Entretien avec… Malik Bentalha : « Avant, au PSG, on perdait 5-0 contre les Bratisla Boys »

Par Khaled Karouri
8 min.
Malik Bentalha se confie pour FM @Maxppp

Parce qu'il n'y a pas que les footballeurs qui parlent ballon rond, Foot Mercato est parti à la rencontre de Malik Bentalha. L'humoriste en a ainsi profité pour évoquer sa passion pour ce sport, et plus précisément pour un Paris Saint-Germain qu'il chérit tant.

**Foot Mercato : Malik, que représente le football pour toi ?

Malik Bentalha :** Un sport (rires). C'est une grande partie de ma vie, moi je suis un passionné de foot encore aujourd'hui. J'essaie d'y jouer un maximum, je le regarde à la télé. J'en ai fait de 5 à 18 ans de manière officielle, et encore aujourd'hui de manière officieuse.

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**FM : À quel poste jouais-tu ?

MB :** Numéro 10. J'étais un grand technicien, à l'ancienne. J'adorais le foot : je respirais foot, je jouais au foot, et encore aujourd'hui c'est ma vraie première passion. Il n'y a pas de mots pour le décrire, j'étais toujours avec un ballon. C'est une passion à part entière, dans le sang.

**FM : Pourquoi le poste de numéro 10 ?

MB :** Je n'aimais pas faire les efforts, revenir défendre, donc je restais devant, on me donnait la balle et je faisais la différence sur une passe ou sur une frappe. Le poste de numéro 10, c'est pour les fainéants.

**FM : En France, on a d'ailleurs connu de nombreux grands numéros 10, comme Platini ou Zidane pour ne citer qu'eux. Pourquoi es-tu séduit par ce registre de jeu ?

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MB :** Le numéro 10 est élégant, beau à voir jouer. C'est lui le pion essentiel de l'équipe, qui fait la différence, qui pèse sur le jeu de l'équipe adverse. Le numéro 10, pour moi, c'est le plus beau poste dans le football.

**FM : Déplores-tu le fait que l'on retrouve peu de véritables numéros 10 dans le football moderne ?

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MB :** Oui, je le déplore un peu. C'est dommage, on a perdu ces joueurs de classe mondiale, les Zizou, Platini, Cruyff... Tous ces créateurs, encore que Cruyff c'était différent. On passe beaucoup par les côtés maintenant, avec des joueurs rapides qui débordent.

**FM : On le sait, par ailleurs, que tu es supporter du Paris Saint-Germain. Comment t'es venue cette passion ?

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MB :** Mon papa est ami avec Mustapha Dahleb. Il m'en parlait souvent, ça m'intriguait, et j'ai été pris de passion pour le PSG depuis tout petit. Par la suite, j'ai découvert Leonardo, Raï, Ronaldinho. C'est resté depuis tout petit, et ce n'est pas parti.

**FM : Le PSG d'aujourd'hui n'a rien à voir avec celui des années 2000. Quel regard portes-tu sur le PSG actuel ?

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MB :** Et bien ça y est, la roue a tourné ! On a trop souffert, on s'est foutu de notre gueule, le PSG était la risée de la France. On perdait 5-0 contre les Bratisla Boys, des équipes slovaques. Maintenant, vous allez tous souffrir les autres supporters, à votre tour d'être la risée ! Depuis tout petit, je me fais insulter, chambrer, on se fout de ma gueule. Là, maintenant, on a peur du PSG. À nous de briller.

**FM : Y a-t-il un joueur de l'époque entre guillemets maudite du PSG qui t'a quelque peu traumatisé ?

MB :** Rabesandratana. Déjà, pour son nom, c'est trop long, et puis sa queue de cheval aussi, ses gestes défensifs ! Llacer, Baning, Dramé, Potillon... Il y en a beaucoup. Tu devrais plutôt me demander l'inverse (rires) !

**FM : Qui t'a donc marqué dans cette époque ?

MB :** Ronaldinho ! Pour moi, c'est le plus grand technicien de l'histoire du football. On peut prendre les Maradona, les Pelé, les Ronaldo... Techniquement, il a inventé des gestes, une manière de jouer. T'étais devant ta télé, et tu te demandais comment il faisait ça.

**FM : Cela ne faisait pas court-circuit dans ta tête de le voir aux côtés de joueurs techniquement clairement en-dessous ?

MB :** Si, mais à l'époque on savait qu'il allait partir. Quand tu étais supporter du PSG et que tu voyais un joueur comme ça, tu comptais les jours en attendant qu'il se barre. Alors qu'aujourd'hui, tu sens que les joueurs sont là pour très longtemps. Ils sont dans un grand club, et même si Milan ou Barcelone ou n'importe qui veut acheter Thiago Silva ou Zlatan... C'est verrouillé, Nasser !

**FM : En parlant de Nasser Al Khelaïfi, les critiques n'hésitent pas à dire que le PSG a vendu son âme en se faisant reprendre par le Qatar. Qu'en penses-tu ?

MB :** Je trouve que c'est démago de dire ça. Aujourd'hui dans le foot, si tu n'as pas d'argent, tu n'as pas d'équipe. À part quelques exceptions, comme en Allemagne où ils n'ont pas cette culture de dépenser énormément d'argent. Je trouve que c'est très hypocrite de dire ça parce que quand le Real Madrid achète Ronaldo pour 94 M€, Kaka 67 M€ ou Bale 100 M€, on ne dit rien, on trouve ça normal parce que c'est Madrid. On devrait être content de voir des joueurs comme Zlatan ou Thiago Silva. La preuve que j'ai raison, qui fait bonne figure en Europe aujourd'hui ? Le PSG, voilà.

