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Info FM, Conflit FFF-Agents : le coup de gueule de Bertrand Cauly, président du SNAS

Par Jahed Makhlouf - Dahbia Hattabi
5 min.
Bertrand Cauly vous décrypte le conflit FFF-Agents @Maxppp

Le 25 mai 2012, le Comité Exécutif de la Fédération Française de Football avait décidé d'abaisser les commissions des agents sportifs de 10% à 6% des salaires bruts des joueurs. Une décision fortement contestée par divers syndicats d'agents. Finalement, les agents ont eu gain de cause le 10 juin 2013 avec un retour pour le moment au plafond de 10%. Mais ce n'est qu'une bataille remportée comme nous l'a confié Bertrand Cauly, président du Syndicat National des Agents Sportifs. Sans langue de bois, il revient sur le litige opposant les agents à la FFF mais également sur les améliorations demandées par les représentants des footballeurs. Entretien.

Foot Mercato : Pouvez-vous nous raconter dans le détail le litige qui vous oppose à la FFF ?

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Bertrand Cauly: On a voulu abaisser nos commissions à un seuil, qui est quasiment un seuil censitaire. Descendre nos commissions de 6 à 10%, c’est quand même une baisse de 40%. Je vous rappelle que les 6% correspondent à un plafond. Les clubs vont essayer 5%, 4%, 3%. Si nous sommes à 6, 5, 4%, c’est clair les joueurs de L2 ne seront plus défendus parce que ce n’est absolument pas possible de vivre décemment et de s’occuper correctement d’un joueur en Ligue 2 qui va avoir un salaire qui tourne entre 8000 et 10 000 euros. Le fait important, c’est que les syndicats ont obtenu gain de cause le 10 juin 2013 devant le Conseil d’Etat.

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FM : Pensez-vous justement que les clubs ont été favorisés par la FFF ?

B.C.: Le Ministère des Sports a nommé une délégation à la Fédération Française de Football pour organiser le football en France. Cette même FFF a donné une délégation à la Ligue de Football Professionnel pour organiser les championnats professionnels. Donc vous avez une hiérarchie. Le paradoxe, qui est logique, c’est aujourd’hui qu’est-ce qui compte ? C’est la puissance financière. Qui a la puissance financière ? À qui sont donnés les droits télévisés ? Et qui les gèrent ? La Ligue de Football Professionnel. Ce rapport hiérarchique est quasi inversé. Du moins, il l’est de manière évidente entre la LFP et la FFF.

FM : Quel a été le manque à gagner pour les agents ? Comptez-vous porter cela devant la justice pour récupérer l’argent perdu ?

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B. C. : Ce sont les présidents de clubs eux-mêmes qui parlent de chiffres de 40 à 50 millions d’euros de commissions d’agents. Donc la décision de mai 2012 forcément nous l’avons subi pour les deux mercatos qui ont suivi, c’est à dire le mercato de l’été 2012 et celui de cette année. Vous faites une baisse de 40%, comptez une somme de 40 ou 50 millions d’euros. Je vous laisse faire le calcul. Nous sommes en train de voir avec nos adhérents et avec l’UASF quels sont ceux qui peuvent faire une action en recours.

FM : Peut-on parler d’abus de pouvoir de la part de la FFF ?

B.C.: Je voudrais vous raconter les conditions dans lesquelles le SNAS a été auditionné le 10 avril 2013 à l’Assemblée Nationale. Nous avons été trois délégués du SNAS à l’Assemblée Nationale devant deux Députés. Monsieur Thierry Braillard du Rhône et Monsieur Huet de La Manche. Je peux vous dire que l’audition qui a duré quarante-cinq minutes s’est déroulée dans un climat tendu. Au bout de dix minutes, nous nous sommes aperçus que Monsieur Thierry Braillard faisait la traduction franco-française de nos propos à Monsieur Huet qui n’y entendait rien, peut-être pas au football, mais je peux vous l’affirmer sur le sujet des agents sportifs. (...) Le 3 juillet 2013 sort le rapport de la mission du fair-play financier qui 1 : déforme nos propos. 2 : Dans la décision du Conseil d’Etat, évoque les 6% sans parler du seuil des 1,8 millions euros de salaire brut annuel. Donc il n’en parle pas et dit de plus, ce qui est absolument contraire à l’esprit, que le Conseil d’État a statué et désavoué la FFF uniquement sur des raisons de forme. (...) Il y avait sur ce cas précis trois motifs d’annulation. Deux motifs de forme, un motif de fond. Mais le Conseil d’État dans son arrêt s’est arrêté aux deux premiers motifs. Ce qui enlève nullement le fait que le rapporteur public, Monsieur Damien Botteghi, a écrit de manière très claire que c’était une entente au profit des plus grands clubs.

FM : Il y a eu finalement un vice de forme et les syndicats d’agents ont eu finalement gain de cause avec le retour aux 10%. Peut-on parler d’une victoire des agents ?

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B.C. : C’est une victoire temporaire. Nous savons qu’une loi de préparation sur les agents sportifs est en cours pour novembre 2013. Nous sommes en face d’un Ministère stupéfiant. Un Ministère des Sports auquel nous avons écrit quatre, cinq lettres, et en déposant les courriers physiquement. Jamais nous n’avons eu la moindre réponse. Et pire que ça qu’un gouvernement, quel qu’il soit, appuie une décision aussi ubuesque que ce seuil censitaire d’1,8 million d’euros. On favorise les grands clubs donc on prête aux plus riches. Qu’un gouvernement de droite le fasse on aurait pu comprendre, qu’un gouvernement de gauche appuie ça, c’est à tomber par terre.

FM : Comment améliorer la situation des agents ?

B.C : Critiquer, c’est un exercice facile. Mais il faut aussi proposer. Pour nous c’est clair, la porte d’entrée de toutes les malversations quand il y en a se font par la résiliation des mandats qui lient les joueurs aux agents.(...) Nos propositions sont la protection des mandats. Nous travaillons et assistons les joueurs. Pour ce faire, nous signons un mandat avec les joueurs. Que croyez-vous qu’il se passe souvent ? Il est certains clubs où on fait comprendre aux joueurs que s'ils sont avec tel agent, ça ne sera pas possible. Aujourd’hui, les mandats sont résiliables. Il est très facile d’apporter des réponses et de protéger des mandats. Si les pouvoirs publics empêchent la substitution d’un agent par un autre au moment opportun vous supprimerez 90% des malversations.

FM : Il y a eu une nouvelle réunion le 9 juillet. Y a-t-il eu des nouveautés ?

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B.C. : Nous avons été prévenus le vendredi 5 juillet de la tenue de cette réunion. Il y avait quatre jours pour nous faire une proposition, nous la soumettre à nos adhérents et avoir le mandat pour négocier. Nous n’avons eu aucune indication de la proposition. Et pour cause, puisque c’était la même. Donc au bout de deux heures de débats, il n’y avait aucune raison que nous changions notre position puisque nos adhérents étaient absolument clairs : pas de négociations sans contreparties. La FIFA veut remettre en cause la licence d’agents. Nous allons entrer dans des perturbations.

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