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Info FM : les jeunes ont-ils encore leur place au PSG ?

Par Matthieu Margueritte - Khaled Karouri
6 min.
PSG @Maxppp

Le Paris Saint-Germain est passé dans une nouvelle ère, celle des strass et des paillettes. Et si les stars se bousculent pour poser leurs valises au Parc des Princes, l'avenir des jeunes joueurs formés au club est lui nettement plus incertain. Décryptage.

Zlatan Ibrahimovic, Edinson Cavani, Thiago Silva, Lucas Moura, Ezequiel Lavezzi... Le Paris Saint-Germain est entré dans une nouvelle dimension depuis l'arrivée de Qatar Sports Investments à sa tête, et a multiplié les coups d'éclat sur le marché des transferts, pour se concocter dans les plus brefs délais une équipe armée non seulement pour le titre en France, mais aussi et surtout susceptible de jouer les premiers rôles en Ligue des Champions. Un changement de dimension express qui, de facto, offre moins de possibilités aux jeunes, la tâche étant ardue pour exister face à de tels mastodontes. Pour autant, les titis parisiens savourent, heureux de côtoyer des grands noms du football mondial, comme le confie le jeune gardien Mory Diaw, contacté par nos soins : « C'est exceptionnel de s'entraîner tous les jours avec des grands joueurs comme ça. Étant petit, je les regardais à la télé, maintenant m'entraîner avec eux c'est super ».

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Car oui, bien des jeunes formés au club participent aux entraînements, et ont le privilège de signer un contrat pro : « Depuis l'arrivée de QSI, il y a toujours des jeunes qui intègrent le groupe pro. Cette année, on est 5, j'espère que la saison prochaine on sera plus de jeunes titis. Rabiot et Ongenda sont deux très bons joueurs, c'est le travail qui paie. Ils ont saisi la chance que le coach leur a donnée », poursuit Mory Diaw. Antoine Conté, défenseur prêté cette saison à Reims, renchérit : « On parlait beaucoup entre nous, on regardait qui avait signé pro, qui avait du temps de jeu. Vu les recrues, on savait qu'on jouerait peu, mais pas mal ont fait des entraînements ». Des entraînements certes, mais pas grand-chose d'autres. En effet, lorsqu'il s'agit de se faire une place dans un tel effectif, le rêve tourne rapidement court.

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C'est en tout cas l'expérience que partage avec nous Loïck Landre : « Avant l’arrivée des Qataris, je n’étais pas encore professionnel donc je prenais tout ce qu’il y avait à prendre. J’étais là pour apprendre, j’ai eu l’occasion de faire un match au Parc (PSG-Nancy, le 10 mai 2011, Ndlr). Après, quand j’ai signé pro, les Qataris sont arrivés. C’est vrai que le club était en train de changer de dimension et nous étions à l’écart. C’était un peu délicat, même si on était content de côtoyer de grands joueurs. On se dit après que ça va être compliqué. La porte s’est refermée ».

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Le bonheur est-il dans le prêt ?

Face à une porte presque impossible à ouvrir, nombreux sont les jeunes à tenter leur chance ailleurs, sous forme de prêt, comme l'explique toujours Loïck Landre : « C’est pour ça que je n’ai pas hésité à partir en prêt deux fois de suite (à Clermont et au Gazélec Ajaccio, Ndlr). Il n’y a eu aucun dialogue (avec la nouvelle direction). On s’y attendait ». Comme son aîné, Jean-Christophe Bahebeck a succombé au désir du prêt : « Les dirigeants ne délaissent pas les jeunes, ils les prêtent pour qu'ils aient du temps de jeu. Je trouve ça tout à fait normal, et s'il y a beaucoup de joueurs prêtés, c'est sûrement parce qu'ils comptent sur eux pour les années à venir, donc c'est une bonne chose. Les dirigeants regardent ce que je fais, j'ai des nouvelles assez fréquemment, donc oui ils prennent des nouvelles de moi. Pour l'instant, je suis prêté un an à Valenciennes. Après, on verra au mois de juin, je retournerai sûrement au PSG. On verra bien la saison prochaine ».

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Des nouvelles l'attaquant actuellement à VA en a donc. En revanche, Antoine Conté en a lui un peu moins, en tout cas pas de tous les membres de l'encadrement : « Je voulais partir pour avoir du temps de jeu en Ligue 1, ça va me faire du bien de jouer à Reims. Le staff prend de mes nouvelles, Olivier Létang (directeur sportif adjoint) et le coach de la CFA, mais pas forcément Laurent Blanc et ses hommes ». Vous l'aurez compris, pour beaucoup le prêt semble inéluctable. Et Mory Diaw pourrait suivre la voie tracée par Bahebeck, Conté, Landre, Rabiot, Chantôme et consorts : « C'est vrai qu'on est jeunes et qu'on a envie de jouer, d'avoir du temps de jeu au haut niveau. Pour moi, ce n'est pas plus mal de partir pour revenir plus fort. Mais chaque chose en son temps. Si quelque chose doit arriver, ça arrivera. Pour le moment, je bosse, c'est le plus important. Je suis toujours en contact avec les Bahebeck, Kebano, Conté. Surtout de nos jours, avec les réseaux sociaux, on est au courant de tout. Quand ils jouent ou quand ils marquent, ça fait plaisir. Je suis un peu moins en contact avec Chamtôme, mais on voit à la télé les bonnes performances qu'il fait avec Toulouse ».

Mamadou Sakho, un exemple malgré lui

Et si le prêt est donc à la mode pour les jeunes du PSG, le plus emblématique des joueurs formés dans la capitale a lui fait un choix encore plus radical. Lassé par la concurrence de Thiago Silva et Alex, et devant composer avec l'arrivée de Marquinhos, Mamadou Sakho, ancien capitaine francilien, a préféré l'exil, quittant définitivement son club de cœur pour rejoindre la Premier League et Liverpool. Un choix de carrière qui fait l'unanimité, comme le confirme Loïck Landre : « Je suis entièrement d’accord avec la décision de Mamadou Sakho. Je me mets à sa place. Je pense qu’il aurait mérité de jouer davantage, un peu plus de confiance. J’ai l’impression qu’on l’a un peu poussé vers la sortie. Il n’allait pas rester éternellement dans un club où il n’a pas la confiance qu’il mérite. C’était tout à fait normal qu’il change de club. En plus, il est parti dans un club… c’est quand même Liverpool ! »

Même son de cloche pour Antoine Conté : « Mamadou Sakho, personne ne pouvait gâcher son plaisir de jouer. Partir dans un autre club et jouer, ça va lui faire du bien ». Ilan Boccara, parti plus tôt à l'Ajax Amsterdam et désormais à Evian-Thonon-Gaillard, abonde dans le même sens : « C'est vrai qu'avec les départs de Sakho et Chantôme, il n'y a pas trop de figures symboliques à part Rabiot et Ongenda, mais ils n'ont pas encore l'expérience de Sakho. J'espère tout de même qu'ils prendront la relève pour que les jeunes continuent à briller au PSG. C'est dommage de voir Mamadou Sakho quitter le club. C'était un Parisien de cœur, qui a fait de très belles saisons. Le voir partir comme ça, ce n'est pas simple, même si le projet est intéressant à Liverpool. Le PSG restera toujours dans son cœur, c'était l'enfant du club, dommage qu'ils n'aient pas trouvé de terrain d'entente ». Reste à savoir si tous ces jeunes, eux, trouveront ce terrain d'entente...

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