiance aux jeunes, car pour moi qui venait du monde amateur, je ne pensais pas être aussi rapidement intégré en Ligue 2 puis en Ligue 1. Il nous fait confiance, il nous montre qu'on peut briller à ce niveau-là. Ce n'est pas dans tous les clubs promus qu'il y a cette philosophie-là.

**FM : Pour en revenir à vous, l'Olympique Lyonnais s'était penché sur votre cas en toute fin de mercato. Quelle était la nature de ces contacts ?

BC :** Le dernier jour du mercato, il y a eu quelques contacts avec l'OL, mais rien de suffisamment concret pour que ça arrive jusqu'à moi. C'est vrai que, parait-il, le coach a eu beaucoup d'appels en provenance de Lyon à ce moment-là. Mais après, on avait un match de Coupe de la Ligue, je devais donc me concentrer sur le match uniquement. Mais il m'en a parlé les jours d'après.

**FM : Vous qui avez grandi dans la région lyonnaise, cette hypothèse aurait-elle pu vous plaire ?

BC :** Je suis bien à Dijon, j'ai fait toute la saison dernière à Dijon, j'ai fait la montée avec ce club. Et pour une première en Ligue 1, c'est important pour moi de faire de nombreux matches, de me mettre en confiance. Après, je ne sais pas si le club aurait accepté une offre de Lyon (rires), je ne sais pas non plus si j'aurais accepté. Le plus important, c'est déjà d'être à Dijon et de faire mes matches.

**FM : En tout cas, voir qu'un club du calibre de l'OL s'intéresse à vous alors que vous n'avez qu'une saison de Ligue 2 derrière vous et quelques matches de Ligue 1, cela doit être gratifiant...

BC :** Ah oui ! Évidemment, c'est très flatteur. Pour moi, c'est l'un des meilleurs si ce n'est le meilleur club en France. C'est donc évidemment très flatteur. Après, il faut savoir faire des choix pas seulement sur le club mais sur le temps de jeu. Je ne regrette donc pas, pour l'instant, d'être resté à Dijon.

**FM : Et puis il y a eu ce beau but contre l'OL, qui reste sans doute gravé pour vous...

BC :** Oui, inscrire mon premier but en Ligue 1 contre l'Olympique Lyonnais et contre Hugo Lloris qui est un des meilleurs gardiens d'Europe... C'est une grande joie. Après, c'est dommage qu'il y ait eu cette défaite derrière. Mais oui, c'est vrai que c'était un très bon moment avec toute ma famille et tous mes amis qui étaient dans les tribunes.

**FM : Enfin, un dernier mot sur ce geste honorable que vous avez fait lors de Dijon-Ajaccio. Vous n'avez pas hésité à aller à la rencontre de l'arbitre pour qu'il ne fasse pas de rapport au sujet de Jean-Baptiste Pierazzi, qui avait malencontreusement marché sur vous. Alors que certains déplorent le manque de valeurs dans le milieu du football, ce geste fair-play n'est pas passé inaperçu...

BC :** Je vais simplement dire ce que j'en pense à l'arbitre. En fait, l'arbitre m'intercepte à la sortie du vestiaire pour me demander ce qu'il en est. Je lui dis donc que je pense qu'il ne l'a pas fait exprès. Je lui dis donc ça, il voulait juste avoir mes impressions. J'espère maintenant que ce sera aussi fait dans l'autre sens si un jour ça m'arrive (rires). Ce sont des petits gestes de fair-play qui ne coûtent rien et qui peuvent faire que ça se passe encore mieux avec les arbitres.

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