OM : un an après, que pensent les Marseillais du projet McCourt ?

Par Matthieu Margueritte
10 min.
Olympique Marseille @Maxppp

Il y a tout juste un an, l'Américain Frank McCourt devenait le nouveau propriétaire de l'Olympique de Marseille. 365 jours plus tard, quel bilan pour l'homme de Boston ? Les Marseillais sont-ils conquis ?

L'Olympique de Marseille stagnait. Propriété de la famille Louis-Dreyfus, le club phocéen est passé sous pavillon américain il y a donc tout juste un an avec l'arrivée de Frank McCourt. Successeur de Margarita Louis-Dreyfus, l'homme d'affaires originaire de Boston a débarqué avec énormément d'ambitions pour son nouveau club. Des objectifs élevés que son homme de confiance, Jacques-Henri Eyraud, a clamé haut et fort au vestiaire olympien, Ligue des Champions dans les mains. «On va remettre l’OM à la place qui est la sienne. C’est notre objectif et nous avons les moyens de nos ambitions. Il faut que notre club, l’OM, soit connu et refasse parler dans le monde entier !»

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Depuis, 365 jours se sont donc écoulés. Quel bilan tirer du premier anniversaire de l'ère McCourt ? Du match nul arraché sur la pelouse du Paris Saint-Germain aux portes du podium de la Ligue 1, en passant par le mercato : que pense le microcosme marseillais du nouveau patron de l'OM et de ses équipes ? Avant de porter un jugement global, l'environnement phocéen est déjà ravi d'avoir un OM revigoré par cette nouvelle équipe de repreneur. «Il y a un soulagement et la possibilité de se dire que c'est pas si mal. C'est pensé, c'est intelligent. Après il n'y a pas 100% de réussite sur les dossiers visibles», nous a indiqué Romain Canuti, journaliste pour le site Le Phocéen. Un sentiment partagé par son confrère de La Provence, Alexandre Jacquin. «C'est un soulagement. Il faut regarder ce qu'était l'OM l'année précédente. C'était un club où il n'y avait plus rien. Un club où il y avait une guerre interne entre le nouveau clan de Margarita (Louis-Dreyfus) et Vincent Labrune qui n'avait plus vraiment de pouvoir. Un an plus tard, il y a un propriétaire qui met de l'argent, un président qui a des défauts, mais qui est sérieux. Pareil pour l'entraîneur qui a eu des résultats. Terminer cinquième (la saison dernière), c'était quand même inespéré. Et en plus de ça, il y a un directeur sportif tout aussi sérieux».

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La patte Garcia pas encore convaincante

L'arrivée du tandem Garcia-Zubizarreta est d'ailleurs jugée par beaucoup comme étant le premier signal fort envoyé par la nouvelle direction marseillaise si l'on ne prend pas en compte le mercato hivernal 2017 ponctué par les signatures de Dimitri Payet, Patrice Evra et Morgan Sanson. «Le signal fort c'est la nomination de Rudi Garcia et d'Andoni Zubizarreta. À l'époque, l'arrivée de Garcia était quand même un scénario très peu envisageable. Ils sont arrivés à faire ça. Et dans la foulée, ils prennent Zubizarreta tout en sachant qu'il a accepté certaines conditions. Ce n'était pas le premier choix et il est pris parce qu'il accepte d'être numéro deux, derrière Garcia. Tu n'annonces pas l'entraîneur en premier par hasard. Ils ont mis à profit les expériences précédentes», estime Canuti. «Zubizarreta reste une référence. Ce n'est pas Gunter Jacob», surenchérit Jacquin.

