Entretien avec… Eric Rabesandratana : « Thiago Silva, c’est une merveille »

**Foot Mercato : Tout d'abord Eric, comment allez vous ?

Eric Rabesandratana :** Ça va bien, ça va pas mal merci.

**FM : Après avoir raccroché les crampons en 2007, que devenez-vous aujourd'hui ?

ER :** Alors, je fais principalement de la radio, en tant que pigiste. J'ai commencé ici à Nancy, où je vis, en faisant les matches de Nancy à domicile en tant que commentateur. Et là, j'ai trouvé un créneau en plus qui m'amène à Paris, puisque je suis sur RFI de 17h à 18h dans l'émission Radio Foot International, où je fais des interventions.

**FM : Vous avez embrassé la voie médiatique. Était-ce une chose qui vous trottait déjà dans la tête en tant que joueur ?

ER :** Non, pas spécialement. En fait, je suis tombé dedans comme ça. J'avais un ami qui animait une émission de radio, ça s'est bien passé, on a bien rigolé, c'était une bonne ambiance. Je me suis pris au jeu, et j'aime vraiment ça. J'espère pouvoir continuer très longtemps. J'aime beaucoup, parce que ça reste naturel. Il y a des échanges d'idées qu'on ne trouve peut-être pas à la télé, j'aime les débats.

**FM : Vous suivez donc Nancy de près. Quel regard portez-vous sur ce début de saison plus que compliqué pour l'ASNL ?

ER :** Oui, comme vous le dîtes, plus que compliqué. Après les deux premiers matches de championnat, je pensais qu'ils allaient repartir comme en fin de saison dernière. Mais après ce deuxième match, ils ont chuté, et je n'arrive pas à comprendre comment ça se fait. Ils avaient tout ce qu'il faut pour continuer et faire une belle saison. Mais je me rends compte que, au niveau de la mentalité, il n'y a pas les ingrédients qui étaient là la saison dernière. Ils souffrent énormément dans le jeu et ça se voit dans le classement. Il n'y a aucune raison que le club se retrouve en si grandes difficultés, alors qu'ils ont gardé la quasi totalité du groupe, si ce n'est le départ de Bakaye Traoré.

**FM : Êtes-vous déçu par des joueurs en particulier ?

ER :** C'est assez collectif. Mais c'est vrai qu'il y avait des hommes forts l'année dernière, Mollo qui faisait la différence, et Puygrenier qui tenait la baraque derrière. Là, ils sont un peu moins fringants, c'est ce qui inquiète un petit peu. J'espère que c'est passager. Surtout qu'il y a un match qui arrive contre Paris et, à l'heure actuelle, j'ai du mal à croire qu'ils puissent prendre des points contre Paris.

**FM : Au contraire, est-ce que des joueurs trouvent grâce à vos yeux ?

ER :** Karaboué est assez présent. C'est un travailleur de l'ombre. La saison dernière, durant la première partie, il a tenu l'équipe de Nancy. Puis, il s'est un peu effacé, ou on peut dire que ses coéquipiers se sont mis à son niveau. Là, il essaye de se battre. Haidara est très bien aussi sur son côté gauche. Après, il n'y a pas grand monde qui sort du collectif, car ils ne trouvent pas l'équilibre nécessaire, c'est pour ça que je suis inquiet.

**FM : Vous parlez du match contre Paris, un club qui vous est cher. Quel regard portez-vous sur ce PSG ?

ER :** Paris est souvent critiqué vu l'argent mis dans les transferts, le changement de statut. C'est devenu un club très huppé, et ça ne plait pas toujours. Mais c'est nécessaire par rapport à la rivalité avec les autres grands clubs européens. Si on veut se mesurer à eux et faire bonne figure, il faut des stars à Paris, mais des stars qui travaillent. Je pense que c'est pas mal, même s'ils peuvent faire beaucoup mieux. Avec un Matuidi très, très fort, ça peut donner quelque chose de pas mal.

**FM : Le foot n'est pas une science exacte, mais pensez-vous que le titre puisse réellement échapper à Paris ?

ER :** Il peut toujours échapper, il n'y a pas de vérité comme vous dîtes. Mais sur la durée, ils ont largement de quoi l'emporter. S'ils respectent les choses et le football, je ne me fais pas de soucis pour le PSG. Après, ils vont essayer de jouer sur tous les tableaux, et la Ligue des Champions c'est fatigant, ils peuvent y laisser des plumes. Il va falloir jongler, bien gérer les organismes. Mais a priori, Paris sera champion.

**FM : En tant qu'ancien défenseur, que pensez-vous de Thiago Silva ?

ER :** C'est une merveille. C'est un joueur extraordinaire, par rapport à ses interventions, son jeu. Je pense qu'à ses côtés, Sakho va progresser énormément. Alex, je ne le trouve pas extraordinaire, mais il faut qu'il trouve les automatismes. Thiago Silva est l'homme fort de la défense, à lui de communiquer sa force à tous les autres.

**FM : Et en attaque, Zlatan Ibrahimovic fait des ravages, aucun défenseur de Ligue 1 n'ayant trouvé la parade pour le stopper...

ER :** Ah ça, c'est sûr que ce n'est pas aussi facile que ça. C'est un extra-terrestre. Marquer autant de buts en si peu de matches, et être devenu si important en si peu de matches, ça dénote de son talent. On peut se rendre compte que c'est un joueur incroyable, ça ne peut être que positif pour le championnat.

**FM : En tant qu'ancien joueur du PSG, regrettez-vous de ne pas faire partie de cette aventure ?

ER :** Oui, éventuellement, mais sans avoir spécialement envie. Paris est en train de se transformer, on va voir ce que ça va donner. De bons moyens sont mis en place pour faciliter le travail des joueurs, c'est sûr que c'est important. J'aurais bien aimé jouer contre Ibrahimovic, pour me rendre compte de ce qu'il faut faire pour être à son niveau.

**FM : Enfin, avec le recul, quel bilan faîtes-vous de votre carrière de footballeur ?

ER :** Un bilan un petit peu mitigé. Jusqu'à mon départ de Paris, ça allait bien, après ça a été un petit peu plus compliqué. Ça fait partie des aléas d'une carrière, je ne regrette rien parce que ce sont des choix sur le moment. J'ai vécu de belles choses, je garde un bon souvenir et j'espère que les gens ont gardé un bon souvenir de moi.