Formation : la France fait-elle suffisamment confiance à ses jeunes ?

Par Rodolphe Koller
3 min.
Anthony Martial est parti pour Man Utd à 19 ans @Maxppp

La dernière étude du CIES met en évidence la baisse chronique du temps de jeu des jeunes de moins de 22 ans dans leur club formateur. Moins de confiance, baisse de qualité ? Pas du tout : leur départ à l'étranger est de plus en plus précoce.

La France est réputée pour être un grand pays formateur. À défaut de savoir, ou pouvoir, conserver ses immenses talents dans l'Hexagone - on peut penser aux Pogba, Griezmann, Varane et la liste est sans fin -, ceux-ci s'exportent de plus en plus tôt à l'étranger. Un phénomène qui n'est pas franco-français comme le révèle le dernier rapport du Centre international d'étude du sport. L'Observatoire du football avait récemment mis en évidence que «les clubs de première division européens sont de moins en moins enclins à utiliser des joueurs issus de leurs centres de formation.» Cette fois, l'organisme est allé plus loin, pour soulever un élément clé : cette baisse de temps de jeu s'explique avant tout car les joueurs de moins de 22 ans partent de plus en plus tôt, partout dans les 31 ligues observées en Europe, et non pas parce qu'ils ne jouent pas.

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À ce titre, nombreux sont les clubs qui conservent leurs jeunes et leurs accordent du temps de jeu. Ainsi, les moins de 22 ans formés au club glanent 54% des minutes au Lokomotiv Zagreb, près de 40% à Feyenoord ou encore 27,5% à Midtjylland. Au milieu de la masse des clubs, on repère d'emblée qu'il s'agit majoritairement de pays scandinaves et des Balkans, ainsi que la Belgique et les Pays-Bas. S'agissant uniquement des jeunes venus de l'étranger, c'est le Vitesse Arnhem, notamment grâce à son partenariat avec Chelsea, qui se démarque avec près de 15% de son temps de jeu global accordé. Si l'on observe les deux tableaux, plusieurs formations figurent en bonne place dans chacun d'eux, confirmant la place de la jeunesse dans leur projet : c'est le cas de l'Ajax Amsterdam, d'Anderlecht, Utrecht ou encore Nordsjælland.

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L'Angleterre et l'Italie ne font pas confiance aux jeunes

À l'inverse, il existe des pays où ces joueurs de mois de 22 ans nationaux n'ont pas la faveur de leurs entraîneurs. L'Angleterre, où Stoke n'accorde que 0,4% de temps de jeu à ces joueurs, tout comme Chelsea (0,5%) ou Manchester City (1,4%), mais aussi l'Italie, où la Juventus (0,4%), le Chievo Vérone (0,5%), l'Udinese (0,6%), la Lazio (0,7%) ou Naples (0,8%) n'exploitent pas cet axe de développement. La Turquie n'est pas en reste avec Fenerbahçe (1,2%), Sivasspor (2,1%) ou encore Trabzonspor (2,8%). Des chiffres qui ont une explication logique d'après le rapport : «L’utilisation de jeunes ne va pas forcément de pair avec la formation locale de talents», les deux phénomènes étant à dissocier. Et le CIES de poursuivre : «De plus en plus de joueurs de moins de 22 ans alignés par les équipes étudiées ne sont pas issus du centre de formation de ces dernières. Ce constat reflète l’accroissement de la mobilité des footballeurs dès leur plus jeune âge.»

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Prenons à présent spécifiquement le cas de la France. Le temps de jeu des joueurs de moins de 22 ans formés au club est de 10,7%, contre 3% pour les jeunes étrangers, pour un total cumulé de 13,7% pour ces U22. Ce qui classe la France dans le ventre mou européen, à l'image de l’Allemagne (14,5% cumulé), contrairement à des pays comme la Croatie (28,7%), la Slovénie (27,8%) ou les Pays-Bas (24,1%). Parmi les mauvais élèves, trois pays dont l'élite fait pourtant partie du Big 5 : l'Espagne (9,6%), l'Italie et l'Angleterre (7,5%). En revanche, on peut en tirer la conclusion que les formations néerlandaise, française et allemande restent très performantes, même si les deux dernières ont une nette tendance à peiner à conserver leurs jeunes talents. Le Paris Saint-Germain regrette encore le départ de Coman, l'OL a laissé filer Martial à Monaco avant son départ à Manchester United, Nice n'a pu conserver Amavi ni Nantes Veretout face aux sirènes d'Aston Villa... Et la tendance ne semble pas sur le point de s'inverser.

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