Entretien avec... Steve Marlet: « A l'OM, on s'enflamme pour un rien»

Par Khaled Karouri
7 min.

De Lyon à Marseille en passant par Fulham, Wolfsburg et Lorient, Steve Marlet a connu une carrière de footballeur professionnel riche en émotions. Avec pour point d'orgue plusieurs sélections en Bleus dont une place dans les 23 à l'Euro 2004. Pour nous, Steve Marlet revient sur sa carrière, la Ligue 1 mais aussi l'équipe de France.

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Steve Marlet : Actuellement, je joue à Aubervilliers. Ce club est en CFA 2. À côté de ça, je suis une formation CREPS à Chatenay-Malabry pour passer mon brevet d'État. J'espère ensuite intégrer la formation, m'occuper des jeunes et pourquoi pas des professionnels par la suite.

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FM : Quels souvenirs gardez-vous de votre carrière?

SM : J'ai de nombreux souvenirs de ma carrière en pro. Mon passage au Red Star où j'ai été formé, mes premiers pas dans le grand bain avec Auxerre où j'ai découvert la Première Division, mais aussi la Ligue des Champions. Après à Lyon, je suis arrivé dans un grand club avec de l'ambition. J'y ai même connu ma première sélection avec les Bleus. C'est dur pour moi de choisir un moment précis. En tout cas, je suis satisfait et heureux d'avoir accompli ce que j'ai fait.

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FM : Avez-vous des regrets? Des choix de carrière peut-être pas appropriés?

SM : Peut-être que oui, notamment sur la fin. Mon année en Allemagne n'a pas été une réussite. J'aurais dû réfléchir un peu plus avant de signer là-bas. Mais comme la Coupe du Monde avait lieu en Allemagne, je me suis dit que c'était le bon choix. J'ai galéré à Wolfsburg, j'ai été sur le banc. Après j'ai rejoint Lorient, mais j'avais du retard dans la préparation physique du coup là aussi je me suis retrouvé sur le banc. J'aurais vraiment dû réfléchir un peu plus avant de signer à Wolfsburg.

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FM : Comment s'est passé votre départ du monde du football professionnel? On parle souvent de petite mort pour les footballeurs.

SM : Quitter le monde professionnel, ça n'a pas été facile. J'ai fait quelques essais dans des clubs, qui n'ont pas été concluants. Sur le coup, j'ai eu beaucoup de mal à encaisser. Mais bon, on finit par se faire une raison et on essaye de passer à autre chose. Au final, je l'ai assez bien vécu.

La Ligue 1 : son niveau et ses clubs

FM : Que pensez-vous du niveau actuel de la Ligue 1?

SM : La Ligue 1 est dans une période de transition. Certains disent que le niveau baisse. C'est sûr que quand on voit que Valenciennes, Montpellier ou Lorient sont devant, à la lutte avec Lyon, Marseille, Paris ou Bordeaux... ça fait tache. On a des jeunes qui arrivent et qui prennent le pouvoir. Il faut attendre qu'ils soient à maturité. Le niveau est malgré tout intéressant, ça n'est pas génial, mais on peut tout de même être fiers de nos clubs. Sans être génial, on a un championnat pas mal.

FM : On dit souvent que la France et en dessous de l'Angleterre, de l'Espagne ou de l'Italie. Vous avez joué en France, mais aussi en Allemagne. Quel est le niveau de la Ligue 1 par rapport à la Bundesliga?

SM : C'est difficile de comparer, ce n'est pas du tout la même culture. Les stades allemands et les stades français n'ont rien à voir. En Allemagne, ça se rapproche de l'Angleterre. Là-bas, le football fait partie intégrante de la culture. Mais hormis cela, la France n'a rien à envier à la Bundesliga. Hormis le Bayern, les autres clubs allemands sont en dessous techniquement.

FM : Les clubs français tournent à plein régime actuellement en Ligue des Champions. Cela vous étonne-t-il?

