Philippe Hinschberger : « mon bilan, personne ne peut me l’enlever et moi je veux le défendre »

Par Constant Wicherek
10 min.
Metz Philippe Hinschberger @Maxppp

Depuis son départ en cours d’année du FC Metz, Philippe Hinschberger est resté sans club. Dans un entretien qu’il nous a accordé, il a tenu à défendre son bilan et à éclaircir sa situation.

Foot Mercato : Philippe Hinschberger comment vous sentez vous ?

La suite après cette publicité

Philippe Hinschberger : Je suis parti de Metz fin octobre, ça fait six mois au cours desquels j’ai récupéré physiquement et psychologiquement, car c’est une épreuve. Je suis fin prêt aujourd’hui à rejoindre un nouveau projet.

À lire Metz : quand Boloni compare Mikautadze à Mbappé

FM : Vous avez déjà des pistes ?

PH : J’ai rencontré un club en France. Après j’ai des agents mandatés qui m’appellent pour l’étranger. Ça peut être la Belgique, le Maroc, les Émirats... Ils sont mandatés par des présidents, c’est pour faire partie d’une short list comme on dit.

FM : Vous avez des préférences ?

PH : Je connais bien le football français. Mon dernier poste c’était en Ligue 1 donc je connais très bien la Ligue 1 aujourd’hui. La Ligue 2 je connais très bien aussi puisque globalement j’y ai passé l’essentiel de ma carrière. C’est quelque chose que je maîtrise. Mais aujourd’hui j’ai un savoir-faire supplémentaire avec une montée en L1. Ça peut intéresser des bons clubs de L2. Par ailleurs je vais avoir 59 ans cette année, c’est peut-être le moment de découvrir un projet étranger. Il y quinze ans je ne me voyais pas aller à l’étranger, aujourd’hui si on veut progresser, si on veut travailler... Il y a toujours le même nombre de clubs en France, mais le nombre d’entraîneurs a été multiplié par X.

FM : On dirait que vous avez faim...

PH : bien sûr ! C’est normal ! Ce n’est pas la première fois que je suis inactif. Ça fait cinq fois que je me fais dégager alors que trois fois je suis monté. Je me suis fait écarter de Niort après être monté de National en L2, pareil pour Laval après 7 ans et enfin avec Metz de L2 en L1. Il ne faut pas oublier ça. On peut être capable de faire monter un club, mais après les gens oublient que l’étape d’au-dessus c’est plus dur. Ma période d’inactivité je l’ai plutôt bien vécue, mais maintenant j’arrive au bout. J’ai l’envie féroce d’être sur les terrains d’entraînement, je ne vais pas vous dire que je tourne en rond, mais je suis prêt !

FM : vous avez été démis de vos fonctions de Metz, pourtant c’est un club particulier pour vous...

La suite après cette publicité

PH : aujourd’hui le truc ce n’est pas de chercher des responsabilités. Metz en Ligue 2 fait partie des trois meilleurs budgets et en Ligue 1 des cinq moins bons. Il faut appeler un chat un chat, c’est plus dur c’est tout. Quand on est montés il y a deux ans, on a fait un départ canon, on a pris 13 points en sept matches. Cela nous a donné un matelas qui était le bienvenu puisque l’automne et l’hiver ont étécompliqués avant le printemps qui nous a ramenés vers de meilleurs auspices avec l’arrivée de Diabaté et l’explosion d’Ismaïla Sarr. Quand on veut avoir des résultats, il vous faut des gars qui vous font gagner des matches, qui ont un peu de talent. Au départ ça me bouleverse parce que c’est mon club et je me dis que je vais finir ma carrière d’entraîneur ici. Je n’ai pas réussi à aller au-delà de 22 mois à Metz, mais c’était déjà extraordinaire. Mais après ce n’est pas forcément plus un choc de partir de Metz que d’ailleurs.

FM : qu’est-ce qui vous a manqué sur cette deuxième saison ?

