Entretien avec Aïssa Mandi : «On a donné une belle image de l’Algérie»

Par Dahbia Hattabi
8 min.
Reims Aïssa Mandi @Maxppp

Le 30 juin dernier, l'Algérie sortait avec les honneurs de la Coupe du Monde 2014 après une défaite face à l'Allemagne en 1/8ème de finale. Une performance saluée par tous les observateurs. Pratiquement un mois plus tard, le latéral droit algérien Aïssa Mandi revient sur le joli parcours des Fennecs. Pour Foot Mercato, le joueur du Stade de Reims évoque également sa carrière, ses objectifs en club et le mercato. Entretien.

Foot Mercato : Bonjour Aissa. Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?

Aïssa Mandi : J'ai commencé le football à l'âge de six ans à Châlons-en-Champagne là où je suis né. Deux ans plus tard, j'ai fait des essais à Reims. Depuis, je n'ai plus quitté ce club. J'entame ma quinzième année avec le Stade de Reims. (...) Mon évolution a été progressive. Cela s'est fait étape par étape. C'était plus un jeu, une passion, à la base. Arrivé à l'âge de 15-16 ans, je me suis vraiment mis dans la tête que je voulais en faire mon métier.

À lire Algérie : le retour canon de Yassine Benzia

FM : Vous avez fait toute votre carrière à Reims. Que représente ce club pour vous ?

La suite après cette publicité

A.M : Tout. C'est le seul club que j'ai connu en tant que footballeur professionnel. C'est le club qui m'a formé, qui m'a donné l'opportunité de pouvoir faire une Coupe du Monde parce que c'est à travers mes matches avec Reims que j'ai pu montrer que je pouvais aller au Mondial. Je dois tout à ce club. Il m'a donné une opportunité incroyable que j'ai su saisir.

FM : La Ligue 1 reprend dans quelques jours. Quels sont les objectifs du club et les vôtre cette saison ?

La suite après cette publicité

A.M : Notre objectif est le maintien. Ce n'est que la troisième année que nous sommes dans l'élite. On voit que les équipes en France se renforcent. C'est un championnat très compliqué même si l'année dernière on a atteint la 11ème place. L'objectif sera d'abord de se maintenir et après on pourra se fixer de nouveaux objectifs. (...) Personnellement, mon objectif est de jouer. Tout ce que je veux c'est ça. C'est être sur le terrain, prendre du plaisir, gagner et atteindre les objectifs du club.

FM : Jean-Luc Vasseur est arrivé en lieu et place de Hubert Fournier, parti à Lyon. Avez-vous perçu des différences déjà ?

La suite après cette publicité

A.M : C'est difficile à dire je suis revenu il y a deux jours (entretien réalisé le 23 juillet, Ndlr). Je n'ai pas trop eu l'occasion de voir les différences. Mais son arrivée apporte quand même du changement. Je pense que c'est positif pour le groupe. Cela faisait une longue période que Hubert Fournier était à Reims. Il a fait un très bon travail avec l'accession en Ligue 1 et deux maintiens d'affilés. Donc place à un nouveau cycle avec le nouvel entraîneur et un nouveau centre d'entraînement qui arrive. Tout cela est bénéfique pour le club.

FM : Avec départs de Hubert Fournier ou encore de Grzegorz Krychowiak, peut-on parler de saison du renouveau ?

La suite après cette publicité

A.M : Oui. Comme disait le président, c'est la fin d'un cycle. On a quitté le centre d'entraînement des Thiolettes qui n'était pas très fonctionnel. Là, on intègre un tout nouveau centre d'entraînement qui va nous changer la vie. Il y a un nouveau coach qui arrive, un nouveau staff. On va dire que c'est une nouvelle aventure qui commence.

FM : Votre nom a été cité à Lyon et l'ASSE durant ce mercato. Qu'est-ce que cela vous inspire ?

A.M : C'est flatteur. Ca prouve que mon travail paye. Après, ce ne sont que des rumeurs à l'heure actuelle. Pour l'instant, je suis à Reims. J'entame ma préparation avec mon club et tout se passe bien jusque là. (..) Avec Saint-Etienne, il n'y a pas eu de contact. Pas cet été en tout cas. Après, je ne me suis pas trop occupé de ça. J'étais à la Coupe du Monde puis en vacances. Je n'ai repris le foot que lundi avec Reims. Donc je ne suis pas trop au courant de toutes ces choses.

FM : Avez-vous envie de découvrir un autre club ou un nouveau championnat ?

A.M : Oui, pourquoi pas. Après, que ce soit cet été ou le prochain, pour moi l'essentiel c'est de jouer un maximum et de prendre du plaisir sur le terrain. Après, je n'ai pas vraiment de préférence. Pour moi, actuellement le meilleur championnat est la Premier League. Il y a l'Allemagne qui se développe bien. J'aime bien l'Italie et l'Espagne aussi. Il n'y a pas un championnat qui "sort du lot" à mes yeux.

FM : Est-ce qu'une trajectoire à la Faouzi Ghoulam, passé de l'ASSE à Naples, vous fait rêver ?

