OM : Pape Diouf tacle la méthode et la gestion de Vincent Labrune et conseille Didier Deschamps

Par Alexis Pereira
4 min.
Olympique Marseille @Maxppp

Dans un long entretien accordé à La Provence, Pape Diouf, ancien président de l'Olympique de Marseille (2005-2009), a jeté un regard très critique sur le travail de Vincent Labrune. Morceaux choisis.

Tout le monde à Marseille a son avis sur la crise sévère que traverse actuellement l'OM. Mais celui de Pape Diouf, président du club phocéen de 2005 à 2009, a évidemment une résonance particulière. Dans les colonnes de La Provence, il a d'ailleurs dressé un triste constat de la situation, pointant notamment du doigt l'action de son successeur Vincent Labrune.
«Ma conviction est établie que gérer l’OM suppose d’abord être dans la situation de pouvoir donner des coups quand l’intérêt du club l’exige et savoir en recevoir. Gérer l’OM, ce n’est pas au quotidien faire sa publicité
ou sa promotion. Gérer l’OM ne revient pas à faire du off pour éviter des articles qui se voudraient contraires, ou d’être dans l’idée de toujours bénéficier de papiers complaisants. Fondamentalement, quand on se
veut président de cette institution, au-delà de l’implication sentimentale,
il y a cette force qui doit nous habiter, de ne jamais être attentiste quand l’intérêt du club est en jeu»
, a-t-il lâché avant d'insister.

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«J’irai plus loin. Quand on dit être comptable des intérêts du club, il faut aussi savoir s’élever contre les supporters. Ces supporters-là savent
que celui qui, parfois, leur dit non le fait dans l’intérêt supérieur du club. On ne peut pas dire amen à tout dans ce souci unique d’éviter toute sorte de vague, d’éviter d’être placé à la Une des journaux ou d’être l’objet d’une volée de critiques. Le président à la tête du club ne me paraît pas répondre à cette définition. (...) Il doit avoir le courage d’appeler un chat un chat. De ne pas se camoufler dans une attitude pour ménager la chèvre et le chou. Au bout du compte, on ne ménage plus rien, on n’arrive plus à aucun résultat positif. (...) Quand on est à la tête de l’OM, on sait qu’on recevra des coups. Il faut savoir en donner. Si on a peur d’en recevoir et peur d’en donner, il règne alors une ambiance morte»
, a-t-il glissé.

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D'ailleurs, l'ancien journaliste goûte très peu au fait que l'actuel homme fort du club se cache parfois derrière les considérations économiques alors qu'il était en charge de ce domaine avant de prendre la présidence. «Comment peut-on m’expliquer aujourd’hui, en ayant quitté le club avec de l’argent dans les caisses permettant le recrutement de la première
année de Dassier, que le club est déficitaire ? Comment peut-on m’expliquer cela alors qu’à ma connaissance, même si l’actuel président n’a pris les rênes du club que cette année, il était le président du conseil de surveillance ; donc celui chargé, en théorie, de veiller à la bonne marche sportive et financière du club»
, s'est-il interrogé avant d'aller encore un peu plus loin et de ne lui épargner que quelques fautes.

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«Forcément dans la situation actuelle. On ne peut pas me dire que Dassier a dépensé l’argent de manière inconsidérée. Il fallait lui dire stop. Je veux bien qu’on me donne des raisons, mais ces raisons-là doivent avoir une véritable existence. Ce n’est pas le cas. Au-delà de l’aspect financier interdisant la configuration d’un effectif en adéquation avec les ambitions du club, il faut reconnaître que la gestion à l’intérieur du club, sur le plan humain, n’est pas ce qu’il y a de mieux. Mais sur ce point-là, je dédouanerai Vincent Labrune sur la discorde entre Didier Deschamps et José Anigo, car elle existait déjà avant sa prise de fonction», a-t-il raconté, indiquant que le directeur sportif entretenait déjà des relations compliquées avec l'ancien coach, Erik Gerets.

Mais Pape Diouf ne s'est pas contenté de distribuer les mauvais points, il a également souligné le plus gros problème de la formation olympienne aujourd'hui : le désamour et le manque de passion. «C’est vrai, mais venir au stade revenait à se rendre à une fête. Cette approche fait défaut aujourd’hui. Je ne prétends pas que sous ma présidence j’étais Tarzan ou D’Artagnan, celui qui détenait toutes les solutions. Pas du tout, mais j’ai toujours été sentimentalement impliqué dans la question olympienne et la connaissance des supporters. Je m’y suis compté parmi eux bien avant, je m’y suis compté en étant au club et je m’y compte maintenant. Cette appartenance-là m’a amené à mieux comprendre et vivre cette passion», a-t-il conclu, préconisant à Didier Deschamps de pratiquer un football plus offensif.

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«Le jeu produit par l’OM n’incite pas à l’euphorie. L’attentisme l’emporte sur l’initiative. L’organisation pour ne pas prendre de but est privilégiée par l’ambition de gagner. Il faut savoir saisir sa chance. L’OM a un jeu stéréotypé, il ne correspond pas à la philosophie et à la devise du club. On la connaît : "Droit au but" !», a-t-il sérieusement regretté, suggérant de revoir ce modèle. L'OM prendra-t-il au sérieux les conseils de Pape Diouf ? À suivre...

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