Ce que réserve Unai Emery au PSG

Par Matthieu Margueritte
6 min.
PSG Unai Emery Etxegoien @Maxppp

Enfin officialisé au Paris Saint-Germain, Unai Emery suscite plusieurs interrogations en France. Faut-il s'inquiéter de voir débarquer un entraîneur moins huppé qu'un Simeone ou qu'un Mourinho ? Quel style de coach est le chef d'orchestre du FC Séville ? Interrogés par Foot Mercato, deux journalistes espagnols, Antonio Ruiz et Francisco Fernandez Cordero, ont fait la lumière sur cet entraîneur devenu spécialiste de l'Europa League.

La nouvelle en a surpris plus d'un, tant par son timing que par la forme. Peu de temps après son interview accordée au Parisien, le président du Paris Saint-Germain Nasser Al-Khelaïfi n'a visiblement pas tardé pour sceller l'avenir de Laurent Blanc. Déçus par l'incapacité de Blanc à passer le fameux cap des quarts de finale en Ligue des Champions, les dirigeants parisiens ont donc décidé de mettre un terme à leur collaboration. Blanc parti, c'est l'Espagnol Unai Emery qui déboule dans la capitale. Une arrivée annoncée depuis longtemps par les médias espagnols pour qui le départ du coach du FC Séville n'était pas vraiment attendu.

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Un intérêt surprise du PSG

«Cet intérêt du PSG pour Emery a été une surprise pour la presse espagnole . Non pas parce que c'est pas un bon entraîneur, il l'est. Il a eu beaucoup de succès en Espagne surtout avec Séville, le club avec lequel il a gagné le plus de choses. Mais parce qu'on disait que le PSG voulait un coach plus connu en Europe comme Simeone», nous a indiqué Antonio Ruiz, journaliste pour la radio Cadena COPE. Une surprise partagée par son confrère sévillan du groupe Mediaset Espagne (Telecinco), Francisco Fernandez Cordero.« Cette année, je suis surpris de voir Emery partir. C'est la troisième Europa League consécutive. Le projet est bien en place. Unai est connecté avec le groupe, les supporters. C'est l'année où personne ne s'attendait à ce qu'il parte.»

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S'ils se disent étonnés de voir Emery quitter le navire andalou cet été, les deux journalistes ont, en revanche, un point de vue différent sur la manière dont les médias français ont très rapidement remis en cause l'arrivée à Paris d'un entraîneur dont le profil ne ressemble pas vraiment à ceux d'un Diego Simeone ou d'un José Mourinho, et ce, malgré trois Europa League remportées consécutivement avec le FC Séville. «Ça me surprend beaucoup que la presse française puisse douter de la capacité d'Unai d'avoir du succès avec une grande équipe», s'étonne Cordero, tandis que Ruiz comprend le scepticisme tricolore. «La presse ne le connaît surement pas. Au mieux, hors d'Espagne Emery n'est pas aussi connu que Blanc en Europe ou Simeone dans le monde entier. Je comprends les doutes de la presse française, mais c'est un bon entraîneur. Emery c'est un coach local, formaté pour la Liga. Je ne sais pas s'il aura les mêmes résultats à l'étranger.»

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Des latéraux très offensifs

Attendu du côté de la porte d'Auteuil, Unai Emery fait donc face à l'un des très gros défis de sa carrière. Saura-t-il imposer sa patte ? Mettra-t-il un terme au fameux 4-3-3 instauré par Laurent Blanc ? Une chose est sûre pour Antonio Ruiz, le coach espagnol ne sera pas souvent taxé d'immobilisme comme l'a pu l'être Blanc et son schéma de jeu souvent conservé par tout temps. «Son point fort c'est son caractère, la transmission de ses messages à ses joueurs. Il travaille et étudie beaucoup ses adversaires. Il s'occupe aussi énormément de la tactique. Il change de système pendant les matches. Il débute avec un schéma défini selon s'il évolue à domicile ou à l'extérieur et après, si le scénario du match l'impose, il peut changer.» S'il est intronisé, Emery promet donc du changement, et surtout une utilisation plus poussée des latéraux. «Séville joue avec un 4-2-3-1. C'est pour ça que la saison passée quand il y avait Carlos Bacca et Kévin Gameiro, tous les deux ne pouvaient pas jouer. Unai ne joue qu'avec un attaquant. Si Cavani reste seul, ce serait parfait pour lui. Et à Séville, ils ont créé des écharpes "il remplace un latéral par un latéral". Parfois, quand l'équipe perdait, au lieu de mettre un autre attaquant, il remplaçait le latéral par un autre. Les gens se prenaient la tête à deux mains. Unai joue joue beaucoup avec les latéraux. Dans son système, ils montent très haut. Donc ils ont fait une écharpe "Mariano pour Coke".», indique Francisco Fernandez Cordero. De bonnes nouvelles à venir donc pour Cavani, Aurier, et Kurzawa.

