Juventus Turin - Real Madrid : les notes du match

Championne d'Italie depuis ce week-end et une victoire sur la pelouse de la Sampdoria Gênes (0-1), la Juventus Turin accueillait le Real Madrid pour une demi-finale aller de Ligue des Champions qui s'annonçait particulièrement relevée. En revanche, du côté du spectacle, les compositions des deux équipes pouvaient laisser de sérieux doutes quant à l'envie de produire du jeu et faire trembler les filets. Précédés par leur réputation, les Italiens alignaient un 4-4-2 dans lequel on retrouvait Patrice Evra côté gauche. Même système, plutôt inhabituel, du côté des Merengues. Varane occupait la charnière quand Bale et Ronaldo étaient chargés de l'animation offensive en l'absence de Benzema. Chicharito restait quant à lui sur le banc de touche au coup d'envoi.

Le scenario d'un 0-0 semblait toutefois bien loin quand Casillas voyait Vidal entrer puis chuter dans la surface de réparation dès les premières secondes de jeu avant de devoir s'interposer sur une frappe (3e) puis un lob culotté de Morata (7e). À force de pousser, la Vieille Dame était récompensée ; sur une frappe de Tévez, le portier madrilène repoussait le cuir dans les pieds de Morata qui crucifiait son ancien club (1-0, 8e). La réaction de la Casa Blanca était timide et seules deux frappes plein axe de Kroos (12e) puis Isco (15e) venaient vaguement apporter le danger sur les buts de Buffon. Le pressing de la Juventus était aussi agressif qu'efficace et sa ligne de récupération de balle insolemment haute.

Passées les 20 premières minutes, le Real Madrid parvenait tant bien que mal à sortir de sa boîte et CR7 de tenter sa chance pour la première fois de la soirée (23e). En revanche, le dézonage permanent et les multiples permutations avec Bale ne donnaient pas les résultats escomptés, jusqu'à ce que le Portugais ne profite d'un centre en première intention de James pour remettre les compteurs à zéro (1-1, 28e). La rencontre perdait quelque peu en intensité jusqu'à ce superbe mouvement madrilène lors duquel Carvajal profitait d'une percée côté droit pour ressortir sur Kroos ; celui-ci trouvait Marcelo qui lançait Isco côté gauche, dont le centre trouvait James qui expédiait sa tête sur la barre (41e).

Alors que la seconde période avait repris sur un tout petit rythme, un contre éclair mené par Tévez conduisait Carvajal à le faucher dans la surface et ainsi provoquer un penalty que l'Apache transformait en but (2-1, 57e). Mais derrière, le rideau de fer était officiellement baissé par Massimiliano Allegri et la Vieille Dame de se retrouver rapidement sur le reculoir. Avec l'avantage de profiter de la maladresse offensive du Real pour lancer de nouveaux contres ravageurs dont l'un d'eux permettait à Llorente d'effacer Casillas dans la surface avant de chercher en retrait un soutien qui n'arriverait pas (87e). Ce même Llorente qui, trouvé de la tête sur coup-franc, butait cette fois sur le portier espagnol (90e+2). Le score n'évoluerait plus dans une fin de match décousue, et le suspense d'être à son paroxysme avant un match retour qui s'annonce déjà à couteaux tirés.

L'homme du match : Tévez (8): à l’image de sa saison sous la tunique turinoise, le buteur argentin a été décisif. Tout d’abord en début de match, lorsque sa lourde frappe obligeait Casillas à repousser le cuir dans les pieds de Morata sur l’ouverture du score (8e). Puis après une frappe trop écrasée qui n’inquiétait pas le portier espagnol (47e), il provoquait un penalty après une superbe chevauchée puis transformait la sentence pour le second but turinois (58e). Flamboyant. Averti (46e). Remplacé par Pereyra (85e).

Juventus Turin :

• Buffon (6): bon match pour le portier italien. Parfait dans les airs (2e, 4e, 22e, 90e+3), il se déployait parfaitement sur une grosse frappe de Kroos (12e). Malheureusement pour lui, il ne pouvait rien faire sur le but de Ronaldo qui le trompait à bout portant (28e). A noter également de bonnes relances.

• Lichsteiner (6): très remuant sur son côté droit, il a de nombreuses fois tenté d’apporter son soutien sur le front de l’attaque. Avec quelques bons centres et de bons débordements, il a su peser sur la défense madrilène. Le Suisse aurait même pu s’offrir un but mais sa tentative ne trouvait pas le cadre (25e). Défensivement, il a bien bloqué son couloir et a été rarement inquiété.