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Armé d'un entraîneur et d'un directeur sportif de renom, l'OM version McCourt est de retour dans la lutte aux premières places. Cinquième du précédent exercice et aujourd'hui quatrième, à égalité de point avec le troisième, le club phocéen ne propose pas toujours un jeu léché, mais il respecte une feuille de route dont l'objectif reste une qualification pour la prochaine Ligue des Champions. Un but pour lequel Rudi Garcia et sa réputation d'entraîneur joueur a été engagée. Mais si le bilan sportif est loin d'être critiquable, la patte Garcia est encore loin d'être reconnaissable. Premièrement, en termes de mercato. «Quand il était à la Roma, il a récupéré un mec comme Strootman au PSV. Après il est allé chercher Nainggolan à Cagliari. On se disait que c'était quelqu'un comme un Deschamps qui peut viser haut, qui peut aller prendre des joueurs que n'importe quel entraîneur ne peut aller chercher. J'attendais de lui qu'il soit capable d'aller prendre des éléments équivalents à ceux cités ci-dessus. Après, c'est quand même un coach qui a lancé Maxime Lopez, même si aujourd'hui il est un peu dans le dur. Il a fait en sorte que Lopez soit un joueur connu de toute la Ligue 1. C'est une part non négligeable. C'est aussi lui qui a pensé à mettre Boubacar Kamara en numéro 6. Avant lui, personne n'y avait pensé. Sans Rudi Garcia, ils ne seraient jamais restés. Il s'est battu pour garder Kamara qui voulait jouer en Premier League. Il faut attendre encore un peu, mais si un joueur comme Kamara explose, on pourra dire merci Garcia», indique Canuti.

Et le jeu dans tout ça ? «Quand il est arrivé, il avait un effectif moyen. Il a réussi à faire monter progressivement l'équipe. On a senti une patte Garcia sur la fin de la saison, c'est-à-dire quand l'OM a battu Nice (2-1) et Saint-Etienne (4-0) au Vélodrome avec ce 4-3-3 et ce jeu court. On pensait qu'il y aurait une continuité. Et il y a eu une cassure cet été et aujourd'hui, il n'y a plus trop de patte Garcia. Ce n'est pas anodin s'il est passé en 4-2-3-1 qui ne correspond pas à sa philosophie. C'est un système compact pour assurer ses arrières», confie Jacquin. Un constat qui diffère quelque peu pour Romain Canuti, même si là aussi, le visage de l'OM version Garcia n'a pas encore convaincu. «Les seules certitudes que l'on peut avoir à ce stade de la saison, c'est le jeu. Là ça va un peu mieux, mais vu le potentiel de l'OM, il y a beaucoup mieux à faire. Des joueurs comme Sanson ou Germain n'ont pas encore donné leur pleine mesure. Il y a encore une belle marge de progrès».

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Le tandem Garcia-Zubizarreta en question

Perfectible dans le jeu, l'OM l'est également en coulisse. La raison ? Après une saison 2016/2017 traversée avec un effectif hérité de l'ère Louis-Dreyfus, les dirigeants marseillais ont eu le temps de préparer la saison 2017/2018. Frank McCourt avait d'ailleurs mis l'eau à la bouche lors de son intronisation en évoquant ces fameux 200 M€ qui allaient être investis sur plusieurs mercatos. De belles promesses entretenues par un duo Garcia-Zubizarreta annoncé comme prometteur en termes de recrutement. Le premier étant un coach réputé pour un style de jeu offensif séduisant tandis que le second jouissait d'une belle réputation après ses passages à l'Athletic Bilbao et surtout au FC Barcelone. Mais très vite, les retours de Dimitri Payet et de Steve Mandanda ont apporté leur lot de critiques. Annoncé comme ambitieux, l'OM Champions Project méritait-il mieux qu'une politique sportive en partie basée sur le retour d'anciens de la maison ? «Sur Mandanda, il n'y a aucun a priori négatif parce qu'il est entré dans l'histoire de l'OM et c'est un poste particulier. Sur Payet, c'est différent. Il y a le Payet de Bielsa, le Payet de 2015/2016 à West Ham et il y a le Payet d'aujourd'hui qui n'est pas au niveau des 30 M€ dépensés pour le moment. Il doit être plus décisif. Les supporters étaient contents avec Mandanda, ils étaient heureux de revoir Payet, mais avec Payet était le premier signal fort qui annonçait un été prometteur. Le problème c'est que derrière aucun autre joueur de ce niveau n'est venu», se désole Jacquin. «La crise de septembre l'a démontré. Quand ça fonctionne, pas de problème, mais dans le cas contraire, les gens ne vont pas hésiter à leur tomber dessus pour leur dire qu'ils ont choisi la facilité», tempère de son côté Canuti.

