Entretien avec... Grégory Sertic : «Plus de chances de jouer pour la Croatie que pour la France»

Par Matthieu Margueritte
6 min.

Formé aux Girondins de Bordeaux, Grégory Sertic a été l'une des attractions bordelaises de la fin de saison 2008/2009. Sorti de la réserve marine-et-blanc par Laurent Blanc, ce milieu de terrain polyvalent âgé de 20 ans s'est rapidement distingué en équipe première. Buteur dès sa deuxième apparition en Ligue 1 (contre Sochaux, Ndlr), Sertic a participé à sa manière à la conquête du titre girondin. Si une blessure l'a empêché de pouvoir jouer dans ce début de saison, le Bordelais a une belle carte à jouer cette année. Outre une plus grande implication dans la tentative de conservation du titre, Sertic pourrait en moins d'un an découvrir la prestigieuse Ligue des Champions. À 20 ans, tout va donc très vite pour le franco-croate qui est également au coeur d'une bataille entre les sélections françaises et croates. Pour FootMercato, il revient donc sur ses attentes pour la saison à venir.

La suite après cette publicité

FootMercato : Grégory, tout d'abord, qu'est-ce que ça fait d'être champion de France à seulement 20 ans ?

À lire Simon Ngapandouetnbu prolonge avec l’OM

Grégory Sertic : C'est beaucoup de bonheur, beaucoup de fierté. Rien que de penser que j'ai soulevé ce trophée à 19 ans (il a fêté ses 20 ans le 5 août dernier, Ndlr), ça m'a fait penser à mes années de préformation à l'INF Clairefontaine où on rêvait tous de conquérir ce titre un jour. J'ai marqué un but, j'ai joué les six derniers matches donc j'ai vraiment participé au titre de champion. Après, j'ai réussi à le faire dès ma première année professionnelle donc je dois remercier le groupe.

La suite après cette publicité

FM : Du coup, après avoir manqué les deux premiers matches, quelles sont vos attentes pour la saison à venir ?

GS : Pour le premier match (contre Lens, Ndlr), j'avais une entorse à la cheville donc j'ai préféré aller jouer avec la CFA au lieu d'être avec le groupe et, je pense, ne pas entrer en jeu. Après pour la deuxième rencontre (face à Sochaux), je voulais avoir du temps de jeu donc je suis là encore resté en CFA. Maintenant, je démarre cette saison, mais pas avec un nouveau statut, car je suis encore le jeune qui débute dans le monde professionnel et qui doit faire son trou. Rien n'est fait, je dois encore prouver au club ainsi qu'aux supporters qu'ils peuvent compter sur moi.
La découverte de la Ligue des Champions

La suite après cette publicité

FM : Malgré ce début de saison tronqué à cause de votre blessure, espérez-vous tout de même pouvoir jouer plus régulièrement ?

GS : J'ai eu une discussion avec le coach (Laurent Blanc). Il m'a dit qu'il allait me faire confiance. Moi je prends mon mal en patience. Il m'a fait attendre avant de me lancer dans le grand bain. Je lui fais entièrement confiance. S'il me fait démarrer un match tard dans la saison, je jouerai comme je l'ai fait la saison dernière. J'ai beaucoup de respect envers lui. Un jour, il me mettra sur le terrain et je devrai faire mon maximum. Je ne discute pas sur ce point. Mon statut n'a pas changé.

La suite après cette publicité

FM : Bordeaux va disputer la Ligue des Champions, une telle compétition, ça fait rêver non ?

GS : Avoir la possibilité de jouer des matches entiers, ce serait beau, mais disputer déjà quelques minutes en Ligue des Champions serait extraordinaire pour moi. Pour l'instant, je ne la regardais que le mardi et le mercredi soir à la télé à côté d'une pizza et d'un petit coca (rires).

FM : Justement, comment vivez-vous le fait de regarder cette compétition sur votre canapé il y a encore quelques mois et de pouvoir aujourd'hui la jouer ?