PH : ce n’est pas compliqué... Quand on est montés en 2016, on est partis en stage de pré-saison à Carnac avec tout l’effectif, on a juste récupéré Cohade à la fin du stage et Bisevac un peu plus tard, tout était constitué. Cette année pour le stage à Port Crouesty, on a dû faire monter 4 jeunes pour faire 20 joueurs… Le transfert de Sarr, un transfert inévitable, c’est le record pour Metz (17 millions d’euros sans compter les bonus), est arrivé à trois jours de la première journée même si on savait qu’il partirait. Il a fait toute la préparation avec nous, il s’en va sans être remplacé. C’est Dossevi qui le remplace, mais il arrive à la cinquième journée contre le PSG.. Puis vient le départ de Simon Falette, qui était notre meilleur défenseur, après la première journée. Et on l’a remplacé numériquement par Philipp Wollscheid. Lui c’est une énigme du football. Il a été apparemment international allemand en 2013, mais quand il est arrivé chez nous il n’était pas apte à jouer. Ces départs tardifs de joueurs majeurs ne sont pas de bons signaux pour le reste de l’équipe. Si on ajoute le départ de Diabaté…Sarr, Mandjeck, Doucouré et Fallette ont été vendus.. J’ai passé toute la préparation et le début de championnat à rassurer les mecs. Je me rappelle des discussions avec Renaud Cohade qui était très inquiet sur ces départs et la valeur de l’effectif. Notre mercato a été tardif, on a eu, je crois, une douzaine de mouvements en août, entre les arrivées et les départs.

FM : mais le groupe était concerné ?

PH : on est parti sur une mauvaise dynamique. Le groupe était concerné et toute l’année, il s’est battu jusqu’au dernier moment. Ils ont notamment remporté une victoire importante à Rennes dernièrement. J’ai fait dix matches avec ce groupe, j’en ai perdu neuf et j’ai gagné à Angers à la 6e journée. Mais sur les neuf défaites, il y a toujours quelque chose à dire. On n’a pas été balayés comme parfois la saison dernière. Par exemple contre Guingamp on fait une première demi-heure de haut niveau et on prend un penalty bidon qui les ramène à 1-1 à la mi-temps et ensuite leurs individualités font la différence. Contre Monaco chez nous, on est à 0-0 jusqu’au dernier quart d’heure et on perd 1-0 en prenant un but de merde. Je ne vous parle même pas du penalty de l’égalisation à Nantes à la 94e, le seul à retirer en L1 cette saison je crois ! C’était avec Monsieur Hamel qui a encore fait un petit cadeau aux Messins à Amiens pas plus tard que samedi dernier. IL y a aussi le match contre le PSG où on est à 1-1 et où Rivière rate l’immanquable en début de seconde mi-temps, ensuite Assou Ekoto, le carton rouge et la défaite. Ensuite à l’ASSE pour l’un de mes derniers matches on menait 1-0 à la 74e minute… et c’était toujours comme ça. On a gagné des matches en début de saison il y a deux ans ou on a eu beaucoup de réussite, Angers ou Montpellier par exemple. On ne sautait pas toujours au plafond hein...mais on prenait des points.

FM : mais il y a des tournants...

PH : quand sur les cinq premiers matches on joue, Bordeaux, Monaco et le Paris Saint Germain.. Il ne faut pas être devin pour savoir qu’on n’aura pas douze points en 5 matches. Il nous restait Guingamp et Caen pour prendre des points on ne l’a pas fait. On gagne à Angers et vient la septième journée et le match de Troyes. On fait un excellent match, on met tout ce qu’il faut, on touche le poteau, on a quatre cinq occasions et on se fait crucifier à la toute fin. On le rejoue 10 fois on le gagne neuf fois et demie. Si on le gagne, on a six points en sept matches, on est avec le gros de la troupe.

FM : vous comprenez pourquoi vous avez été licencié ?

PH : quand vous perdez neuf matches sur dix... J’ai parlé avec le président et il m’a donné Saint Étienne et Dijon pour remonter au classement. Mais on a eu des comportements et des cartons rouges qui nous ont mis à mal... Quand le président communique comme ça et qu’on arrive avec deux défaites, il ne peut rien faire d’autre. Je ne suis pas choqué. Le président nous a au moins donné une ligne directrice. J’ai dit au staff : on a deux matches, il faut prendre des points, si on n’en prend pas on s’en va. Quand j’ai rencontré le président après Dijon, il n’avait rien préparé, il espérait aussi qu’on se relancerait. Frédéric Hantz est d’ailleurs arrivé quinze jours après.

