La FFF déclare la guerre à la LFP !

Situation rarissime et très problématique pour le football français, la Fédération Française de Football et la Ligue de Football Professionnel se sont lancées dans un bras de fer juridique. Alors que la première entité régit l'ensemble du football français, avec pour mission «d'organiser, de développer et de contrôler l'enseignement et la pratique du football, sous toutes ses formes, d’établir les règles techniques et de défendre les intérêts moraux et matériels du football français», la seconde est en charge de l'organisation des deux premières divisions ainsi que de la Coupe de la Ligue. Leurs juridictions se recoupent sur quelques compétences qu'elles partagent ou du moins qu'elles exploitent en commun. En théorie, leurs intérêts convergent, sauf lorsque des bisbilles et initiatives personnelles surgissent dans le débat.

C'est le cas autour de la modification du nombre de promus et relégués entre L1/L2 et L2/National. La LFP prenait les devants le 21 mai dernier au cours d'un conseil d'administration qui décidait «de modifier le système des montées et des relégations entre la Ligue 1 et la Ligue 2» tout en concédant qu' «elle devra être validée par l’Assemblée Fédérale.» Avant ladite assemblée, Noël Le Graët, président de la 3F, se montrait magnanime en façade : «Si à l’assemblée générale de la FFF, une majorité de responsables estiment que le principe du 2/2/2 doit s’appliquer la saison d’après (2016-2017) c’est bien, on le fera, ça passera je pense dans la bonne humeur. Créer trois clubs pros par an c’est trop.» Sauf que celle-ci décidait finalement de repousser sa décision à décembre 2015, au beau milieu de la saison.

Quand la LFP empiète sur les plates-bandes de la FFF

Dans la foulée, la LFP enfonçait le clou début juillet : «Le Conseil d’Administration de la LFP a confirmé sa décision du 21 mai 2015 de passer à deux montées et deux descentes entre la Ligue 1 et la Ligue 2 à l’issue de la saison 2015-2016, et à modifier en conséquence l’article 511 de son règlement.» Un passage en force qui n'a pas vraiment plu boulevard de Grenelle, ce que Frédéric Thiriez subodorait récemment : «La Fédération aurait tort de nous déclarer la guerre. Sous la pression des clubs de L2, le président de la Fédération s'apprête à annuler ou réformer la décision de la Ligue. Ce serait à la fois illégal et sans précédent. [...] Annuler une décision de la Ligue serait une première et une atteinte intolérable à son autonomie, qui a été acquise de haute lutte il y a soixante-quinze ans. La vérité, c'est que la Fédération a allumé le feu involontairement en ne respectant pas ses engagements et elle voudrait aujourd'hui jouer les pompiers. Il n'en est pas question», tonnait-il.

Ses prévisions étaient en effet justes puisque la FFF vient d'annuler ce jeudi le changement du fonctionnement des promotions et relégations en repassant au système actuel, à savoir 3 montées et 3 descentes de Ligue 1 à Ligue 2 et de Ligue 2 à National. Noël Le Graët est cette fois sorti du bois pour réaffirmer avec vigueur l'autorité de la FFF : «Nous avons pris cette décision dans l'intérêt supérieur du football français. La réforme doit être faite. La Ligue doit retrouver son calme et doit respecter ceux qui ne sont pas en L1.» Une prise de position qui ne va pas tant à l'encontre des idées de la LFP mais de sa prise d'initiative considérée comme une forme d'insubordination par la maison mère. Maintenant que la crispation est à son paroxysme autour de ce dossier, difficile d'imaginer une sortie de crise en douceur. D'autant que c'est la manière forte que semble vouloir employer Frédéric Thiriez : «C'est une décision illégale. Je saisis immédiatement le Conseil d’État», a-t-il réagi d'emblée. Pendant ce temps, promus et relégués potentiels subissent la situation à défaut d'avoir leur mot à dire.