GS : C'est le football. Ça va super vite. Tout ce qu'il y a à prendre, il faut le saisir. Je ne suis pas dépassé par les événements. Vous savez quand j'ai commencé en Ligue 1, j'ai fait abstraction de la peur. C'est sûr que si j'arrive à jouer en Ligue des Champions j'aurai une petite appréhension, mais bon le tout c'est d'essayer de l'oublier.
Gourcuff le grand frère

FM : Quels joueurs du groupe vous donnent le plus de conseils ?

GS : Oui, mon grand frère qui s'appelle Monsieur (Yoann) Gourcuff. He's my brother ! On parle beaucoup aux entraînements, mais pas toujours de football. (rires)

FM : Pour que le public sache un peu mieux qui vous êtes, à quel profil de joueurs ressemblez-vous le plus ?

GS : En tant que joueur, j'aime bien Steven Gerrard. J'aime bien son type de jeu. Ce n’est pas un grand dribbleur, mais il est performant devant le but, il est polyvalent et très important dans le dispositif de son équipe.

FM : À quelle position vous sentez-vous le plus à l'aise sur le terrain ?

GS : En numéro 8. Mais c'est vrai que pour le moment j'ai souvent évolué à gauche dans un milieu en losange. Ça ne me dérange pas, parce que comme ça je peux revenir dans l'axe et me servir de mon pied droit.
Bordeaux, favori pour sa succession

FM : Parlons un peu du mercato. Votre club a préféré miser sur la stabilité et garder ses meilleurs cadres alors que Marseille et Lyon ont réalisé une campagne de recrutement assez clinquante, cela ne vous effraie pas ?

GS : On ne craint personne. Ce n'est pas parce qu'ils ont dépensé autant de millions d'euros qu'il faut avoir peur d'eux. L'année dernière, ils avaient déjà deux gros effectifs et pourtant c'est nous qui avons été champions. On a déjà joué contre Marseille en match de préparation (victoire de Bordeaux 2-1) et on n'a pas eu peur, même si je pense qu'ils sont plus forts que l'an dernier. Après c'est pendant le temps d'adaptation de tous leurs joueurs qu'il faudra prendre un maximum de points et écarter Marseille le plus vite.

FM : Bordeaux est-il toujours le grand favori à sa succession ?

GS : Pour moi, oui. Je n'aime pas trop m'avancer sur ça, mais je sais qu'on a beaucoup de chances d'être une nouvelle fois champion. Il faut faire abstraction de Marseille, Lyon et même de Paris qui a recruté Erding et Coupet.
«On espère tous que Chamakh va rester»

FM : Le mercato bordelais ne peut être évoqué sans parler du cas Chamakh, que pouvez-vous nous dire là-dessus ?

GS : On espère tous qu'il va rester, mais je n'aime pas trop parler de ce dossier. Après c'est sûr que s'il part, il va y avoir un grand trou au niveau de l'attaque. Mais bon, c'est à lui de voir.

FM : Parlez-nous maintenant de votre dilemme entre les sélections françaises et croates

GS : Je n'ai pas encore choisi. Je suis récemment allé en sélection avec l'équipe de France et ça s'est très bien passé. Il me reste encore un an avant de me décider. Il y a peut-être une coupe du Monde en jeu. Je veux vraiment prendre mon temps.

FM : L'équipe de France joue souvent avec deux récupérateurs et replace pas mal d'attaquants (Henry, Benzema, Gignac, Rémy) sur les côtés. Cela ne vous donne-t-il pas d'espoirs pour la suite vu le manque de milieux offensifs ?

GS : Vous savez l'équipe de France, c'est très dur d'y entrer. Comme en équipe de France Espoirs. Je pense que je risque d'avoir plus de chances de jouer pour la Croatie que pour la France. Après si Raymond Domenech fait appel à moi on verra.

La suite après cette publicité

Fil info

La suite après cette publicité