Gambardella : la promotion dorée de l’AS Saint-Etienne

Par Faustine Digonnet
7 min.
Saint-Étienne @Maxppp

Survivre à 60 kilomètres du troisième meilleur centre de formation d’Europe pourrait relever de l’angoisse. Malgré le spectre de l’OL, l’ASSE peut se vanter de très bons résultats au niveau de ses catégories jeunes. Plus belle illustration du bon état de forme de ce dernier : la promotion 2000-2001, qui foulera la pelouse du Stade de France samedi en finale de la Coupe Gambardella, et qui semble porteuse de nombreuses promesses.

«On a vu la défaite de très près. Comme on avait frôlé l’élimination, ça a été un élément déclencheur...» Philippe Guillemet, directeur du centre de formation stéphanois, s’en souviendra. Le 3 février dernier, l’arbitre du 16e de finale de Coupe Gambardella entre l’AJ Auxerre et l’AS Saint-Etienne désigne le point de penalty et expulse Marvin Tshibuabua, défenseur central des Verts. Transformé, le penalty permet alors aux locaux de mener trois buts à un. Il reste trente minutes et Sainté, pourtant en infériorité numérique, va réaliser l’exploit de revenir au score avant d’arracher une séance de tirs au but dans les toutes dernières secondes du temps réglementaire. Séance au bout de laquelle Tyrone Tormin propulse finalement l’ASSE en huitième. Après s’être débarrassé du FC Lyon (1-0), de Sochaux (3-1) et d’Auxerre donc, le club du Forez élimine successivement le FC Nantes (2-0), puis le LOSC (3-2) avant de décrocher son billet pour le Stade de France contre les Girondins de Bordeaux (1-0).

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Un parcours plus qu’honorable qui récompense le bon travail des formateurs stéphanois mais également des promotions 2000-2001 prometteuses. Les 2000, finalistes malheureux du Championnat U17 en 2016 et les 2001, membres d’une génération aux statistiques impressionnantes et invaincue pendant près de six mois la saison dernière. Ensemble depuis plusieurs années, ces derniers se connaissent donc forcément bien, comme l’explique Philippe Guillemet : «si on fait la moyenne des dates d’arrivée à l’ASSE, cela fait six ans qu’ils sont là. Ils ont joué ensemble dans les catégories jeunes. Ils ont beaucoup d’amour les uns envers les autres et sont contents de se retrouver.» Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces derniers n’ont pas attendu la 66ème édition de la Coupe Gambardella pour se faire un nom. Si William Saliba s’est déjà imposé en Ligue 1 (9 titularisations), d’autres moins connus du grand public comme Charles Abi (apparu face à l’OGCN en décembre dernier puis contre Dijon en février) ou Bilal Benkhedim (sur le banc face à Reims) commencent à goûter à l‘élite.

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Un projet Mine Verte au cœur du développement du club

Devenue l’un des fondements majeurs du club stéphanois, le projet Mine Verte commence à porter ses fruits. Instauré en 2017, ce dernier se base autour de trois axes : le projet de vie, le projet scolaire et le projet sportif en corrélation avec plusieurs valeurs chères à la ville de Saint-Etienne et à son club de football. Mis en place pour permettre aux joueurs d’évoluer dans les meilleures conditions possibles, ce dernier a pris un autre tournant depuis quelques mois : «Le projet Mine Verte a été initié par Julien Sablé quand il est passé directeur du centre de formation. Il a pu être renforcé avec des moyens supplémentaires donnés par le club : nous avons une préparatrice mentale, un diététicien, un responsable scolarité... Tout ça pour permettre à chacun d’être plus performant.» Pour que leur progression soit optimale, ces joueurs des promotions 00-01 sont depuis le début de saison surclassés, pour la majorité, en National 2 sous les ordres de Laurent Batlles. Les autres ne sont pas en reste et réalisent d’ailleurs une excellente saison en U19 (2èmes de la poule sud-est, derrière le MHSC, champion de France en titre).

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Forcément, l’ASSE ne s’y trompe pas. Sur les 22 joueurs sollicités en Vert depuis le début du parcours stéphanois en “Gambard”, six ont déjà paraphé un contrat professionnel depuis plusieurs mois (Bajic, Fofana, Saliba, Rocha-Santos, Benkhedim et Abi) et plusieurs pourraient faire de même au terme de la saison : «Ceux qui ont signé le méritaient. D’autres vont signer cette année. On a confiance en ces promotions. Qu’ils continuent à travailler, et tout se passera pour le mieux», explique Philippe Guillemet. Si l’ASSE peut compter sur des jeunes talentueux, elle peut également remercier ses éducateurs, et notamment l’un d’entre eux.

