Que vaut le RB Leipzig de Julian Nagelsmann ?

Par Aurélien Macedo
10 min.
RB Leipzig @Maxppp

Débarqué cet été au RB Leipzig en provenance du TSG Hoffenheim, Julian Nagelsmann était loin d'arriver en terrain inconnu. Un an plus tôt, il s'était déjà mis d'accord avec le club est-allemand et Ralf Rangnick a assuré le passage de témoin. Un travail bien réalisé qui a facilité l'intégration du jeune coach. Considéré comme le troisième larron en Allemagne derrière le Bayern Munich et le Borussia Dortmund, Leipzig ne manque pas d'ambition. Mais quel est le niveau de cette équipe qui affronte l'Olympique Lyonnais ce mercredi soir ?

Club créé de toute pièce par le géant autrichien des boissons énergisantes Red Bull, le RasenBallsport Leipzig plus connu en tant que RB Leipzig s'est vite implanté dans le paysage du football allemand. Fondé en 2009 sur les vestiges du SSV Markanstädt, le club est-allemand a vite grimpé les échelons au sein des ligues régionales pour atteindre la Bundesliga en 2016. Grâce à un travail de scoutisme auprès de jeunes pépites européennes, l'équipe alors coachée par Ralph Hasenhüttl avait fait sensation pour sa première saison en terminant deuxième de Bundesliga. Des résultats probants qui mettaient en lumière les ambitions des Roten.

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Si la saison suivante se passait moins bien avec une sixième place, la réaction a été immédiate avec un changement d'entraîneur et un choix sur le long terme. Le 21 juin 2018, le RB Leipzig annonçait l'arrivée sur son banc d'un certain Julian Nagelsmann pour la saison 2019-2020. Véritable prodige outre-Rhin, celui qui a aujourd'hui 32 ans, restait alors sur deux saisons et demie d'excellente facture avec le TSG Hoffenheim qu'il avait même qualifié en Ligue des Champions. Acceptant ses conditions d'attendre un an avant de rejoindre définitivement le RB Leipzig, le club a misé sur une solution en interne avec Ralf Rangnick. Homme phare du projet, il avait permis à l'équipe de monter en Bundesliga avant d'occuper le poste de directeur sportif. De retour sur le banc, il a donc préparé le terrain pour son successeur... Et avec brio !

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Un mariage réussi

«Pour sûr ! Ralf Rangnick a créé la philosophie du club et le style de jeu de Leipzig avec une défense qui presse haut et une intensité énorme (défense à haute pression, intensité énorme). Au début de la saison, Nagelsmann a déclaré: "J'aime le football, car il est fait d'émotions. L'ADN du RB Leipzig restera la base, je veux juste mettre mes idées en place"» nous explique Yvonne Gabriel, journaliste de Bild et spécialiste du RB Leipzig. Cette similarité dans le jeu, Matthias Rudolph notre confrère de Fussball Transfers*, l'a aussi remarqué. Selon lui, cela a simplifié l'acclimatation de Julian Nagelsmann : «Leipzig a un style de jeu depuis des années où il faut récupérer le ballon et atteindre le but averse le plus rapidement possible. Nagelsmann est arrivé dans une équipe qui travaillait bien. Sa façon de jouer au football et d’entraîner est semblable à l’ADN de Leipzig. Donc ça s'est très bien passé. Je ne pense pas qu'ils sont vraiment meilleurs que l'an dernier. Mais bien sûr, il optimise certaines choses qui étaient déjà bonnes.»

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Les résultats sont pour le moment très intéressants pour les Roten qui pointent à la deuxième place de la Bundesliga derrière le Bayern Munich. Après une victoire éclatante contre l'Union Berlin (4-0), le RB Leipzig a réussi ses premiers chocs contre l'Eintracht Francfort (2-1), le Borussia Mönchengladbach (3-1) et le Bayern Munich (1-1). Trois rencontres pièges qui se sont soldées par sept points et surtout de bonnes évolutions dans le jeu comme le met en avant Yvonne Gabriel : «nous constatons déjà des progrès, le RB s’est amélioré contre la plupart des équipes défensives, ce qui était l’un de ses plus gros problèmes de ces dernières années. Ils contrôlent mieux les phases de possessions, ils sont plus flexibles avec différents systèmes tactiques (trois ou quatre défenseurs). Ils savent comment gérer les obstacles comme être le favori dans un match ou comment jouer contre des équipes défensives.»