• Bonucci (6,5): rencontre mitigée pour le défenseur central. Souvent bien placé et solide dans la majorité de ses duels, il est tout de même fautif sur l’unique but du Real en oubliant Ronaldo au second poteau, une erreur qui pourrait coûter cher sur l’ensemble des deux matches. A noter tout de même de très bonnes interventions et une bonne présence sur coups de pied arrêtés. Averti (5e).

• Chiellini (6,5): tout comme son compère de la charnière central, le défenseur a livré une belle copie ce soir. Courageux pendant les 90 minutes, l’Italien a été dur mais correct dans ses duels au sol ou dans les airs. Une bonne application défensive qui lui a permis de bien cerner les quelques percussions de Ronaldo et Bale. Tout comme son homologue, il a également été essentiel dans sa surface lors des phases arrêtées. A noter tout de même quelques erreurs défensives non négligeables. Averti (90e+2).

• Evra (6): rencontre correcte pour le latéral français. Auteur de nombreux déboulés sur son côté gauche, le Français a tenté de créer le surnombre à l’image de son pendant à droite. Mais il s’est montré trop imprécis dans le dernier geste et la plupart de ses centres n’ont jamais trouvé preneur. Une bien meilleure rencontre sur le plan défensif.

• Marchisio (6,5): auteur d’une première période de grande classe, le milieu de terrain a été essentiel dans le bon fonctionnement de l’entrejeu turinois. Il a d’ailleurs été décisif puisque c’est lui qui trouvait le décalage sur l’ouverture du score de sa formation en délivrant une somptueuse passe pour Tévez (8e). Malgré une baisse de régime au fil des minutes, il a tout de même livré une belle prestation dans son ensemble grâce de nombreux efforts.

• Pirlo (7): le maître à jouer a une nouvelle fois été impressionnant. Véritable rampe de lancement devant sa défense, il a alimenté ses attaquants tout le long de la rencontre par ses nombreuses longues passes toujours aussi précises. Une qualité de passe qui a fluidifié le jeu turinois dans tous les aspects et a permis à sa formation de vite se projeter vers l’avant mais également de proprement ressortir de ses bases. Précieux également sur coups de pied arrêtés, son dernier coup franc, déposé sur la tête de Llorente, aurait même pu être décisif (90e). Avec également de très bons retours défensifs, il a réalisé un grand match.

• Sturaro (6): belle prestation pour lui dans cette rencontre. Auteur d’un gros pressing, il a récupéré un grand nombre de ballons dans les pieds madrilènes. Une grosse activité qui a permis à sa formation de vite se déployer en contre-attaque à plusieurs reprises. Un bon match également offensivement avec notamment une frappe qui obligeait Casillas à se coucher (3e). Remplacé par Barzagli (63e) qui a parfaitement tenu son rang.

• Vidal (7): malgré une occasion gâchée en début de match en préférant s’écrouler dans la surface (1ère), le Chilien s’est largement rattrapé par la suite et a livré une belle copie. En alternant jeu court et jeu long, il a sans cesse tenté de combiner pour faire la différence. Derrière ou sur le front de l’attaque, l’infatigable milieu de terrain n’a pas ménagé ses efforts et son incroyable activité a été essentielle pour la Juve ce soir. C’est lui qui a donné le tempo. Averti (55e).

• Tévez (8): voir ci-dessus.

• Morata (7,5): tout comme son compère de l’attaque de la Juve, le jeune attaquant espagnol a joué un vilain tour à son club formateur ce soir. Après avoir tenté un subtil lob en début de rencontre (6e), il ouvrait le score tel un renard des surfaces en poussant les ballons au fond des filets après une frappe repoussée par Casillas (8e). Par la suite, le jeune buteur a enchainé les appels et multiplié les efforts défensifs pour bien bloquer les relances madrilènes. Très généreux ce soir. Remplacé par Llorente (77e) qui aurait pu inscrire deux buts mais n'a pas obtenu de soutien (87e) avant de pécher dans la finition (90e+2).