FM : Diabaté a été dur à remplacer ?

PH : il ne faut pas se cacher les yeux non plus, la première partie de la saison dernière on a eu une réussite insolente au début et avec la blessure de Erding en octobre ça a été très compliqué. Avec l’arrivée de Diabaté, on a gagné six matches à domicile et on a notamment battu quatre équipes qui étaient avec nous à la lutte ( Montpellier, Dijon, Bastia et Nancy). Mais on a gagné ces matches, on le méritait, c’est pour ça que j’ai les boules. Je savais que Diabaté et Sarr allaient partir, c’est beaucoup puisqu’ils nous ont offert treize buts, et Sarr de nombreux pénalties. C’est dur à remplacer même si on a pris Nolan Roux qui avec moi a aussi marqué quatre buts.

FM : vous vous en voulez de ne pas avoir tiré la sonnette d’alarme pendant le mercato ?

La suite après cette publicité

PH : on se dit toujours qu’on va trouver mieux. Le pire avec le recul c’est le départ de Falette. C’est notre meilleur défenseur et la charnière titulaire c’était Falette-Bisevac. Aujourd’hui, pour moi l’erreur et celle que je n’aurais pas du laisser commettre c’est celle-ci. Après il avait un accord avec le président. Un jour le montant du transfert demandé est arrivé et il est venu me voir : "coach je m’en vais". Mais quand les joueurs viennent nous voir pour nous dire qu’il manque des joueurs... Allez trouver un bon défenseur et un bon attaquant en août ! On était dans cet état-là. Je ne veux pas ouvrir le parapluie, mais il faut ouvrir les yeux. La première année on a eu une réussite insolente, et cette année on a eu une réussite pourrie sur le début de saison et mis à part décembre et janvier ça a été comme ça toute la saison.

FM : si vous deviez définir votre passage à Metz ?

PH : moi je n’ai pas peur de défendre mon bilan ! Aujourd’hui il y a des gens qui clament haut et fort ce qu’ils font alors moi aussi je vais le faire. Aujourd’hui on dit "Hinschberger il s’est fait dégager de Metz, il est nul". Moi je suis arrivé à Metz en décembre 2015. Dans une équipe où il y a 33 joueurs, dix de trop, où cohabitaient 14 nationalités différentes. Première chose, il fallait dégager six mecs minimum et il n’y avait pas un bon attaquant.Je fais venir de Lens Bekamenga qui a mis huit buts, sans lui on ne monte jamais. Sans choisir mon effectif, je monte en Ligue 1. Enfin pas "je", mais tout le monde. On a tous travaillé, les joueurs, le staff, les dirigeants. Ce n’est pas "je suis tout seul quand ça va bien et c’est la faute des autres si ça ne va pas". Alors, mon bilan c’est une montée en Ligue 1 en six mois, c’est le maintien du FC Metz et je le dis haut et fort, la première fois depuis 2003. Et troisièmement, allez en étant gentil, c’est 25 millions d’euros dans les caisses du club sous ma direction sportive, à commencer par le transfert de Ngbakoto quand on est montés, trois millions à QPR. On ne voyait d’ailleurs pas d’un très bon œil ce mouvement puisqu’il avait fait toute la préparation avec nous.

FM : vous défendez votre bilan corps et âme ?

PH : mon bilan, personne ne peut me l’enlever et moi je veux le défendre : montée avec le FC Metz et maintien avec le FC Metz en L1. Aujourd’hui les entraîneurs qui font ça, ils ont deux trois contacts en Ligue 1, c’est ce que je revendique. J’ai prouvé que je pouvais être un entraîneur de L1. Et des ventes records, dont le transfert historique du FC Metz avec Ismaïla Sarr pour 17 millions d’euros. Alors, on va me dire "ouais, mais Ismaïla Sarr, il était fort". Moi je dis non, quand il est arrivé, il savait juste courir le long de la ligne et il ne savait pas centrer. Moi aussi j’ai été capable de les faire progresser. Mais je veux défendre ce bilan… alors d’accord cette année c’était plus compliqué, mais il convient d’analyser plus finement. Mais je garde un très bon souvenir et j’ai beaucoup progressé, notamment dans ma gestion des hommes, dans mon management.

La suite après cette publicité

Fil info

La suite après cette publicité