Ces vilains défauts qui plombent le football français

Par La Rédaction FM
5 min.
La Ligue 1 n'est pas au mieux @Maxppp

L'Union des Clubs Professionnels de Football vient de publier un rapport qui met en exergue les point faibles de la Ligue 1 par rapport à la concurrence européenne. Et autant dire qu'il y a du pain sur la planche...

La France est un pays étroitement lié au football de par l'histoire. Un pays qui a vu son premier club professionnel, Le Havre Athletic Club, ouvrir ses portes en 1872, mais aussi un pays pionnier qui a permis à la Coupe du Monde et aux Coupes d'Europe de voir le jour. Un pays au palmarès international qui témoigne de la richesse de son vivier et de la qualité de sa formation, du haut d'un Mondial en 1998 et de deux Euro en 1984 et 2000. Mais également un pays dont les championnats nationaux, la Ligue 1 en tête, ont du plomb dans l'aile aujourd'hui. Depuis 1995, date du célèbre arrêt Bosman, «les clubs professionnels français subissent un décrochage sportif et économique», pointe en introduction le dernier rapport de l'UCPF, l'Union des Clubs Professionnels de Football. Au fil d'un compte-rendu de 32 pages, entre diagnostic accablant et plaidoyer pour un changement, l'organisation liste les points noirs qui font de la France tant un ovni en Europe qu'un patient dont il faut se charger au risque de voir son état empirer.

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Des charges assommantes, 5 fois supérieures à celles pratiquées en Angleterre et 66 fois plus élevées qu'en Espagne. Sur un salaire annuel brut de 600 000€, un joueur évoluant dans l'Hexagone est ainsi taxé à hauteur de 60 000€ contre 13 000€ au Portugal ou même 0€ en Russie, principaux concurrents de la France à l'indice UEFA. Même chose du côté des charges patronales, notamment en raison de la taxe à 75%. Sur un salaire d'1,8 M€, un club allemand devra reverser 12 000€ contre 904 000€ de l'autre côté du Rhin.

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Un modèle économique passéiste, puisque parmi les 15 premiers clubs européens, dont seul l'Olympique Lyonnais fait partie côté français, douze sont propriétaires de leur stade et trois sont en passe de le devenir, à l'image de l'OL. Directement lié, le naming des enceintes est en retard en France puisque seul Nice y a recours, quand 15 formations allemandes jouissent de ses retombées.

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Une réglementaire qui diffère d'un pays à l'autre

Des frais annexes, comme ceux de police, que les autres pays européens n'imputent pas aux clubs, et qui impactaient pourtant de 5,75 M€ les finances des clubs tricolores en 2013. Depuis 2009, les effectifs des forces de l'ordre mobilisées les jours de matches ont pourtant baissé de 18%, mais les frais correspondants ont quant à eux bondi de 95%, sans que les violences soient en recrudescence. A titre de comparaison, ces frais ne représentent que 900 000€ au Portugal, tandis qu'ils ne pèsent rien en Allemagne ou encore en Italie.

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L'absence du financement tiers, ou TPO pour Third Party Ownership. Interdit en France ainsi qu'au Royaume-Uni, il s'agit d'un «véhicule financier qui propose à des clubs de leur financer l'achat de joueurs moyennant l'acquisition d'un droit sur la revente du joueur», précise le rapport de l'UCPF. Un mal pour un bien puisque la FIFA compte prochainement mettre un terme à cette pratique.

Des performances très contrastées sur la scène européenne, parfois faute de qualité en Ligue des Champions mais aussi et surtout faute de volonté en Ligue Europa, ne lui apportant pas ce petit plus financier qui lui permettrait de grandir progressivement. De fait, la France se retrouve sous-représentée au-delà des poules des compétitions continentales, quand celles-ci sont atteintes.

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Une fuite des talents, traduite par ce constat accablant : parmi les onze titulaires du quart de finale de Coupe du Monde contre l'Allemagne, seuls trois joueurs, Cabaye, Matuidi et Valbuena, évoluaient alors en Ligue 1 (il ne sont plus que deux aujourd'hui). Du côté allemand, le constat est à l'exact opposé puisque seuls Özil, Khedira et Klose évoluaient en dehors de la Bundesliga.

L'argent, le nerf de la guerre

Des droits TV insuffisants, bien qu'en progrès. Pendant que l'Angleterre bat régulièrement des records historiques concernant la négociations des droits de retransmission domestiques et internationaux, la France voit son retard se creuser. Si l'Hexagone pointe devant la Bundesliga avec 639,5 M€ récoltés par ce biais contre 541 M€ en Allemagne, elle reste bien loin des 974,5 M€ de la Serie A ou les 2,2 milliards négociés par la Premier League. Conséquence sur la redistribution aux clubs, Cardiff, dernier du championnat anglais, a touché l'an passé 77 M€ contre 44 M€ pour le PSG sacré champion de France.

Des recettes de billetterie en berne, qui impactent les finances des clubs tricolores. Les revenus "Jour de match" représentaient il y a deux ans 139 M€ pour l'intégralité de la Ligue 1 contre 108 M€ pour le seul club d'Arsenal ou 87 M€ pour le Bayern Munich. En cause, les affluences françaises étaient en moyenne de 23 504 spectateurs l'an dernier contre 42 861 spectateurs en Bundesliga, tandis que l'écart du prix de l'abonnement moyen n'est que de 4€.

Un sponsoring timide en Ligue 1, même si les chiffres sont en constante et régulière augmentation. Quand les recettes de ce type culminent par exemple à 507 M€ en Serie A, connaissant une hausse de 222% en dix ans, ils ne sont que de 198 M€ en France, avec une hausse limitée à 55%.

Trop peu de fond propres, puisque quand les réserves financières cumulées culminent à 2 milliards d'euros en Angleterre, à 639 M€ en Allemagne et 496 M€ en Espagne, elles ne sont que de 167 M€ en France. De l'autre côté du miroir, la Ligue 1 est le championnat le moins endetté d'Europe avec seulement 153 M€ de dettes en 2012 contre 3 milliards en Premier League et en Liga.

Ce qui ressort du constat pourtant très sombre de l'UCPF, c'est que bon nombre des griefs imputés au championnat de France pourraient aisément devenir des forces. Des infrastructures sont en construction pour l'Euro 2016, et même si les clubs n'en sont très majoritairement pas propriétaires, ils en tireront de nouveaux revenus de billetterie, même si les loyers devraient augmenter. Du côté de l'indice UEFA, le rebond français constaté depuis le début de la saison, même s'il reste timide, peut laisser augurer des lendemains qui chantent. La formation française reste également la deuxième meilleure d'Europe derrière l'Espagne, et génère 120 M€ d'investissements annuels. Aux clubs français de s'appuyer sur ce triptyque pour tenter de rattraper leur retard sur le reste du Big 5. Au risque de voir l'écart se creuser irrémédiablement, avec pertes et fracas.

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