**FM : Trouves-tu, finalement, que le public français est constamment dans la critique ?

MB :** Oui, bien évidemment. C'est dommage de réagir comme ça, c'est une aubaine pour le football français. En tant que supporter du PSG, si je voyais l'OL et l'OM être rachetés par des Qataris et acheter des joueurs de classe mondiale, j'aurais la rage. Mais d'un autre côté, je me dis que je peux prendre un billet de train, partir voir ASSE-OL, et voir de grands joueurs. J'étais d'ailleurs le premier supporter de l'OL quand il y avait la génération dorée des Juninho, Diarra, Essien etc.

**FM : Selon toi, le PSG actuel est-il parti pour dominer la L1 comme l'OL a pu le faire ?

MB :** À l'époque de Lyon, il n'y avait pas de concurrence, ils étaient seuls. Là, Monaco arrive, mais je pense qu'ils ont encore deux ans de retard avant de pouvoir prétendre à quelque chose face au PSG.

**FM : La Ligue 1, c'est une chose. La Ligue des Champions, ça en est une autre. Penses-tu que le PSG peut remporter cette compétition dès cette saison ?

MB :** On a la chance de tirer une poule assez facile depuis deux ans. Il ne faut pas s'enflammer, car on n'est pas encore tombé sur de grosses cylindrées à part le Barça la saison dernière. Cette année, Paris va sûrement finir premier de sa poule, et quand tu vois les potentiels deuxièmes comme Naples, Milan, Manchester City, Dortmund, Arsenal... Il faut faire attention. Il faut déjà asseoir quelque chose en Europe, aller régulièrement en quarts.

**FM : Et que penses-tu de Javier Pastore ?

MB :** Je le trouve un peu léger, nonchalant. Lavezzi a des lacunes, mais il les compense par sa grinta, il court partout. Pastore, lui, ne court pas. Il se balade, il rate une passe et tu as l'impression que ça ne l'atteint pas. Cavani, il rate une passe, je l'ai vu faire un sprint de la surface de réparation adverse jusqu'à son camp pour la récupérer. Pastore doit se bagarrer, prendre en consistance, et psychologiquement il a besoin d'être libéré. Je le sens à l'écart, pas concerné, il n'est pas là, ailleurs.

Pastore vu par Malik Bentalha

**FM : Si tu disposais du chéquier du PSG, quel joueur recruterais-tu ?

MB :** Si je devais acheter un joueur avec un budget illimité... Lionel Messi, bien sûr, ou Cristiano. Un des deux, mais je dirais Messi. Entre les deux, je suis un pro-Messi parce qu'il est plus fort, peut-être moins complet, mais ses stats sont stratosphériques. Pour battre Ronaldo en stats, il faut être fort, c'est hallucinant, il rend le football facile. Ce sont les deux meilleurs joueurs du monde, très proches, mais l'un est premier et l'autre deuxième, c'est la loi du sport. Et puis j'aime ce que fait le Barça, c'est un football qui n'est pas physique. À part Busquets, ils font tous 1,28m au Barça.

**FM : Tu es d'origine algérienne et marocaine. Lors d'un Algérie-Maroc, pour quelle équipe es-tu ?

MB :** Une mi-temps chacun, mais c'est difficile. Je ne peux pas choisir entre mon père et ma mère, c'est les deux pleinement. Mais on se rencontre rarement. Je suis fier de l'Algérie, qui peut se qualifier pour le Mondial. Pour le Maroc, il y a une bonne génération. J'espère juste qu'un pays du Maghreb sera à la Coupe du monde pour nous représenter.

**FM : En tant que Français d'origine maghrébine, es-tu fatigué par les polémiques autour des joueurs qui ne chantent pas La Marseillaise ?

MB :** Oui, c'est un faux-débat. Je veux bien entendre d'autres arguments, mais pas La Marseillaise. Platini ne la chantait pas, ça ne choquait personne. Si Benzema marquait but sur but en équipe de France, on s'en foutrait. Il n'y a pas de loi obligeant les joueurs à chanter La Marseillaise. Je préfère un joueur qui ne la chante pas, mais qui s'arrache pour le pays, pour le maillot, et qu'il soit irréprochable tant sur le terrain que dans son comportement. Je préfère un joueur qui ne chante pas La Marseillaise, mais qui sort du bus pour s'entraîner.

**FM : Que penses-tu de l'équipe de France actuelle ?

MB :** Cette équipe de France ne me transcende pas trop. J'ai connu 98-2000, c'est difficile de faire mieux. Je vois des médias ébahis pour une victoire contre l'Australie, le Tourdoukistan (sic)... Que veux-tu que je te dise ? On se contente de ça ? Et bien super, génial, on a gagné contre le Turkmekistan (sic). C'est cool, la classe. C'est malheureux, mais elle ne me rend pas fou. Il y a un détachement, c'est logique. À l'époque de Thierry Henry, Zinedine Zidane ou Robert Pirès, il fallait être devant la maison à 20h15. Les gens se sentent moins concernés par l'équipe de France, il y a une fracture. J'espère que cette génération prendra conscience du poids qu'elle peut avoir sur la France.

À noter que Malik Bentalha est actuellement en tournée avec la troupe du Jamel Comedy Club dans toute la France, et sera au Casino de Paris les 6 et 7 Mars 2014, ainsi qu'à la Cigale fin juin 2014.

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