Real Madrid :

• Casillas (5,5) : après avoir rapidement pris le feu en tout début de match (1ère, 3e, 5e), il cédait une première fois en repoussant une frappe croisée de Tévez dans les pieds de Morata (8e). S'il n'a pas eu à se montrer décisif par la suite, stoppant sans problème une frappe sans danger de l’Apache (47e), il demeurait impuissant sur le penalty transformé par l'Argentin (57e). La tête de Llorente qu'il stoppe dans le temps additionnel est en revanche cruciale (90e+2).

• Carvajal (3) : s'il a indéniablement apporté offensivement en se montrant souvent aux avant-postes, il a eu beaucoup trop de soucis derrière, que ce soit dans le repli, les interventions ou la relance. À deux doigts d'offrir le 2-0 à la Juventus sur une perte de balle au milieu de terrain (18e), c'est également lui qui provoque le penalty du 2-1 (56e). Un retour très important en fin de match pour sauver quelque peu sa copie (87e).

• Pepe (5,5) : un match sérieux, viril mais correct, lors duquel il a remporté ses duels et soigné ses relances, même si on pourrait lui reprocher de ne pas voir Morata dans son dos sur l'ouverture du score (8e). Deux très grosses interventions coup sur coup après la pause (59e, 60e) puis un bon dégagement de la tête (70e). Présent sur les coups de pied arrêtés offensifs de son équipe, il n'a en revanche pas vraiment pesé.

• Varane (3,5) : en difficulté dès le début de match, c'est en laissant trop de champ à Tévez que celui-ci permettait à Morata d'ouvrir la marque (8e). Pas vraiment serein tout au long du match, il multipliait les approximations (22e, 44e, 47e). Relances en touche, tergiversations et étonnante fébrilité, il n'était clairement pas dans son match.

• Marcelo (4) : un match étrange lors duquel il a alterné entre le moyen et le très moyen sans jamais parvenir à être dans le vrai. Très haut tout le match, il a eu du mal avec les permutations entre CR7 et Bale, sans que ses centres ne soient particulièrement reluisants (48e, 60e)). Défensivement, il cédait face à Lichsteiner (24e) et avait clairement du mal à relancer. Averti pour une grossière faute sur Vidal lors du contre qui amène le penalty du 2-1 (56e).

• Ramos (4) : son placement au milieu de terrain lui a permis de briller récemment, cela a moins été le cas ce mardi soir. Face à l'agressivité diabolique de la Juventus lors de la première demi-heure, il a pris un bouillon monstrueux avant de réussir à nouveau ses relances, ses interceptions, ses anticipations.

• Kroos (5,5) : dans un rôle défensif qui ne lui permet pas d'exprimer toute l'entièreté de son talent, il s'est cantonné à des passes latérales, un repli pour soulager ses défenseurs centraux et quelques passes entre les lignes. Son seul fait d'arme offensif, cette frappe dangereuse qui rebondissait devant Buffon et obtenait un corner (12e).

• Rodriguez (6) : après un début de match compliqué, à l'image du reste de son équipe, littéralement étouffée par l'énorme pression italienne, il gagnait en confiance, trouvait des espaces et se montrait intéressant. C'est lui qui offre l’égalisation à CR7 d'un centre limpide du plat du pied (28e), avant d'expédier le ballon sur la barre d'une tête à bout portant. Averti en fin de match (85e).

• Isco (5,5) : investi d'une sacrée mission, devant assumer une bonne partie de l'organisation et créer les décalages face à une équipe que l'on craignait recroquevillée sur elle-même, il a plutôt bien rempli son rôle. Une bonne frappe (15e), un centre pour James dont la tête trouvait la barre (41e). Un peu de déchet mais beaucoup de bonne volonté. Remplacé par Chicharito (63e).

• Bale (3,5) : après avoir obtenu un coup-franc intéressant sur une percussion offensive (5e), il peinait à trouver sa place dans un 4-4-2 dans lequel le Real Madrid a bien moins de repères. S'il tentait bien de permuter avec CR7, il était bien trop difficile à trouver et ne parvenait pas à exploiter son potentiel. Remplacé par Jesé (87e).

• Ronaldo (6) : après avoir envoyé un premier coup franc bien placé dans le mur (6e) et peiné à prendre sa place dans un système à deux attaquants - on l'a énormément vu mordre la ligne de touche (10e, 11e) - il montait en puissance en frappant hors cadre (23e) avant d'égaliser pour le Real de la tête (28e). Agacé de ne pas être plus et mieux trouvé, il n'a que peu donné en seconde période. L'importance de son but risque toutefois d'être prépondérante lors du match retour.