SM : C'est très bien. C'est même surprenant, car on était habitués à ne voir qu'un seul club sur trois franchir les phases de poule. Mais là, on en a deux déjà qualifiés et Marseille qui peut encore y croire. Marseille a d'ailleurs montré de belles choses dans le jeu, notamment contre le Milan AC. On a donc trois clubs qui sont en haut de l'affiche. C'est intéressant pour la suite. La Ligue des Champions peut servir de vitrine pour la Ligue 1 donc si nos clubs font bonne figure, on regardera différemment le championnat de France à l'étranger. Quand j'étais en Angleterre, je ne voyais quasiment pas de football français à la télévision. Les performances de nos trois équipes françaises en Ligue des Champions peuvent aider à cette médiatisation.

FM : Vous avez signé à l'OL à l'aube de la série des sept titres de rang. Sentiez-vous que l'OL allait devenir le patron de la Ligue 1?

SM : On le sentait complètement. D'ailleurs, je l'avais dit à l'époque. Quand j'ai signé à Lyon, le club sortait d'une troisième place. Et on sentait que ça ne pouvait aller qu'en progressant. Le club allait devenir grand, c'était certain. C'était écrit. L'organisation du club était millimétrée, le recrutement de qualité. Le club faisait tous les efforts pour grandir, aucun détail n'était négligé. 7 titres d'affilée, c'est historique. Cette saison, on sent que l'OL manque de régularité. Ils perdent trop de points à la maison. En plus, on n'aide pas ces joueurs en les comparant à chaque fois avec les générations précédentes. C'est dur de leur succéder. Et en même temps, il faut bien que les autres équipes se défendent aussi. L'OL reste une belle équipe et sur certains matches, ils m'ont impressionné.

FM : Vous qui avez joué à Lyon et à Marseille, pouvez -vous nous dire les principales différences entre les deux formations?

SM : A Lyon, on ne s'enflamme pas trop. On a la tête sur les épaules. Il faut dire qu'avec 7 titres, il y a de quoi être serein. A Marseille, on est en attente d'un titre depuis tellement d'années que du coup on s'enflamme pour un rien. C'est vraiment la grande différence que j'ai pu noter entre les deux clubs et les deux villes.

Son point de vue sur les Bleus

FM : Comment jugez-vous le jeu de l'Équipe de France?

SM : Comme tous les supporters de l'équipe de France, je suis déçu par le jeu proposé. J'espère que ça ira mieux en Afrique du Sud. Même si pour le moment la France a du mal, ça ne veut strictement rien dire. Et puis la France n'est pas la seule à avoir souffert. L'Argentine a eu du mal à se qualifier. C'est peut-être un mal pour un bien d'avoir connu toutes ces difficultés. Mais nos Bleus sont expérimentés et avec leur orgueil, ça peut faire mal. Quand bien même ça a été dur, le principal c'est la qualification.

FM : Que pensez-vous des critiques à l'encontre de Raymond Domenech?

SM : A chaque fois que des personnes critiquent Raymond Domenech, on s'aperçoit qu'elles n'ont pas d'arguments derrière. Au début, les critiques étaient fondées, on parlait technique, on analysait les matches. Aujourd'hui, c'est la personne qui est visée. Les personnes font l'amalgame et ça se retourne contre l'équipe de France. C'est dommage. En tout cas, il est courageux. C'est dommage que les gens ne soient plus objectifs, c'est devenu une mode de critiquer Domenech.

FM : Comment avez-vous vécu la polémique autour de Thierry Henry?

SM : Pour Thierry Henry c'est pareil. C'est une mode. 2-3 personnes qui ne connaissent rien au foot se scandalisent pour une main et tout le monde suit le mouvement. Des mains, on en voit souvent. Quand en Serbie on se fait siffler un pénalty imaginaire, on n'a pas crié au scandale. Quand en Géorgie l'Irlande bénéficie d'erreurs d'arbitrage, ils ne sont pas allés demander à rejouer le match. L'Irlande ferait mieux de s'inquiéter du placement de ses défenseurs sur cette action. Gallas est seul, il y a trois Irlandais vers lui et c'est Gallas qui prend le ballon. Ce n'est pas normal. Mais sur la main, on ne peut pas blâmer Henry. Personnellement, j'aurais pu faire le même geste. Ce qui me désole le plus, c'est que la FIFA lance une enquête. C'est exagéré. Titi n'est pas un tricheur. A la limite, la seule chose que je lui reproche, c'est son explosion de joie sur le but.

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