Un travail de longue haleine

Si les systèmes varient, les hommes ne changent pas vraiment. Dans les buts, on retrouve le Hongrois Péter Gulácsi qui s'est affirmé comme l'un des meilleurs gardiens de Bundesliga au même titre que Manuel Neuer (Bayern Munich) ou Yann Sommer (Borussia Mönchengladbach). La défense centrale ne manque pas de solutions avec le capitaine Willi Orban ainsi que le duo français Dayot Upamecano - Ibrahima Konaté qui est souvent en rotation. Nordi Mukiele ainsi qu'Ethan Ampadu sont aussi des options à ce poste. Les couloirs sont occupés par Marcel Halstenberg et Lukas Klostermann. Deux joueurs avec une incroyable condition physique et qui ont réussi à faire leur trou en sélection allemande. Au cœur du jeu, on a bien sûr l’indéboulonnable Diego Demme, mais aussi des joueurs comme Konrad Laimer, Kevin Kampl, Stefan Ilsanker et Amadou Haidara qui ne manquent pas de qualités.

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Les couloirs sont occupés par Marcel Sabitzer et Emil Forsberg depuis quelques années, mais encore une fois, les options ne manquent pas avec Christopher Nkunku, Matheus Cunha ou encore Hannes Wolf (blessé à l'Euro U21 et actuellement indisponible). Enfin, la paire Yussuf Poulsen - Timo Werner entame une quatrième saison de collaboration avec Patrik Schick et Ademola Lookman dans des rôles de doublures. Disposant d'un effectif qualitatif, mais aussi quantitatif, le RB Leipzig ne manque pas d'options et peut se targuer d'une véritable stabilité. Le seul départ marquant de l'équipe allemande étant celui de Naby Keita à l'été 2018 pour Liverpool. «La continuité est impressionnante ! Sept joueurs dans le onze de départ contre Schalke 04 le week-end dernier ont déjà joué pour Leipzig en deuxième division» relève Yvonne Gabriel.

«Ces joueurs mêlés à des nouveaux joueurs de qualité tels que Nkunku forment définitivement l’équipe la plus forte de l’histoire du RB Leipzig en Bundesliga. Même les joueurs et l'entraîneur l'admettent» poursuit-elle. Une force de frappe qui tape également dans l’œil de Matthias Rudolph : «ils ont progressé presque chaque année. Entre le bon finish de la saison dernière et l'arrivée de Nagelsmann, cela aidera l’équipe à franchir la prochaine étape. Ils jouent tous à un assez haut niveau lors de ces premières semaines. Werner est de retour après avoir signé son nouveau contrat. Haidara n'a pas beaucoup joué, mais il peut jouer un grand rôle dans le futur. Ils ont aussi commencé à gagner des matches dans lesquels ils avaient des problèmes.» Dans la lignée de la dernière saison, Leipzig montre une belle régularité et peut être un outsider au titre derrière le Bayern Munich et le Borussia Dortmund.

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Des jeunes espoirs qui attendent

«Honnêtement, je pense qu’il est trop tôt pour prédire s’ils peuvent gagner le championnat. Mais ils pourraient à nouveau être outsider derrière des équipes comme le Bayern Munich» explique Patrick Rebien journaliste allemand free-lance. Comme ses deux rivaux, le RB Leipzig s'est montré entreprenant cet été avec quelques emplettes. Ademola Lookman (21 ans) est arrivé pour 18 millions d'euros en provenance d'Everton. Christopher Nkunku (21 ans) a quitté Paris contre un chèque de 13 millions d'euros tandis qu'Hannes Wolf (20 ans) est arrivé pour 12 millions d'euros du Red Bull Salzbourg. Enfin, le latéral brésilien, Luan Candido (18 ans) est arrivé de Palmeiras contre 8 millions d'euros. À ces renforts s'ajoutent les prêts de Patrik Schick (23 ans, AS Roma) et d'Ethan Ampadu (Chelsea, 18 ans). Deux choix qui suivent la stratégie du club depuis des années, car la moyenne de l'équipe première est de 22,7 ans. Ces recrues n'ont toutefois pas encore eu beaucoup de temps de jeu même si Hannes Wolf et Patrik Schick ont des circonstances atténuantes puisqu'ils sont blessés.