A.M : Oui. Je pense qu'il a fait les choses bien comme on dit. Faouzi s'est imposé en Ligue 1. Il a fait ses matches. Il a prouvé qu'il avait le niveau pour évoluer dans un grand club européen. A présent, il est à Naples où il s'est imposé. C'est vraiment un exemple à suivre à ce niveau-là.

Le Mondial, une fierté

FM : Que retenez-vous de la Coupe du Monde 2014 ?

A.M : C'était une aventure humaine et sportive incroyable. On a eu un groupe solidaire et uni. C'est ce qui a fait notre force je pense. Au sein du groupe il y avait une superbe ambiance.(...) Ca nous a souri. On a fait un exploit en se qualifiant en huitième de finale. C'est la première fois dans l'histoire du football algérien. Je retiens aussi l'engouement du public quand nous sommes rentrés à Alger. C'est quelque chose d'extraordinaire. C'est un peuple qui ne vit pas uniquement pour le football. Mais pour qui c'est important. Ils nous ont prouvé à l'aéroport qu'ils étaient derrière nous pour les futures échéances.

FM : L'Algérie est l'équipe qui a le plus fait douter l'Allemagne. Avez-vous eu le sentiment de pouvoir faire mieux ?

A.M : Oui, je pense surtout en première mi-temps. On les a fait douter. On a eu quelques occasions franches avec notamment Faouzi Ghoulam et Sofiane Feghouli. Mais après en sortant du match, personnellement et c'est l'avis de quelques joueurs aussi, on avait pas de regrets dans le sens où on a tout donné sur le terrain. On a été jusqu'au bout de nos forces. La plupart des joueurs avaient des crampes en sortant du terrain. Après certes on est compétiteur et on avait envie de gagner ce match là parce qu'il y avait la possibilité de le gagner. Au final, le talent allemand a fait la différence. On s'est fait éliminer par les champions du Monde donc il n'y a pas trop de regrets à avoir.

FM : Avez-vous eu conscience de donner une belle image de l'Algérie ?

A.M : De l'intérieur, pas trop. On ne sait pas ce qu'il s'est dit pendant les matches. Mais par rapport à ce que nos proches nous disent, j'ai l'impression qu'on a donné une bonne image de l'Algérie et c'est tant mieux. Le peuple et le pays méritent ça. Le fait de représenter l'Algérie à la Coupe du Monde, c'est une fierté. Qui plus est de bien représenter le pays, c'est magnifique.(...) C'est difficile à réaliser tout ça. Je pense qu'on mettra encore quelques années à réaliser encore qu'on a fait quelque chose de grand.

FM : Vous attendiez-vous à un tel accueil à Alger ?

A.M : Honnêtement, non. Quand on était dans l'avion pour le retour, on s'est dit qu'il n'y allait pas avoir grand monde. On attendait pas autant de monde. On ne s'attendait pas à ça. C'était incroyable. On était tous choqués de voir tout ce monde derrière nous. Ca nous rend fier de ce qu'on a fait pendant le Mondial.

FM : Quelques mots sur Vahid Hallilohdzic qui a quitté la sélection algérienne...

A.M : C'est l'entraîneur qui a qualifié l'Algérie en huitième de finale de la Coupe du Monde. C'était la première fois. Donc juste ça, ça veut tout dire. Il a fait un travail extraordinaire avec tout le staff et les joueurs. Il faut juste le remercier pour ce qu'il a fait pour le pays.

FM: Christian Gourcuff va lui succéder à la tête des Fennecs. Que pensez-vous de cette arrivée ?

A.M : Je le connais de nom par rapport à Lorient. Mais en tant qu'homme et par rapport aux entraînements, je ne le connais pas du tout. Je vous dirai ça quand j'aurai l'occasion de le rencontrer (rires). Pour l'instant, ce n'est pas le cas. Ce sera pour septembre je crois les premiers matches avec le nouveau sélectionneur. La Fédération Algérienne de Football a fait ce choix. Je pense qu'elle a fait le bon choix.

FM : L'Algérie a une génération jeune et talentueuse. Ce qui est intéressant pour les prochaines échéances. Quels sont les futurs objectifs des Fennecs ?

A.M : Avec ce qu'on a fait pendant le Mondial, on est beaucoup plus attendu. Mais on ne s'est pas encore réuni avec le nouveau sélectionneur et le nouveau staff pour définir de nouveaux objectifs. Le but c'est de progresser et d'aller de l'avant. (...) Quoi qu'il en soit, il faudra vite redescendre sur terre. Il y a la CAN qui arrive très prochainement. Il faudra se fixer un objectif pour cette compétition. Il faudra d'abord se qualifier avec des matches très compliqués. Ensuite, si on est qualifié pour la CAN, ce sera essayer de très bien figurer. Mais après ça on a encore le temps d'en parler avec le nouveau coach et le staff qui vont définir les nouveaux objectifs de la sélection.

La suite après cette publicité

Fil info

La suite après cette publicité