Attendus au tournant, Garcia et Zubizarreta ont également fait parler pour leur gestion du grand attaquant tant désiré. Deux hommes dont les visions différentes du projet ont coûté la venue de certains joueurs (Carlos Bacca par exemple). «Sur le papier, elle (l'association Garcia-Zubi) était séduisante, mais dans les faits, pour l'instant, il n'y a pas de clash, mais il y a en un (Zubi) qui regarde sur le long terme avec un travail sur les jeunes. Il a remis en place une vraie cellule de recrutement tout en pensant à l'équipe première sur le court terme. Et il y a Rudi Garcia qui voit surtout sur le court terme alors que l'OM Champions Project est sur le long terme. Il a poussé pour des joueurs opérationnels tout de suite, mais on ne sait pas s'ils seront performants sur le long terme. Rami et Payet sont de bons joueurs, mais ils commencent à avoir de l'âge. C'est pour ça que la collaboration entre Garcia et Zubi est un peu compliquée», estime Jacquin. Pas de quoi mettre le feu pour autant à la maison OM, ni provoquer l'ire des supporters phocéens. «Sur le recrutement, les supporters s'attendaient à mieux. Après, une fois le recrutement terminé, ils étaient quand même contents d'avoir Mitroglou par exemple. Ils ont commencé à s'intéresser à son profil, à regarder ce qu'il faisait avec la Grèce et Benfica. Dans l'absolu, le recrutement aurait pu être pire», précise Jacquin. Mais au vu du scénario du mercato marseillais (arrivée tardive de l'attaquant), cette campagne de recrutement estivale 2017 risque de n'être jugée que par un seul prisme. «C'est suspendu à la réussite de Mitroglou. Il y avait le regret de William Vainqueur, mais on s'est rendu compte qu'il aurait été la doublure de Luiz Gustavo. Si Mitroglou est un grand attaquant et qu'il prouve à l'OM qu'il est un buteur de Ligue des Champions, ce sera le plus important. Et beaucoup de vestes vont se retourner vis-à-vis de leur capacité de recrutement», prévient Canuti.

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Eyraud chahuté, mais salué

Une tendance qui s'explique aussi par un événement qui a marqué l'été marseillais : le coup de la tisane servi par Jacques-Henri Eyraud. Harcelé de questions sur le recrutement d'un buteur de renom, le président olympien avait envoyé balader ses détracteurs en les invitant à se détendre en buvant de la tisane. Une réponse pour le moins originale qui n'a pas été du goût de tous les fans du club. «Le coup de la tisane n'est pas passé auprès des supporters. Les supporters se sont dit au début que le président savait ce qu'il faisait. Mais au final, les joueurs ont tardé à arriver et l'attaquant est venu le 31 août dans l'après-midi. Après, c'est tombé au moment de la défaite à Monaco (1-6). La vraie gronde des supporters est venue de ce mercato mal géré en termes de communication, pas d'un mercato qui n'est pas considéré comme raté. Tout n'est pas noir».

Un couac présidentiel qui a énormément fait jaser. De là à nuire à l'image du nouveau président marseillais ? «Il a l'image d'un mec intelligent, qui fait des choses réfléchies. Il n'a pas la popularité d'un pape Diouf, mais il fait l'unanimité sur le côté réflexion. Certains peuvent lui reprocher son image sans folie, mais globalement tout le monde est satisfait. Pour les supporters, le responsable du projet, c'est Jacques-Henri Eyraud. Il est vu comme l'homme de confiance, il n'y a pas l'ombre d'un doute », juge Canuti. «Il arrive après Labrune et Ciccolunghi dont personne ne savait d'où il sortait et qui ne connaissait pas le nom des joueurs. C'est un personnage sérieux, plutôt brillant avec un parcours d'entrepreneur. (...) Le coup de la tisane, c'était une maladresse il n'a pas voulu se moquer. Ça a été violent pendant trois semaines et il n'a pas compris. Là, ça va mieux et il a compris qu'à Marseille, tout est exagéré d'un sens comme dans l'autre», poursuit Jacquin. En un an, l'OM Champions Project est donc passé par plusieurs étapes, plus ou moins maîtrisées. Et si le dernier mercato a exacerbé quelques tensions entre l'équipe McCourt et ses supporters, le potentiel du projet marseillais laisse quand même pas mal d'espoirs au microcosme phocéen. «Je mettrais un 13/20. Les encouragements, mais peut mieux faire. Le but c'est désormais d'atteindre la Ligue des Champions et d'y faire bonne figure», a conclu Jacquin. À bon entendeur...

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