«Comme chaque année, c’est la même chose. C’est difficile pour les nouveaux joueurs. Tout d’abord, c’est un style de football différent, une nouvelle ligue, un nouveau pays. Et, bien sûr, vous devez être meilleur que les joueurs qui ont fait un excellent travail au cours de la saison dernière. Ainsi, par exemple, Christopher Nkunku doit être meilleur que Marcel Sabitzer et Emil Forsberg. Ce qui est assez difficile et dans une certaine mesure impossible» nous explique alors Yvonne Gabriel. Patrick Rebien n'est pas non plus inquiet : «Leipzig a bien sûr une jeune équipe très talentueuse. Nombre d’entre eux n’ont pas encore atteint l’âge de 25 ans et jouent à un niveau élevé malgré cela. 16 joueurs de leur équipe ont joué avec l'équipe jeune ou avec le RB Salzburg, ils savent donc comment laisser les jeunes grimper les étapes.» Si certains joueurs sont amenés à se révéler cette saison, il y en a un qui marche particulièrement sur l'eau depuis la reprise.

Âgé de 25 ans, Marcel Sabitzer est au club depuis 2014 et dispose fort logiquement d'un statut d’indéboulonnable. Avec déjà deux buts et trois passes décisives, il s'est montré très régulier et entend prolonger le plaisir. Une évolution intéressante pour l'Autrichien qui n'est pas le seul à progresser rapidement comme l'explique Yvonne Gabriel : «Sabitzer fait un excellent travail jusqu'à présent. C'est l'un des leaders de l'équipe. Les jeunes défenseurs Ibrahima Konaté et Dayot Upamecano ont également franchi une nouvelle étape. Et voyons ce que fait Haidara. Il a été blessé pendant longtemps et il est maintenant prêt à montrer ses grandes qualités.» Le RB Leipzig poursuit sa progression collective et individuelle et essayera de confirmer tout cela face à l'Olympique Lyonnais ce mercredi lors de la deuxième journée de la Ligue des Champions. Une compétition où la formation allemande espère briller et atteindre les huitièmes de finale pour la première fois de son histoire.

Lyon dans le viseur

Premiers de leur groupe après une victoire 2-1 sur la pelouse de Benfica, les Roten souhaitent enchaîner face aux Gones. Il faudra relever la tête après une défaite 3-1 contre Schalke 04 ce week-end. Mené de trois buts, Leipzig a connu une première période compliquée, mais cela n’inquiète pas outre mesure Matthias Rudolph : «ils ont manqué des occasions. Et s'ils avaient marqué en premier, je pense qu'ils auraient gagné. Ils ont été un peu malchanceux.» Même son de cloche pour Yvonne Gabriel : «Je ne surestimerais pas cette défaite. Schalke 04 se portait bien ce jour-là et le RB n’a pas fait assez d’efforts dans l'engagement. Certains des joueurs clés comme Timo Werner et Emil Forsberg n’ont pas connu leur meilleure journée. Lors de certains des derniers matches, l’équipe a eu de la chance dans de nombreuses situations. C’est maintenant l’inverse. Ils ont de grandes chances de marquer, si c’était arrivé le match aurait probablement été différent.»

Rien d'inquiétant pour autant pour le RB Leipzig qui reste sur une dynamique bien plus positive que son prochain adversaire. L'Olympique Lyonnais pointe à une piteuse 11e place en Ligue 1 et reste sur 7 matches sans victoires toutes compétitions confondues. Une terrible série que les Gones entendent arrêter au plus vite. Pour cela, il faudra se montrer structuré face à une équipe allemande déjà bien rodée et qui attend de pied ferme la bande de Sylvinho. «Nagelsmann bascule souvent entre les systèmes. Lors des premiers matches, il a choisi le 3-5-2, celui avec lequel il jouait dans son ancien club Hoffenheim. Lors des derniers matchs, comme la défaite 3-1 contre Schalke 04 il a préféré le 4-4-2. Mais nous attendons de lui qu'il joue dans un système en 3-5-2 contre Lyon» détaille Yvonne Gabriel.

La clef du match pourrait se trouver sur les ailes où les deux coachs adoptent des tactiques différentes. Sylvinho demande plus de sécurité à ses latéraux tandis que Julian Nagelsmann attend qu'ils mènent les offensives. Cela pourrait avoir son incidence comme l'analyse Yvonne Gabriel : «peut-être. Nagelsmann veut avoir un milieu étroit et compact. Les défenseurs latéraux Klostermann et Halstenberg peuvent faire la différence.» Pour Patrick Rebien, l'absence de Jason Denayer pourrait être préjudiciable à l'Olympique Lyonnais : «Lyon n'a pas son capitaine et doit faire attention à Werner. Il s’agit peut-être de l’un des plus gros atouts de Leipzig pour ce match.» Éléments de réponse ce mercredi soir aux alentours de 23h (rencontre à suivre en direct sur notre live commenté).

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