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Transfert de Neymar : quel impact sur le PSG et la Ligue 1 ?

Par Aurélien Léger-Moëc
5 min.
Al-Khelaïfi peut avoir le sourire @Maxppp

Le PSG a officialisé jeudi soir le transfert de Neymar, dont la clause libératoire de 222 M€ a été levée. Nous vous proposons d'étudier d'ores et déjà l'impact de la venue de la star brésilienne sur le PSG et la Ligue 1.

« Le transfert du siècle ». La Une du Parisien est sans équivoque, mais elle suscite le débat chez les amoureux du football. D'un point de vue sportif, les passages de Cristiano Ronaldo de Manchester United au Real Madrid ou de Zinedine Zidane de la Juventus Turin au Real Madrid peuvent largement contester ce statut. D'un point de vue financier par contre, impossible de nier cette appellation tant le transfert de Neymar surpasse tous les précédents records, dont le dernier en date, celui de Paul Pogba à Manchester United (105 M€ hors bonus). Le PSG a, lui, fait son choix et est prêt à assumer un tel transfert. « Je ne sais pas si le montage du PSG sera parfait et irréprochable, mais ceux qui s'en plaignent aujourd'hui ne l'ont pas toujours été ... irréprochables », nous glisse Vincent Chaudel, spécialiste du marketing sportif, directeur Communication & Marketing chez Wavestone.

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L'impact de l'arrivée de Neymar au Paris Saint-Germain et donc en Ligue 1 est bien évidemment énorme et les retombées sont nombreuses. Suffisamment pour compenser les larges dépenses ? C'est la question majeure du dossier. « Si on part du principe que c'est le club qui paye la clause, avec les primes de bienvenue, soit 300 M€, c'est un investissement. Sur 5 ans, cela représente 60 M€ par an à impacter tous les ans. Ensuite, il y a le salaire. Cela va coûter, avec les charges, aux alentours de 50 à 60 M€. Le coût total du joueur par an sera donc de 110 à 120 M€ », nous explique ainsi Vincent Chaudel.

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Contrats sponsor et équipementier à renégocier

Dans les colonnes de L'Équipe, il est expliqué que cela contraindra le club de la capitale à vendre des joueurs à forte valeur marchande pour rester dans les clous du fair-play financier. Mais plusieurs autres leviers sont à prendre en compte, notamment sur les renégociations à venir des contrats de sponsoring et d'équipementier. « En resignant avec Nike, le PSG était passé de 5 à 25 M€ par an. Ils avaient Zlatan, mais pas encore Beckham. Le PSG rentrait dans le top 20 européen et le prix du marché était alors dans la trentaine de millions d'euros. Aujourd'hui, on a vu les derniers contrats avec adidas pour Manchester, Nike pour Chelsea ou Puma avec Arsenal, on est aux alentours de 60, 70, 80 M€ par an. Demain, si le PSG doit renégocier avec son équipementier, il va aller chercher dans ces eaux-là, ce sera 40 à 50 M€ de plus », évoque Vincent Chaudel. Effectivement, Chelsea touche près de 70 M€ de la part de Nike, par saison, tandis que Manchester United récupère 95 M€ de la part d'adidas chaque année. Des contrats majeurs qui aident forcément à grossir la colonne revenus.

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Même raisonnement pour le sponsor maillot, Fly Emirates. Manchester United a négocié le meilleur contrat sur la planète football avec 63,5 M€ payés par Chevrolet chaque année. Chelsea est deuxième, avec 51 M€ versés par Yokohama. Le PSG récolte de son côté 25 M€. Un sacré écart que l'arrivée de Neymar pourra aider à combler.« Pour Fly Emirates, le contrat arrive à son issue en 2019. Soit ils arrivent à renégocier le contrat en cours, soit c'est seulement dans un an, ce n'est donc pas inaccessible. Pour les tops clubs, les top sponsors mettent entre 50 et 100 M€. Il va y avoir encore 30, 40, 50 M€ à aller chercher. Avec l'équipementier, cela fait déjà 100 M€ récupérés en plus », expose Vincent Chaudel. Reste ensuite les revenus générés par le marketing et la vente de maillots. « Un joueur comme Neymar vend 1 million de maillots par an. Quand vous achetez un maillot, cela va vous coûter 120 euros. Ce n'est pas 120 euros dans la poche du club, mais quand même une quarantaine d'euros. Si vous le vendez un million de fois, vous récupérez 40 M€. On est donc déjà dans un équilibre budgétaire. Cela veut dire que le PSG ne sera pas nécessairement obligé de vendre. Mais ils le feront sûrement, pour d'autres raisons », poursuit-il.

La L1 doit en tirer profit

Bien sûr, l'arrivée de Neymar aura également des conséquences positives sur l'environnement de la Ligue 1. « Neymar va faire du bien à l'ensemble de la Ligue 1, dans l'ensemble des stades. On l'avait déjà vu avec un Zlatan et un Beckham. Mais cela va le renforcer encore plus, car il s'agit d'un potentiel Ballon d'Or », explique Vincent Chaudel. Les clubs de Ligue 1 se sont d'ailleurs déjà manifestés sur les réseaux sociaux mercredi au sujet de Neymar, communiquant, de manière décalée, sur l'arrivée imminente de la star brésilienne dans notre championnat. Un premier signe immédiat des retombées positives que le joueur va générer dans les prochaines semaines.

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Vincent Chaudel note aussi l'impact positif sur la renégociation des droits TV. « Le talon d'Achille du football français, ce sont les droits à l'international. Une Ligue 1 avec Neymar se vend plus facilement que sans lui, surtout dans des territoires comme la Chine. On vient d'ouvrir un bureau avec la Fédération, mais commercialement ça ne pèse rien dans notre économie. Or, c'est un vaste potentiel de développement. On a besoin des stars que les Asiatiques ont envie de voir. Avec tout le respect qu'on a pour les joueurs de la L1, aucun n'avait un impact sur le marché asiatique. »

Les chiffres fous de ce transfert hors normes, malgré le positif que peut en retirer notre championnat, font souvent bondir les amateurs de ballon rond. N'est-on pas là en train de perdre le contrôle ? Même chez les entraîneurs, la division règne. Certains, comme Jürgen Klopp ou Arsène Wenger critiquent sévèrement ce deal, d'autres comme José Mourinho le trouvent finalement normal. « On parle de chiffres et on fait peur aux gens. L'économie n'est pas devenue folle. Si je prends 222 M€ pour les investir sur le seul marché français, je suis un fou. Avec 65 millions de consommateurs, c'est un petit marché. Pour le marché européen, soit 400 millions de consommateurs, je prends un gros risque. Pour jouer sur le monde entier par contre, 222 M€ c'est une bonne opération », conclut Vincent Chaudel.

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