Razik Nedder, un entraîneur qui fait l’unanimité

S’il n’était pas de toutes les aventures de la génération 00-01, Razik Nedder, son entraîneur, semble parfaitement illustrer l’avènement de ce groupe : «Razik, on l’a au club depuis longtemps. Il a commencé avec les U12 à mi-temps, il faut savoir qu’il avait un travail à côté pour arriver à vivre» raconte Philippe Guillemet. Natif de Saint-Etienne et issu du monde amateur, le coach des U17 Régionaux en 2016 -2017 a ensuite suivi ses protégés au niveau national avant d’être promu en U19 cette année, de quoi lui permettre de suivre pendant près de six ans les mêmes garçons. Interrogé par un site de supporters, il décryptait en 2017 sa méthode : «Je suis plus un grand frère qu’un père. J'accorde beaucoup d'importance à ce lien. C'est la base. Il faut être dans l'échange, être quelqu'un de généreux pour être un bon éducateur. Mon parcours dans les clubs amateurs m'a appris ça. Mes séances d'entraînement doivent être attrayantes, mon attitude et mon style de coaching aussi de manière à ce qu'ils prennent du plaisir au quotidien. Et après, on peut monter en exigence et leur demander encore plus.» Récompensé de son excellent travail dans un contexte certes particulier, il s’était vu offrir une place dans le staff de Julien Sablé, en charge de l’effectif professionnel entre novembre et décembre 2017.

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Apprécié par ses pairs et ses joueurs, Razik Nedder l’est également par ses supporters, qui ont d’ailleurs dédié une banderole à l’égard de la réussite de son effectif lors de la 32ème journée face à Bordeaux. En 2017, à l'occasion d’un match de L1 entre l’ASSE et Rennes, il avait également pris l’initiative d’emmener son groupe d’U17 au plus proche des Magic Fans dans le Kop Nord afin de les rapprocher au plus près des valeurs stéphanoises. Des valeurs toutefois déjà partagées par plusieurs joueurs. Car cette génération doit probablement sa réussite à sa parfaite alchimie entre jeunes Ligériens de naissance et d’autres, venus de l’extérieur. Concrètement, Stefan Bajic, Jordan Halaïmia ou encore Baptiste Gabard sont passés par l’école de foot de l’ASSE et sont désormais entourés de pépites venues de toute la France comme Tyrone Tormin (Clichy), Charles Abi (Clermont-Ferrand) ou bien Wesley Fofana (Marseille). Une alliance réussie qui ravit forcément Philippe Guillemet : «S’appuyer sur des jeunes du coin ? C’est une volonté. On a aussi besoin de jeunes extérieurs, qu’ils soient de la région parisienne ou de PACA qui sont les deux régions où l’on travaille. Les promotions 2000-2001, ça correspond à ce qu’on aimerait faire tout le temps. Mais ce n’est pas toujours facile.» Un succès qui implique donc aussi les recruteurs emmenés par Gérard Fernandez, qui ont contribué au bon fonctionnement du centre de formation stéphanois.

Bientôt en Ligue 1 ?

Modeste 20ème au classement 2017-2018 des centres de formation, le club du Forez a pour le moment du mal à tirer profit de son travail de formation. Pour cela, l’ASSE tentera de ne pas répéter les erreurs du passé commises notamment avec Jonathan Bamba. Parti libre de la Loire l’été dernier, l’international espoir a semble-t-il servi de leçon aux dirigeants stéphanois qui ont prolongé cette semaine le très sollicité William Saliba jusqu’en 2023. Même sort pour Stefan Bajic, le gardien de but, annoncé comme le futur successeur de Stéphane Ruffier et désormais sous contrat jusqu’en 2022 et son capitaine, le milieu de terrain Kenny Rocha-Santos, dont le contrat prendra fin en 2023.

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Certes, les compositions alignées lors des deux finales perdues consécutivement en 2011 puis 2012, où seul Kurt Zouma réalise une carrière au niveau européen Ruben Aguilar (MHSC), Pierre-Yves Polomat (ASSE) ou encore Ismaël Diomandé (SMC) étant toutefois des joueurs de Ligue 1 désormais), confirment une donnée : envoyer une génération au Stade de France n’assure pas d’avoir des retombées au niveau de l’effectif professionnel. Bien sûr, les onze joueurs alignés samedi par Razik Nedder ne connaîtront pas le même sort et certains passeront forcément à la trappe, mais nombreux semblent être promis à un bel avenir. Samedi, ces jeunes joueurs âgés de 16 à 19 ans tenteront de porter la formation stéphanoise vers les sommets. Battue en finale en 2011 puis 2012, l’ASSE tentera de remporter sa première Coupe Gambardella depuis le succès de la génération Julien Sablé en 1998. Hors de question de faire de la figuration donc, en témoignent les propos du directeur du centre de formation stéphanois : «Ils n’y vont pas pour dire “on a fait une finale”. On a joué de belles équipes, la dernière marche va être haute. Mais on part avec de la confiance, on croit en nos jeunes et eux, ils croient aussi en eux.» Quoi qu’il arrive sur la pelouse du Stade de France, l’avenir de ces garçons semble de toute façon doré.

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