OL : mais qui est Bruno Génésio ?

Par Khaled Karouri
6 min.
Olympique Lyonnais Bruno Génésio @Maxppp

L'Olympique Lyonnais a tourné la page Hubert Fournier, en nommant Bruno Génésio comme entraîneur principal. Dans l'organigramme du club depuis 2006, celui qui est passé du statut de superviseur à celui d'adjoint en passant par celui de responsable du groupe Pro 2 se voit enfin offrir les rênes du groupe professionnel. Mais qui est-il vraiment ?

C'est officiel depuis ce jeudi après-midi, Bruno Génésio est le nouvel entraîneur de l'Olympique Lyonnais. Il succède à Hubert Fournier, lequel n'a pas résisté à un début de saison compliqué pour son équipe, neuvième de Ligue 1 et ayant montré un bien triste visage en Ligue des Champions. Le chantier est donc de taille pour Génésio, qui va devoir rehausser le niveau de performance globale de sa formation, mais aussi et peut-être surtout redonner une cohésion à un vestiaire divisé. Une mission pas évidente, mais qui pourrait aller comme un gant à ce pur Gone. Il faut dire que, s'il est encore méconnu du grand public, l'homme de 49 ans est imprégné de l'ADN OL, dont il a défendu les couleurs en tant que joueur une décennie durant, avant de revenir au club en 2006. Arrivé tout d'abord en qualité de superviseur des équipes adverses, l'ancien milieu de terrain revenait dans son équipe de toujours après avoir tenté de faire son trou comme entraîneur à Villefranche et Besançon.

La suite après cette publicité

C'est justement dans ce dernier club que Génésio a croisé la route de François Bruard, à l'époque responsable de la formation et entraîneur des U19 nationaux. Il se souvient : « Il était venu comme adjoint de Stéphane Paille, et remplissait parfaitement son job à tous les niveaux. Mais il a ensuite été obligé de prendre la succession de Stéphane Paille, et ça s'est moins bien passé. Changer de statut n'est pas si simple, et il a surtout été poussé à prendre cette place. Il m'avait dit que ça l'avait marqué, qu'il avait été blessé de devoir prendre la place de Stéphane. Il y a des similitudes avec la situation d'aujourd'hui avec l'OL, mais à Besançon il avait dû accepter cette mission surtout par obligation. Il n'a pas été aidé par cette expérience qu'il ne faut pas prendre comme une référence », précise-t-il. Les résultats étaient à l'époque effectivement décevants, et Génésio quittait même le poste d'entraîneur quelques mois seulement après avoir pris ses fonctions.

À lire OL : Pierre Sage répond à Rayan Cherki

Des résultats décevants, mais un technicien apprécié

Un manque de résultats qui a marqué certains supporters lyonnais, lesquels n'ont pas hésité à faire part de leur mécontentement sur Twitter, évoquant les faits d'armes du technicien en tant qu'entraîneur principal, lui qui n'avait pas non plus brillé avec le FC Villefranche, relégué de CFA à CFA2. Autant d'expériences infructueuses, mais qui remontent aujourd'hui à près de 10 ans. Depuis, celui qui avait évolué à Nice ou à Martigues en tant que joueur a mûri, ses expériences en tant qu'adjoint sous Rémi Garde et Hubert Fournier notamment lui ayant permis d'avancer : « Il a acquis de l'expérience avec l'OL », résume Aly Cissokho, avant de poursuivre : « Il aime être proche des joueurs, il sait les mettre dans de bonnes dispositions mentales avant les matches. Dans le vestiaire, on l'appréciait. J'ai toujours eu de bons rapports avec lui », assure-t-il.

La suite après cette publicité

Rien d'étonnant, si l'on se fie au portrait de Génésio dressé par Laurent Courtois. Actuel entraîneur des U16 de l'OL, l'ancien joueur du Los Angeles Galaxy ne tarit ainsi pas d'éloges à l'égard d'un technicien dont il souligne la droiture : « J'ai très vite sympathisé avec l'homme, j'ai suivi sa méthode, sa manière de travailler. Ce qui me frappe chez lui, c'est qu'il n'est pas là pour vous raconter des histoires. On sent dans son discours ce qui l'anime, ce qui le motive, ce qui le dérange. Avec lui, ça va droit au but, c'est même assez étonnant dans ce milieu de voir quelqu'un d'aussi direct, qui transmet des choses aussi claires à ses interlocuteurs. Que ce soit dans son animation technique sur le terrain, ou dans une discussion à bâtons rompus en tête-à-tête, on sent quelqu'un qui a les idées claires et qui ne veut pas vous mener en bateau », indique-t-il.

L'humain au cœur de la méthode Génésio

Être proche de ceux qui l'entourent et de ses hommes, voilà l'une des marques de fabrique de Génésio, qui a de tout temps fait des relations humaines l'essence même de son travail : « C'est quelqu'un de chaleureux, qui aime les relations humaines, toujours proche des joueurs. Surtout, on ne l'imagine pas du tout vivre en dehors du football. J'ai rarement rencontré quelqu'un d'aussi compétent dans l'animation des séances, dans la richesse des exercices proposés, dans la présence auprès des joueurs. Il a une qualité de lecture des matches impressionnante, il connaît le football sur le bout des doigts », surenchérit Bruard, avant de préciser : « Ce qui m'a frappé chez lui, c'est qu'il aime la vie de groupe. Ce n'est pas un individualiste ». Pourtant, le poste d'entraîneur principal nécessite d'avoir les épaules suffisamment solides pour assumer les choix, et faire face à la pression.

La suite après cette publicité

Alors, Génésio est-il fait pour endosser le costume de technicien numéro un ? Le jeune Lucas Tousart, arrivé à l'OL cet été, y croit : « Pour moi, c’est quelqu’un qui donne de très bons conseils. C’est lui qui me conseillait, qui organisait les séances, donc on le connaît très bien. On sait ce qu’il attend des joueurs, c’est quelqu’un de bien, et un bon technicien », lance-t-il, suivi dans ce raisonnement par Aly Cissokho : « Il a travaillé dans la formation, il connaît la plupart des jeunes qui composent l'effectif professionnel. Il a travaillé avec Puel, Garde, et Fournier notamment, il s'est toujours adapté à ces différents caractères. Après, quand tu es coach, il faut faire les choix, trancher entre les titulaires et les remplaçants. Mais il a le potentiel pour être l'entraîneur de l'OL. Si quelqu'un peut sortir l'OL de cette spirale négative, vu qu'il connaît tout des rouages et de la philosophie du club, je pense que ça peut être lui ».

Pourtant, nombreux sont les supporters à déplorer la nomination de Génésio, regrettant son manque d'expérience et mettant en doute ses capacités. Des critiques que Laurent Courtois ne comprend pas vraiment : « J'ai bien vu qu'il y avait des mécontents, mais je me demande ce que veulent les gens. Quand on voit son cursus, ses motivations, son expérience, et ses compétences... À un moment donné, qu'est-ce qu'on veut ? Techniquement et en termes de management, s'il n'est pas prêt là, il ne le sera jamais », annonce-t-il. Mais le son de cloche n'est pas forcément identique chez tout le monde, et comme le résume ainsi assez laconiquement un membre du club rhodanien : « C'était déjà Bruno Génésio qui entraînait le groupe depuis quelques temps, et qui prenait la plupart des décisions ». Et si l'on se fie aux récents résultats de l'OL, pas sûr que cela soit forcément rassurant...

La suite après cette publicité

Fil info

La suite après cette publicité