Unai Emery n'est toutefois pas exempt de tout reproche. S'il a brillé en coupe d'Europe avec le FC Séville, le technicien ibère s'est souvent vu reprocher un manque de constance en championnat. «Il a été très irrégulier à Séville. Il n'a pas donné de la régularité à son équipe durant tout la saison», regrette Ruiz. De son côté, Fernandez Cordero s'interroge sur la capacité d'Emery à pouvoir faire passer ses messages en raison de la différence de langue. «La seule chose qui me fait douter c'est la langue. Unai est un coach qui parle beaucoup avec son groupe, qui fait beaucoup de longues vidéos. Je suis de Séville et quand l'entraînement est prévu à 10h, ils sortent toujours une heure plus tard parce qu'il leur fait de longues séances vidéos et fait de longs discours. La langue peut donc être un inconvénient.» Pour se rassurer, Paris pourra toujours espérer que son futur entraîneur apprenne le français aussi rapidement qu'un certain Carlo Ancelotti, même si le Transalpin avait le gros avantage d'atterrir dans un club comptant de nombreux Italiens ou d'anciens pensionnaires de Serie A parlant la langue italienne. Mais ce n'est pas tout.

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Pas de place pour les jeunes du centre de formation ?

À l'heure où le PSG fait tout son possible pour retenir ses meilleurs éléments en devenir afin de s'éviter de nouveaux cas à la Kingsley Coman, l'arrivée d'Emery pourrait être un coup dur pour les jeunes du centre de formation. «Unai ne donne pas de temps de jeu aux jeunes du centre de formation. Ça lui coûte de mettre un jeune. Pas parce qu'il n'a que des stars, mais parce qu'Unai a un groupe. Et avec ce groupe, il fait toute la saison», prévient Fernandez Cordero. Une autre interrogation sera de savoir si l'Espagnol saura gérer un vestiaire où les égos sont bien plus importants que celui du Sanchez Pizjuan. «Ce sera un test. Il n'a toujours pas eu de "gros taureaux" comme on dit en Espagne, c'est-à-dire de gros caractères forts. Il n'a jamais eu d'équipe qui lutte pour la victoire finale en Ligue des Champions chaque année. C'est une inconnue. Ça dépendra beaucoup de la manière dont il communique.»

Enfin, l'une des raisons pour laquelle Emery est arrivé au Parc des Princes, c'est parce que les dirigeants parisiens souhaitent qu'il soit capable de mettre un terme à l'incapacité du PSG à franchir le cap des quarts de finale de la Ligue des Champions depuis que les Qataris de QSI ont pris les commandes du club francilien. Un objectif de taille, même si Antonio Ruiz préfère calmer le jeu. «Si le PSG ne l'a pas réussi avant, il ne faut pas demander à Emery de le faire grâce à une formule magique. Il faut le laisser travailler, ne pas lui mettre la pression. Il sait qu'il aurait beaucoup de pression au PSG. Je pense qu'il faudrait le laisser développer son travail, sa méthode, son plan et attendre.» Un constat plutôt partagé par Fernandez Cordero pour qui les principaux acteurs de ce défi continental restent les joueurs. «Le PSG est une grande équipe. Je ne crois pas qu'il faille penser "est-ce qu'Unai est capable d'emmener le PSG en demi-finale ou en finale". Ça dépendra du groupe, mais Unai est prêt pour prendre les rênes du PSG.»

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